L'Agence nationale des techniques d'enquêtes judiciaires a un an et quelques bugs

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L'Agence nationale des techniques d'enquêtes judiciaires a un an et quelques bugs

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L'ANTENJ pilote notamment la plateforme des Interceptions Judiciaires, obligatoire, depuis septembre 2017
L'ANTENJ pilote notamment la plateforme des Interceptions Judiciaires, obligatoire, depuis septembre 2017
© Maxppp - Arnaud Dumontier

L'ANTENJ, cruciale pour le ministère de la Justice, pilote notamment les écoutes téléphoniques judiciaires. Selon les enquêteurs, elle ne parvient cependant pas à éviter les bugs de la Plateforme Nationale des Interceptions Judiciaires.

À la tête de cette Agence Nationale des Techniques d'Enquêtes Numériques Judiciaires, un magistrat, ancien conseiller justice de Bernard Cazeneuve au ministère de l'Intérieur, fait de son mieux, depuis un an, pour faire avancer les enquêtes, de plus en plus focalisées sur des preuves numériques. 

Cette agence, l'ANTENJ, pilote notamment la fameuse PNIJ, la plateforme des Interceptions Judiciaires, obligatoire, depuis septembre 2017. Dorénavant, la moindre écoute ordonnée par un juge, passe forcément par cette plateforme, connectée aux ordinateurs de toutes les brigades de France. Aujourd'hui, près de 10 000 interceptions judiciaires sont en cours. Plus de 700 000 communications et plus de 1,2 million de SMS sont interceptés par cette plateforme. Et la plateforme a été confiée quasi exclusivement à l'entreprise Thales, au plus grand regret de nombre d'enquêteurs.

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"La PNIJ, c'est l'Arlésienne", estime un syndicaliste policier

Christophe Rouget, commandant de police, porte-parole du SCSI, le Syndicat des Cadres de la Sécurité Intérieure, estime qu'avec la PNIJ, "il y a de nombreuses évolutions technologiques qui ne sont pas prises en compte, comme la géolocalisation, et c'est problématique pour les services de police. Il y a d'autres services, assure-t-il, le data mobile, la 4G+, pas pris en compte, et des problèmes d'interface. Quand vous avez une interface pas intuitive, et beaucoup de clics pour faire une intervention, tout ça, c'est du temps de perdu, au détriment de l'enquête, avec un seul gagnant, le délinquant".

Le syndicaliste affirme que toutes les interceptions téléphoniques administratives, gérées par les services de Matignon, fonctionnent parfaitement, et que c'est l'entreprise Thales qui pose problème en ne mettant pas à jour ses logiciels pour les interceptions judiciaires. Des logiciels que tous les policiers ne maîtriseraient pas, rétorque un magistrat à la Chancellerie.

Plusieurs syndicats de policiers, qui dénoncent le quasi-monopole de Thales (en cas d'incompétence, d'autres entreprises, comme Elektron prennent le relais mais Elektron menace de ne plus le faire), réclament une commission d'enquête parlementaire depuis des mois. Pour l'instant en vain. Alors que cette PNIJ, qui devait être effective depuis une dizaine d'années et coûter 17 millions d'euros, revient à un budget au moins dix fois plus élevé.

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