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Les 19 idées de Borloo pour sauver les banlieues

L'ancien ministre et père de la politique de la Ville a remis ce jeudi au Premier ministre son rapport commandé par l'Elysée. Emmanuel Macron présentera un plan Banlieue fin mai.

Par Matthieu Quiret

Publié le 26 avr. 2018 à 12:52

Après des semaines de retard, Jean-Louis Borloo a fini par livrer le rapport commandé par Emmanuel Macron… à Matignon, ce jeudi matin. Le président parti aux Etats-Unis, il était urgent de le rendre public tant la révolte des élus de banlieue lancée en octobre lors de l'appel de Grigny risquait de s'emballer jeudi après-midi lors d'une réunion organisée à Paris.

Très attendues, les propositions de Jean-Louis Borloo, le père de l'Agence nationale de rénovation urbaine (Anru), cherchent à traiter tous les maux qui rongent les quartiers sensibles à travers 19 propositions. Parmi elles, voici les plus structurantes. Emmanuel Macron doit présenter un plan inspiré de ce rapport fin mai.

Une fondation pour garantir la rénovation urbaine

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Jean-Louis Borloo accuse l'Anru (Agence nationale pour la rénovation urbaine) de s'être totalement enkystée : trois ans sont désormais nécessaires pour lancer un projet de construction. Pour « remettre des grues dans les quartiers », il propose de créer une fondation regroupant les collectivités territoriales, les financeurs, les partenaires sociaux et les bailleurs. Un fonds à la Caisse des Dépôts et Consignations serait doté de 5 milliards d'euros prélevés sur la moitié des recettes des privatisations. Ce statut plus léger lui permettrait aussi d'échapper aux critères de Maastricht.

Un corps de hauts fonctionnaires des quartiers

Le rapport pointe la « consanguinité » des hauts fonctionnaires de l'Etat, indifférents aux problèmes des banlieues. Voilà pourquoi il propose de créer une « académie des leaders » pour former une élite issue des quartiers. Sous la forme d'une grande école, elle offrirait à ses étudiants le statut de fonctionnaire stagiaire de l'ENA avec une rémunération équivalente de l'ordre de 1.700 euros brut par mois durant la scolarité. Elle recruterait 500 jeunes de moins de trente ans par an. La formation durerait trois ans, dont six mois passés dans une administration ou une entreprise et six mois à l'étranger. Les instituts régionaux d'administration (IRA) étant chargés de l'organisation pratique et de la logistique. A l'issue des trois ans, les jeunes ainsi formés auraient obligation de « servir » dans une des trois fonctions publiques pour dix ans - sauf à rembourser leurs études.

Au-delà de l'école, la « cité éducative »

Le rapport parle de « cité éducative » pour illustrer le regroupement, à partir du collège et des écoles, de tous les lieux et acteurs prêts à soutenir l'éducation des enfants. Il propose une série de mesures qui vont du « triplement » de la préscolarisation à deux ans dans les zones d'éducation prioritaire renforcées (REP +) et de la relance des classes passerelles à l'organisation de « clubs petits déj » gratuits dans les écoles et collèges REP et REP+ le matin ou la gratuité de la cantine le midi. Il plaide aussi pour un fonds de solidarité éducative de 300 millions d'euros pour aider les communes pauvres à financer le dédoublement des classes de CP et de CE1 et les mesures de préscolarisation. Un fonds d'investissement éducatif devrait, lui, permettre de « rénover ou reconstruire » dans les cinq ans les 300 écoles et 100 collèges les plus dégradés. Le tout s'accompagne d'un plan national « contre l'illettrisme et l'illectronisme » pour « diviser par deux le nombre de personnes en situation d'illettrisme d'ici à 2025 ». Il prendrait appui sur les réseaux d'entreprise et les fondations, afin de former 500.000 personnes sur cinq ans, pour un coût estimé à 300 millions d'euros par an.

Des dizaines de milliers d'emplois réservés

Le rapport propose de créer 5.000 coachs sportifs, mais aussi de solliciter l'armée pour qu'elle réserve 5.000 de ses 21.500 recrutements annuels à des jeunes de quartiers prioritaires de la ville. De même que le secteur public via l'apprentissage (50.000), l'intérim, dans le cadre d'une expérimentation sur trois ans ouverte à 40.000 personnes, ou encore le secteur des services à la personne (100.000) en mobilisant le grand plan compétences. Sans attendre les résultats de l'expérimentation tout juste démarée, Jean-Louis Borloo propose de financer 150.000 emplois francs dès 2019. Plus globalement, le rapport insiste sur l'importance de l'accompagnement via, notamment, le déploiement de 720 conseillers supplémentaires à Pôle emploi et un soutien renforcé auprès des structures spécialisées comme « Nos quartiers ont du talent », l'Afev ou Mozaik RH.

Une « armée de la République solidaire »

Jean-Louis Borloo juge aussi intolérable la paupérisation des 35.000 travailleurs sociaux oeuvrant dans les quartiers prioritaires. Il propose de leur offrir le statut de fonctionnaire de catégorie A de la fonction publique. Une prime serait aussi attribuée aux professionnels agissant dans les quartiers urbains.

Vidéo - Plan Banlieue : ce que propose Jean-Louis Borloo

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