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L’art de la caresse selon les neurosciences

Hélène Fresnel
Publié le 07/03/2018 à 12:11 Modifié le 25/06/2020 à 18:42

Le toucher est un message de tendresse ou d’attention porté à l’autre. Ses bienfaits thérapeutiques sont connus de tous, mais les neurosciences les éclairent aujourd’hui d’un jour nouveau.

Toucher la peau : une réaction en chaîne

« Si la douceur était un geste, elle serait caresse », écrivait la psychanalyste Anne Dufourmantelle dans Puissance de la douceur (Payot). Nous savons, nous sentons intuitivement les bienfaits de mains tendres et attentionnées sur nos épidermes, parfois marqués de tristesse et de fatigue. Nous avons pu observer sur nous-mêmes et nos proches comment un simple toucher peut calmer les agitations, dénouer les crispations, éclairer un visage. « La peau est l’organe visible privilégié de la relation », définit la psychanalyste Sylvie Consoli (auteur de La Tendresse de Sylvie Consoli – Ed. Odile Jacob). Elle ne se contente pas d’emballer notre corps. Elle « est » le sens qui occupe le plus d’espace et contient le plus grand nombre de récepteurs sensitifs : un million cinq cent mille capteurs accueillent et identifient ce qui nous touche, puis transmettent au cerveau les informations qu’ils réceptionnent. « La peau est un organe sensoriel aussi sensible et performant que l’œil, confirme le chercheur Laurent Misery. Alors, quand elle est caressée, les messages très complets qu’elle envoie portent sur l’intensité, le sens, la profondeur, la localisation, la température et les caractéristiques de la caresse. » Quand la main nous touche, les récepteurs de notre épiderme sont stimulés de telle manière qu’ils rechargent nos batteries. Ils provoquent dans le cerveau la sécrétion des neurotransmetteurs et des hormones liées au plaisir : les endomorphines qui calment, apaisent, adoucissent et plongent dans un état euphorique ; l’ocytocine, dite « hormone de l’attachement », qui nous lie durablement aux autres ; la dopamine, qui donne de l’énergie et régule l’humeur.

Un effleurement suffit

Au début des années 2000, une équipe de scientifiques de l’université de Montréal a même découvert dans la peau des terminaisons nerveuses spécialisées dans le plaisir. Elles se situent dans les zones duveteuses, autour des follicules pileux : le dos, les avant-bras… Elles se font appeler fibres C tactiles et s’activent dans de légers mouvements à rebrousse-poil ; « ce sont les fibres de la caresse, détaille Claudia Gaulé, gestalt-thérapeute. Leurs capteurs sont sensibles à la lenteur et à la légèreté du toucher ». Ils envoient des signaux électriques réceptionnés par l’insula, une région cérébrale spécialisée dans les émotions, qui diffuse ensuite le plaisir partout.

Forts de ces découvertes, les scientifiques ont établi les conditions idéales pour qu’une caresse décuple le plaisir : qu’elle soit donnée sur une zone légèrement poilue, que la pression de la main soit modérée, que sa vitesse soit ni trop rapide ni trop lente (2,5 centimètres par seconde), et que la température de la main qui caresse avoisine les 32 degrés, c’est-à-dire celle de la peau humaine. Mais attention, cette technicité nécessite des conditions particulières. Pas de caresse au moment d’une dispute : elle risque de provoquer l’irritation du caressé. Enfin, et surtout, conclut Claudia Gaulé, « celui qui la donne doit être investi physiquement et émotionnellement quand il la dispense. Des informations affectives passent dans le toucher : si l’on est dé- primé ou triste, ces informations passent aussi ». Bref, c’est l’intention qui compte…

Un podcast sur la caresse

Pour aller plus loin

Réécoutez l’émission de Flavie Flament, où notre journaliste Hélène Fresnel, aborde ce thème.

« On est fait pour s’entendre » est un magazine de partage et d’échanges décrypte la société. Chaque jour, du lundi au vendredi, de 15 heures à 16 heures, sur RTL.

2 massages originaux et caressants

Le digui : la tendresse malienne au bout des doigts

Quand Amy Béké était enfant au Mali, sa grand-mère Sarah la massait et la caressait dès qu’elle était triste et préoccupée. « Quand je suis arrivée en France à 9 ans, j’ai été stupéfaite de voir à quel point le toucher, les caresses étaient tabous. Je suis d’une lignée où les femmes massent. Et j’ai voulu transmettre cette pratique africaine en créant le digui. » Le principe du massage d’Amy Béké repose sur la douceur et une forme d’enveloppement maternel. Elle utilise un mélange de beurre de karité qu’elle associe à une huile essentielle choisie par la personne qu’elle masse. « Je commence par essayer de comprendre ce que le corps de mon client demande. Je cherche à faire du cocooning, à apaiser, à rassurer, à soutenir et à redonner de l’énergie à ceux que je caresse. » Tout commence par un malaxage en profondeur des muscles dans le but de détendre les points de tension, puis des pressions sur les méridiens, des effleurements et des caresses douces sur le dos, les épaules, le visage font monter les larmes aux yeux. Bouleversant et régénérant.

Massage digui, 1 h 30, 120 €.

 

Le massage sensoriel : de la douceur et des vibrations

Sophie Duffart aime citer Marc Aurèle : « La douceur est invincible. » Spécialisée en « toucher dans l’accompagnement », elle emploie prudemment le terme de caresse : « Mon intention n’est pas forcément de caresser dans le sens affectif du terme, mais les caresses et les effleurements sont effectivement des outils privilégiés dans ma pratique du massage sensoriel. Je les utilise particulièrement pour réunifier le corps. Je les envisage comme des gestes très fins, subtils, peu appuyés, que je dispense légèrement sur de petites parties du corps, parfois juste avec le bout des doigts. » Dans ce massage relaxant, pour lequel elle travaille avec des huiles végétales et essentielles, la jeune femme déploie tout un attirail d’effleurements légers et doux qui rendent le corps aérien, presque flottant. Parmi les mouvements qu’elle imprime subtilement, certaines de ses caresses, empruntées à la relaxation coréenne, provoquent des ondes vibratoires enveloppantes et énergisantes, qui vous laissent étonnamment calme et serein.

Massage sensoriel, 1 h 20, 75 € (Tél. : 06 61 30 19 58).

=> 10 recettes beauté à l’huile d’argan

L’huile d’argan est un secret de beauté connu des femmes berbères depuis l’Antiquité. Elle est idéale pour combattre les méfaits du froid grâce à sa richesse en antioxydants et en nutriments. Retrouvez les recettes issues du livre Les bienfaits de l’huile d’Argan en 40 recettes maison pour passer l’hiver sous le signe de « l’or vert marocain ».