La Turquie souhaite envoyer des réfugiés syriens dans la région kurde d’Afrin, contrôlée par l’armée turque depuis le début de l’année. L’UE s’est immédiatement distanciée de ce projet.
Selon plusieurs sources, Ankara veut installer des réfugiés syriens dans la région d’Afrin, une enclave kurde au Nord-Ouest de la Syrie, afin de fragiliser les Kurdes qui y vivent.
En janvier, l’armée turque a lancé une offensive aérienne et terrestre dans la région, officiellement contre la milice des Unités de protection du peuple (YPG) kurdes, qui menacerait sa sécurité. Or l’YPG est le principal allié des États-Unis contre l’État islamique en Syrie. Une alliance qui fâche Ankara, qui estime que le mouvement est lié au PKK, un parti interdit en Turquie et considéré comme terroriste.
Selon les spécialistes occidentaux, les vraies raisons de cette opération étaient en fait d’empêcher la création d’un mini-État kurde hostile à la Turquie, qui compte une importante minorité kurde et tente par tous les moyens d’éviter un mouvement séparatiste.
Faruk Kaymakcı, l’ambassadeur turc auprès de l’UE assure cependant que l’opération avait pour seul but de « stabiliser et sécuriser la région pour que les habitants qui se sont réfugiés en Turquie [350 000 personnes selon lui] puissent y retourner ».
Lors d’une rencontre à Varna, en Bulgarie, Recep Tayyip Erdoğan aurait demandé la coopération de l’UE dans la réinstallation de Syriens en Syrie. Dans le cadre d’un accord conclu en pleine crise migratoire, l’UE a promis des tranches d’aide de 3 milliards d’euros à Ankara.
« L’UE doit approuver la seconde tranche de 3 milliards », a souligné l’ambassadeur. « Malgré le fait qu’elle ait été promise, à ce jour, seul 1,9 milliard de la première tranche a été envoyé. L’UE et la Turquie discutent à présent de la manière la plus efficace de dépenser les 3 milliards suivants pour les Syriens. »
Euractiv a voulu savoir si l’Union pourrait financer l’installation de réfugiés dans la région d’Afrin, un projet qui ressemble dangereusement à un nettoyage ethnique, même si Ankara assure vouloir reconstruire hôpitaux et logements.
« La situation en Syrie est terriblement compliquée », a répondu un fonctionnaire européen impliqué dans la préparation de la conférence sur l’avenir de la Syrie et de la région. « Pour répondre très brièvement à votre question, dans les conditions actuelles, nous ne pouvons pas soutenir ce projet. »
Il explique que le président avait déjà tenté d’obtenir un soutien européen pour mettre en place des « zones sécurisées » dans le nord de la Syrie pour y construire des villages. L’Europe n’avait pas donné suite.
Maja Kocijancic, porte-parole de Federica Mogherini, a pour sa part rappelé que l’accord UE-Turquie prévoit des aides pour les réfugiés syriens sur le territoire turc, et non ailleurs.