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Infarctus du myocarde : l’espoir des cellules souches

Infarctus du myocarde : l’espoir des cellules souches
Infarctus du myocarde : l’espoir des cellules souches © DR
La Rédaction

Les thérapies cellulaires ont le pouvoir de régénérer le muscle cardiaque mais sous certaines conditions qu’explique le Pr Philippe Hénon*

Paris Match. Que sont les cellules souches et leur intérêt thérapeutique ?
Pr Philippe Hénon. Une cellule souche (CS), en particulier embryonnaire, est une cellule mère, dite “pluripotente”, capable aussi bien de s’autorenouveler au long cours que de se différencier en tout type cellulaire (cardiaque, osseux, etc.). Leur intérêt thérapeutique est de pouvoir régénérer des tissus ou des organes lésés, une alternative moins lourde que la transplantation d’organe. Toutefois, les CS embryonnaires posent des problèmes éthiques (destruction d’un embryon) et technologiques. Aussi utilise-t-on plus facilement d’autres types de CS, comme celles provenant du malade lui-même (autologues). On évite la question éthique, le risque de rejet ou d’effets indésirables liés aux traitements immunosuppresseurs. L’infarctus du myocarde (IDM) sévère en est une application parmi d’autres.

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Combien de personnes sont victimes d’un IDM en France par an ?
Cent vingt mille environ, dont 80 % survivent grâce aux traitements actuels. Parmi les survivants, 25 à 30 % souffrent d’un IDM sévère qui évoluera vers l’insuffisance cardiaque terminale. C’est à ces patients que nous nous adressons en priorité, afin de leur éviter une telle issue.

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Les cellules cardiaques détruites sont progressivement remplacées

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Quelles CS utilisez-vous dans l’infarctus du myocarde ?
Nous utilisons des CD34+ (CS adultes) que l’on trouve dans la moelle osseuse, car elles persistent tout au long de la vie et peuvent agir sur divers tissus organiques possibles. Elles peuvent notamment régénérer du tissu myocardique et créer de nouveaux vaisseaux sanguins. Leur profil de sécurité est excellent (pas de cancérisation, ni de maladie auto-immune ou de rejet). Enfin, ce sont les seules capables, à chacune de leur division, de donner à la fois une cellule myocardique par différenciation et une cellule souche nouvelle qui assure la pérennité du greffon. Cet avantage est capital. Il y a trente ans, nous avons mis au point une méthode pour faire passer les CD34+ de la moelle osseuse vers le sang, où elles peuvent être facilement prélevées de façon sélective. Nous avons créé depuis un automate (StemXpand), capable de multiplier in vitro leur nombre jusqu’à vingt fois, ce qui permet d’obtenir un greffon contenant de 50 à 100 millions de cellules (ProtheraCytes). Une fois réinjectées au sein même de l’infarctus du malade, elles commencent à se diviser et à se différencier pour remplacer progressivement les 1 à 2 milliards de cellules cardiaques détruites par l’IDM. L’injection intracardiaque directe est essentielle pour accroître leur fixation dans le myocarde. Leur métamorphose en cellules myocardiques est provoquée par l’action de petites protéines appelées chemokines, sécrétées par la zone sclérosée du muscle cardiaque. Mais lorsque cette dernière devient un tissu cicatriciel, les chemokines ne sont plus sécrétées et la prise de greffe devient alors impossible. Cette technique est donc réservée aux IDM récents.

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Quel a été le résultat de votre étude initiale avec les CD34+ ?
C’était un essai pilote chez 10 patients victimes d’un IDM récent de mauvais pronostic, ayant une fonction ventriculaire réduite de moitié, programmés pour un pontage coronarien à la fin duquel les CD34+ ont été injectées dans la lésion cardiaque. Chez tous les patients sauf un, une amélioration a été observée dès le troisième mois, jusqu’à permettre la récupération, deux ans après la greffe, de 70 % de la fonction ventriculaire perdue. Après treize ans de suivi en moyenne, tous ces patients restent indemnes de récidive ou d’insuffisance cardiaque, mènent une vie normale et prennent très peu de médicaments.

Lire aussi. Première mondiale avec greffe de cellules souches

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De nouveaux essais sont-ils prévus avec les CD34+ ?
Une étude multicentrique internationale chez des sujets victimes d’un infarctus du myocarde sévère récent est en cours, avec injection de ProtheraCytes dans le ventricule gauche via un cathéter monté par voie fémorale, donc sans chirurgie et en ambulatoire. Si les résultats sont concluants, les ProtheraCytes, qui ont un statut de médicament, pourraient être commercialisés d’ici deux à trois ans.

* Fondateur, président et directeur scientifique de CellProthera, Mulhouse.

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