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À La Une - portraits

Des jeunes, des pères, des fiancés : les 10 journalistes tués en Afghanistan

Certains étaient des ténors du métier d'autres démarraient leur carrière.


Des journalistes pakistanais rendent hommage à Shah Marai, 41 ans, chef de la photo à l'AFP-Kaboul, tué dans un attentat suicide, à Islamabad, le 1er mai 2018. AFP / AAMIR QURESHI

Des jeunes, des pères et/ou des fiancés : dix journalistes sont morts lundi en Afghanistan dans plusieurs attaques, un choc dans une communauté très soudée pour laquelle la mort fait toujours partie du travail.

Certains, comme Shah Marai, le chef de la photo de l'AFP, étaient des ténors du métier, des vétérans dont les images puissantes attestaient des violences inimaginables dont ils étaient témoins. D'autres démarraient leur carrière. ll y avait parmi eux une stagiaire. Et de jeunes papas. Trois d'entre eux organisaient leur mariage. Leur mort souligne les dangers auxquels sont confrontés les journalistes dans un pays qui sombre toujours plus dans la violence, plus de 16 ans après la chute des talibans.

Neuf d'entre eux sont morts dans un double attentat suicide à Kaboul qui a tué 16 autres personnes. Ils étaient visés. Un kamikaze s'est fait exploser au milieu d'eux.


Yar Mohammad Tokhi, 54 ans, caméraman pour Tolo TV Yar Mohammad Tokhi travaillait depuis 12 ans pour Tolo, l'une des principales chaînes de télévision d'Afghanistan, dont il était un caméraman expérimenté. 

Fan de judo, il dépensait la plupart de son salaire pour les soins de sa mère malade et de sa soeur souffrant d'un cancer, ce qui l'avait empêché de se marier pendant de nombreuses années. Mais il s'était finalement fiancé. Son mariage devait se tenir dans les semaines à venir. "Il était comme un père pour toute sa famille. Il était très aimant", se souvient Emal Haidary, journaliste de l'AFP, qui pratiquait le judo avec lui.


Ghazi Rasooli, 21 ans, reporter pour 1-TV Ghazi Rasooli, étudiant en journalisme de l'université de Kaboul, était bientôt diplômé, selon Tolo. It travaillait pour la chaine 1-TV depuis près de quatre ans.  Comme Yar Mohammad Tokhi, il s'était récemment fiancé et devait se marier le mois prochain, a indiqué à l'AFP son ami proche et ancien collègue Zakarya Hassani, qui se souvient du "plus adorable des hommes".


Nowroz Ali Rajabi, caméraman pour 1-TV Nowroz Ali Rajabi, embauché depuis deux ans par 1-TV, s'était dépêché pour couvrir la première explosion lundi matin dans Kaboul. Il laisse derrière lui une fillette de 3 mois, ainsi qu'une femme et des parents âgés, selon Tolo.


Saleem Talash, journaliste pour Mashal TV Saleem Talash travaillait depuis deux ans pour Mashal TV en tant que reporter basé à Kaboul. Quelques instants avant la seconde attaque visant la mêlée de journalistes, il envoyait des SMS à ses collègues et amis, leur intimant de ne pas emprunter la route près du lieu de la première explosion, d'après Tolo.  Il s'était lui aussi fiancé le mois dernier et espérait se marier prochainement.


Ali Saleemi, journaliste pour Mashal TV Mashal TV avait embauché Ali Saleemi la semaine passée. L'attentat de lundi était l'une des premières grosses actualités qu'il devait couvrir pour cette chaîne.


Mahram Durani, 28 ans, journaliste pour Radio Free Europe Mahram Durani étudiait le droit et était en stage à la Radio Free Europe, où elle devait commencer à travailler pour un programme s'intéressant aux droits des femmes. Elle était employée auparavant par une chaîne de musique en ligne. Mahram Durani est la seule femme à avoir péri dans l'attaque de Kaboul - et l'une des rares à travailler dans la presse en Afghanistan, pays extrêmement conservateur et patriarcal. 


(Pour mémoire :  La douleur vire à la colère après un nouvel attentat-suicide à Kaboul)



Ebadullah Hananzai, 26 ans, journaliste à Radio Free Europe Ebadullah Hananzai était un jeune journaliste radio, qui avait travaillé dans la production et s'était spécialisé dans les questions de trafic de drogue, un secteur où l'Afghanistan est au premier plan, avec quelque 90% de l'opium mondial produit dans ce pays. "Il était très, très heureux" après l'obtention de ce poste, se souvient Rateb Noori, vidéo-journaliste de l'AFP, et se voyait un "avenir prometteur". Avant de devenir journaliste, il avait étudié la littérature persanne. D'après son employeur, il devait fêter le 8 mai son premier anniversaire de mariage.


Sabawoon Kakar, 30 ans, journaliste à Radio Free Europe Sabawoon Kakar était un membre clé de RFE où il travaillait depuis cinq ans et avait réalisé un grand nombre de sujets de société, notamment sur le cricket féminin. D'après la station, il fut l'un des premiers à arriver sur le lieu de l'attentat lundi. Il laisse une femme et une fille, selon Tolo.


Ahmad Shah, 29 ans, reporter pour la BBC Ahmad Shah, le seul des dix journalistes à n'être pas mort à Kaboul, travaillait pour la BBC en Afghanistan depuis un peu plus d'un an lorsqu'il a été abattu par des homme armés à Khost, une province du sud-est.  La BBC décrit cet homme de 29 ans comme un journaliste "respecté et populaire".


Shah Marai, 41 ans, chef de la photo à l'AFP-Kaboul Shah Marai travaillait depuis 22 ans à l'Agence France-presse, où il avait démarré comme chauffeur en 1996 avant de se former et de devenir finalement chef de la photo du bureau de Kaboul.  Marai était l'un des rares salariés de la presse internationale à être sur le terrain à Kaboul lorsque les forces américaines avaient délogé les talibans du pouvoir fin 2001. En 17 années de guerre, ses photos ont capturé tant la violence la plus crue que des moments de beauté.  Il laisse derrière lui deux femmes et six enfants. Sa première fillette, qu'il attendait impatiemment, était née il y a trois semaines.


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