Travailler jeune et rester en bonne santé : un défi mondial

Jeunes apprentis soudeurs dans un centre de formation.  Les fumées de soudage sont composées de gaz et de poussières potientiellement très toxiques.  ©Maxppp - HOUET M
Jeunes apprentis soudeurs dans un centre de formation. Les fumées de soudage sont composées de gaz et de poussières potientiellement très toxiques. ©Maxppp - HOUET M
Jeunes apprentis soudeurs dans un centre de formation. Les fumées de soudage sont composées de gaz et de poussières potientiellement très toxiques. ©Maxppp - HOUET M
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Les 15-24 ans représentent 15% de la main d’œuvre mondiale. Ils sont plus exposés aux accidents et aux potentiels effets néfastes du travail. L'OIT fait des recommandations. Ont-elles un avenir alors que le gouvernement français vient de présenter une énième réforme de l'apprentissage ?

C'est aujourd'hui la journée mondiale de la santé et la sécurité au travail.    

Il y a deux ans, l'Organisation Internationale du Travail avait mis l'accent sur le stress,  et depuis les choses n'ont pas évolué de manière significative me direz vous...  Certes, mais ces journées thématiques ont l'intérêt de braquer les projecteurs sur des réalités qui ne font pas débat, bien qu'elles soient centrales, ou comme on dit "systémiques".  

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Cette année, l'OIT nous alerte sur la sécurité et la santé des jeunes travailleurs.    

Chaque année, 2 millions 780 000 personnes de tous âges meurent à cause du travail. L'écrasante majorité des gens meurent de maladies liées au travail, et 380 000, 13% du total, d'accidents. Combien de jeunes parmi eux ?   

Le rapport que publie l'OIT à l'occasion de cette journée ne le dit pas car il n'y a pas de statistique mondiale à ce sujet, mais il cite les études de plusieurs pays qui vont toutes dans le même sens: quand on est jeune, on a plus de risque d'accidents, et les lésions professionnelles sont plus fréquentes et dommageables.   

Aux Etats-Unis, elles sont deux fois plus fréquentes que chez les adultes, en Europe 40% plus élevées.   

Lésions professionnelles : 40% de plus pour les jeunes européens

Jeunes travailleurs ne veut pas dire enfant, et la problématique abordée par l'OIT (qui s'occupe de ce sujet par ailleurs) n'est donc pas celle là. Pour les Nations unies, et l'OIT, on est un jeune ou une jeune travailleuse entre 15 et 24 ans.  

  • Un âge auquel on discerne moins les risques, voilà pourquoi il y a plus d'accident
  • Un âge, auquel le corps n'est pas arrivé à maturité. Voilà pourquoi l'exposition aux pesticides, perturbateurs endocriniens, bruits, poussières et autres produits toxiques ont des effets démultipliés sur le cerveau et les organes reproducteurs et l'audition
  • Souvent, explique l'OIT, le matériel de protection, conçu pour des adultes, n'est pas adapté aux jeunes. 
  • Les jeunes, généralement précaires, ne peuvent pas toujours s'opposer aux ordres venus de leur hiérarchie, même s'ils menacent leur santé

Autre problème, si les moins de 18 ans bénéficient de protections spécifiques dans beaucoup de pays, entre 18 et 24 ans, un jeune qui travaille est considéré comme un adulte... ce qu'il n'est pas encore.

Or, s'il compense son mal être au travail par l'usage de drogues ou d'alcool, les effets à long terme seront bien plus délétères que pour les adultes, comme l'a encore montrée une récente étude.   

Le coût pour la société sera alors bien plus élevé que les moyens qui auraient pu être mis dans la prévention.   

Et en France ?

En France, le travail des moins de 18 ans est fortement encadré. Durée du travail, heures de nuits, travaux dangereux sont clairement limités par le code du travail... mais il est devenu de plus en plus simple d'y déroger.     

Avant 2016, pour faire travailler un apprenti de moins de 18 ans sur un marteau piqueur, le faire manipuler des substances chimiques ou monter sur un échafaudage, il fallait une autorisation de l'inspection du travail. Dorénavant une simple demande de dérogation ou un avis médical suffit.    

Dans son projet sur la formation qui prévoit des changements pour l'apprentissage et se nomme : Projet de loi pour la liberté de choisir son avenir professionnel le gouvernement envisage de faire tomber d'autres verrous notamment l'interdiction du travail pour les moins de 18 ans entre 22h et 6h du matin. Il met en avant le cas des apprentis boulangers.   

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Le député communiste André Chassaigne qui lui a posé la question ( la question en entier ici) n'aura pas le loisir de répondre au premier ministre qui ne lui aura pas répondu sur un autre changement, plus important peut-être. Dans les projets du gouvernement, un jeune apprenti ne passera plus devant les prud'hommes si son contrat est rompu pour faute grave ou inaptitude mais devant un médiateur...    

Quand il y a plus d'un million 300 000 jeunes sans emploi et sans formation en France, la volonté de faciliter la vie des employeurs peut sembler légitime. Mais limiter les droits des jeunes apprentis et apprenties n'est-ce pas limiter leur pouvoir de se défendre pour garantir leur sécurité et leur santé face à leur employeur ? 

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Pour les apprentis, des formations spécifiques existent, mais les syndicats s'inquiètent de leur efficacité à venir.

Quand les apprentis pourront rentrer en cours tout au long de l'année, et pas seulement en septembre comme actuellement, il sera peut être plus difficile d'organiser ces formations aux droits, à la santé et à la sécurité. Lionel Lerogeron, CGT.

L'Organisation Internationale du Travail plaide pour que l'éducation aux droits, aux dangers et aux risques du travail commence à l'école dans le cursus général. Une idée intéressante sans avenir certain... pour le moment.

Marie Viennot

L'équipe