Tout ce que vous ignorez encore sur « Le Dîner de cons »

Sorti en France la même année que « Titanic », « Le Dîner de cons » a été le deuxième plus gros succès du box-office en 1998. Le film culte de Francis Veber est également entré dans l’histoire en remportant trois Césars, fait inédit pour une comédie. Si à force de rediffusions, on en connaît toutes les répliques, « Vanity Fair » dévoile quelques anecdotes et secrets de tournage, à l’occasion de son vingtième anniversaire.
diner de cons slid
Gaumont International

Steven Spielberg aurait dû réaliser l’adaptation américaine

Comme La Cage aux folles avant lui, Le Dîner de cons a rencontré un succès inattendu outre-Atlantique, où il rassembla 900 000 de personnes en salles. À tel point que certains producteurs et réalisateurs américains voulurent l’adapter, à commencer par Steven Spielberg qui avait vu le film en séance privée et qui en était ressorti plus qu’enchanté. Francis Veber – qui passe le plus clair de son temps à Los Angeles et qui a écrit plusieurs scénarii pour Hollywood – voulut ensuite s’en charger lui-même, avant d’abandonner à son tour le projet. Finalement, le film ne connaîtra son remake anglo-saxon qu’en 2010 avec The Dinner, réalisé par Jay Roach avec Steve Carell dans le rôle du con. Cette adaptation – jugée « mauvaise » par tous les critiques et par Veber – a joui d’un succès non négligeable aux États-Unis. En France, The Dinner n’a été distribué que dans neuf salles, réunissant 852 spectateurs en tout et pour tout.

Les dîners de cons ont vraiment existé chez Castel …

Le mythique restaurant parisien du quartier de Saint-Germain-des-Prés aurait abrité les premiers (et les vrais) dîners de cons. Francis Veber en aurait eu vent par Jacques Martin, qui y participait souvent. Une fois, le con de l’animateur de L’École des Fans était tombé malade. Il dut donc lui trouver un remplaçant d’urgence, et Jean Castel lui conseilla un célèbre réalisateur de la télévision, dont le nom n’est pas précisé dans l’anecdote. Veber apprit également que Claude Brasseur avait participé sans le savoir à l’un de ses dîners, mais du mauvais côté de la table : « Ses copains lui ont avoué après. C’était à l’époque où il faisait Paris-Dakar, il suffisait de le brancher dessus, il ne décollait plus du sujet ». Exactement comme François Pignon et sa passion pour les sculptures en allumettes.

… Mais on dit que ce sont les surréalistes qui les ont initiés

Avant Jean Castel, André Breton – auteur de Nadja et figure de proue du mouvement surréaliste – a inventé dans les années 20 le concept du dîner de cons. L’invité qui venait accompagné du plus corniaud des corniauds recevait les félicitations de ses amis.

« Le Dîner de cons » aurait dû voir le jour à Broadway

À la fin des années 80, Francis Veber pose ses valises à Los Angeles, où il est engagé comme script doctor (consultant en scénario). Il travaille aussi aux remakes de plusieurs de ses succès hexagonaux mais, outre-Atlantique, tous sont des échecs. Il retrouve alors goût à l’écriture avec l’idée d’une pièce de théâtre : Le Dîner de cons. « J’étais désemparé. C’est pour panser mes plaies que j’ai écrit cette pièce », confiera-t-il. Même si le propos est très français, voire parisien, Veber continue de rêver d’Amérique et compte monter son œuvre à Broadway. Le projet n’intéressera personne avant Jean-Paul Belmondo qui l’accueillera dans son Théâtre des Variétés, avec Jacques Villeret et Claude Brasseur, puis Michel Roux, en têtes d’affiche.

Pierre Richard voulait jouer le con Pignon

L’iconique grand blond, Pierre Richard, aurait fait des pieds et des mains pour incarner le François Pignon du Dîner de cons. Il avait joué un personnage similaire d’imbécile heureux dans La Chèvre du même Veber. À l’époque, le réalisateur voulait déjà donner le rôle à Jacques Villeret, mais Lino Ventura, également au casting, avait refusé. Finalement, Gérard Depardieu et Pierre Richard avaient hérité de ce duo devenu culte. Pour interpréter le Pierre Brochant du Dîner de cons, Veber ne voulait plus de Claude Brasseur – qui l’avait pourtant déjà joué sur les planches –, car il le trouvait trop vieux. Selon lui, Thierry Lhermitte correspondait plus au personnage.

Le tournage n’a pas été de tout repos

« Sur le tournage, on ne s’est pas amusés du tout. C’est tellement mathématique de réaliser une comédie aussi calibrée », avait confié de son propre aveu Francis Veber. Même discours du côté de Thierry Lhermitte : « C’est très dur. On est aux ordres, un instrument entre les mains de Francis… », avait-il avoué en 1998. Cette ambiance studieuse n’a malgré tout pas empêché quelques fous rires.

Une scène a provoqué un fou rire mémorable sur le tournage

Justement, une scène a détendu l’atmosphère appliquée du tournage. Celle de « Juste Leblanc » bien évidemment. Une séquence qui a tant fait rire le scripte qu’il a dû quitter le plateau à trois reprises. À la sortie du film, ce passage fait tout autant mouche : « J’étais près du Gaumont Ambassade des Champs-Élysées et l’un des responsables m’a dit : “viens voir dans la salle, je n’ai jamais vu ça“… Les gens riaient en tapant des pieds. », raconte Veber.

Francis Veber s’est (aussi) inspiré d’une de ses rencontres avec un hurluberlu

Dans ses interviews, Francis Veber raconte régulièrement sa propre histoire « de con ». Un jour, il invite à dîner un directeur d’hôtel qui pendant tout le repas l’assomme avec des histoires sur le génocide arménien. Quelques jours plus tard, Francis Veber veut narrer à un ami sa rencontre avec cet individu mais se trompe de numéro, appelle ledit con et commence à le dénigrer sans s’apercevoir de la méprise. Comprenant enfin son erreur, il raccroche honteux, avant de le rappeler et de l’inviter à dîner pour s’excuser. L’homme accepta et, pire que tout, repassa toute une soirée à déblatérer sur le massacre arménien.

Marlène Sasseur a fait changer le nom du docteur

Pour passer de la scène au grand écran, la pièce a été légèrement modifiée. Dans l’histoire originale, Marlène dit à François Pignon être la sœur de Pierre Brochant. S’en suit alors un long quiproquo. Pour raccourcir le film et ne résumer ce passage qu’à une courte blague, son nom de famille devient simplement « Sasseur ». Une modification qui a également entraîné un changement de patronyme pour le docteur de Pierre Brochant : « Archambault » devient « Sorbier » et peut donc se retrouver juste en dessous de « Sasseur » dans le répertoire.

Francis Veber y fait un clin d’œil à « La Cage aux Folles »

Francis Veber avait travaillé avec Jean Poiret – auteur de Joyeuse Pâques et de Douce-amère – à l’adaptation de La Cage aux Folles pour le cinéma, à la fin des années 70. Le réalisateur du Dîner de cons a ainsi tenu à saluer la mémoire de cet ami et mentor, décédé en 1992, avec un petit clin d’œil : un livre abandonné sur la table de Pierre Brochant (Thierry Lhermitte) titré Poiret, tout simplement.