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Qui est Pascal Pavageau, le successeur de Mailly à la tête de Force ouvrière ?

Très remonté contre la méthode Macron, le successeur de Jean-Claude Mailly qui a pris sans surprise la tête de FO ce vendredi 27 avril veut rassembler ses troupes avant de ruer dans les brancards. Sa limite : ne jamais rompre le dialogue. 

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Pascal Pavageau, ici le 4 avril 2018 à Paris, est un ingénieur de 49 ans, membre d'aucun parti, qui affiche son indépendance politique

Pascal Pavageau, le nouvel homme fort de Force ouvrière

AFP/Archives - JOEL SAGET

Il est prêt pour la castagne avec le gouvernement. Pascal Pavageau, 49 ans, a été élu vendredi 27 avril secrétaire général de Force Ouvrière pour remplacer Jean-Claude Mailly qui quitte FO après l'avoir dirigé pendant 14 ans. Seul candidat en lice, il a pris sans surprise la tête de FO. Il a recueilli 5.841 voix sur 6.032 voix, soit un score de 96,8%. Il succède à Jean-Claude Mailly, 65 ans, à la tête de Force ouvrière (FO) – le troisième syndicat de salariés en France. Le 19 avril, dans son bureau du siège de la confédération dans le XIVarrondissement de Paris, ce militant avenant mais inflexible fend l’armure : «Je pense que je vais verser une larme lors de mon investiture. C’est mon côté sentimental». Mais cet ingénieur des travaux publics, spécialiste des questions d’environnement, qui a pris sa carte d’adhérent à 22 ans, ne va pas avoir le temps de célébrer sa victoire. Car l’une de ses priorités sera de rassembler une organisation très divisée, après l’épisode des ordonnances sur le Code du travail adoptée en 2017.

A l’écart de la loi travail

En interne, beaucoup n’ont pas goûté la stratégie de Jean-Claude Mailly qui a choisi la concertation en louant la méthode du gouvernement. Cette attitude en avait surpris plus d’un car un an plus tôt, FO avait bataillé pendant des mois au côté de la CGT contre la loi El-Khomri pourtant moins libérale que le projet Macron. De son côté, en habile tacticien, Pascal Pavageau a pris soin de rester à l’écart de ce dossier, histoire de ne pas se brûler les ailes avant de prendre les rênes du syndicat : «Avec Jean-Claude Mailly, on a passé un deal, explique ce fonctionnaire d’Etat. Lui voulait gérer le dossier des ordonnances tout seul, ce qui m’allait très bien. Cela me permet de ne pas avoir d’antécédents avec le gouvernement. Du coup, je vais pouvoir porter et défendre la ligne qui sera celle du congrès».

D’ailleurs, il assure ne pas avoir de contacts avec l’exécutif. Pour autant, l’ex-numéro 2 de FO, longtemps responsable des dossiers industriels, connaît bien le président. «Je l’ai rencontré plusieurs fois lorsqu’il était secrétaire général de l’Elysée puis ministre de l’Economie», décrit-il. De lui, il apprécie «son caractère cash et il ne fait pas de fioritures, ce qui permet d’aller droit au but. C’est plus sain, plus efficace et parfois plus sincère». Les deux hommes se sont déjà affrontés sur plusieurs dossiers comme le nucléaire ou l’industrie : «Lors de réunions à Bercy, nous n’étions pas sur la même ligne. Mais ces désaccords n’interdissent pas le dialogue».

Agressif envers l’exécutif…

A coup sûr, il aura l’occasion de s’opposer au gouvernement à partir de fin avril. Car Pascal Pavageau, premier secrétaire général à ne pas être encarté au Parti socialiste, entend durcir l’attitude de FO vis-à-vis de l’exécutif en revenant à une ligne plus contestataire. «Je déplore la forme de mépris du gouvernement pour le paritarisme et les négociations interprofessionnelles, tonne-t-il. On doit entrer en résistance pour protéger notre modèle social contre le projet d’individualisation des droits». Dans son viseur, la politique d’Emmanuel Macron contre qui il choisit de cogner dur : «Le président mène une politique pour les 5 % de premier de cordée et il se fiche des 95 % de premiers de corvée», assène-t-il avant de poursuivre sur le même ton agressif : «Etre moderne, ce n’est pas envoyer les gens dans la jungle à l’heure du chacun pour soi. Ça, c’est l’âge de pierre. C’est stupide».

Son objectif : construire une «unité d’action» avec les autres syndicats pour faire barrage à la politique du président. Pour lui, la réforme des retraites, prévue pour 2019, sera peut-être l’étincelle qui permettra l’émergence d’une mobilisation : «Individualiser les retraites avec la mise en place d’un système par points, c’est mettre en péril notre modèle solidaire. C’est donc un sujet transversal qui concerne tout le monde et sur lequel on pourra trouver le moment venu des points de convergence». Pascal Pavageau sait aussi que pour être entendu, il ne faut pas ruer dans les brancards à chaque fois. «Nous devons être une force de propositions pour porter un projet social alternatif». Pour illustrer son propos, il aime rappeler quelques-unes de ses victoires personnelles qui ont donné naissance à des projets concrets : «Sans nous, il n’y aurait jamais eu de Banque publique d’investissement, raconte-t-il. François Hollande a repris cette idée à FO. Nous sommes aussi à l’origine de la création de France Stratégie». Il promet de créer un poste dédié à la prospective au bureau national.

Inventif, Pascal Pavageau l’est aussi dans sa vie privée. L’une de ses passions est la peinture sur céramique de motifs aborigènes. D’ailleurs, les murs de son bureau sont décorés par ses toiles. Il est aussi un grand amateur de hard-rock et son agenda est truffé de dates de concert. «Force ouvrière, ce n’est pas toute ma vie», assure-t-il. Mais au vu du rythme infernal imposé par le président avec une nouvelle réforme quasi toutes les semaines, ce semi-marathonien risque d’être complètement absorbé par sa nouvelle fonction. Il l’assure, il est prêt pour cette course de fond.

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