Le "couple Dany", un drôle de tandem qui chuchote à l'oreille d'Emmanuel Macron

Le "couple Dany", un drôle de tandem qui chuchote à l'oreille d'Emmanuel Macron
Romain Goupil et Dany Cohn-Bendit (AFP PHOTO / JOEL SAGET / )

Il y a un an, ils fêtaient avec lui son élection à la Rotonde. Depuis, ils font partie de ses conseillers ou visiteurs réguliers. Parmi eux, Daniel Cohn-Bendit et Romain Goupil.

Par Julien Martin et Maël Thierry
· Publié le · Mis à jour le
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Commémorer officiellement Mai-68 ? Le président de la République a testé l’idée auprès d’un tandem avec lequel il s’entretient régulièrement :  Daniel Cohn-Bendit et son complice Romain Goupil, deux anciennes figures du mouvement étudiant. Par SMS, "Dany" a immédiatement dit le fond de sa pensée au chef de l’Etat :

"Qu’est-ce que c’est que cette idée ? Rien à cirer ! "

Depuis l’élection d’Emmanuel Macron, Cohn-Bendit et Goupil, que certains surnomment "le couple Dany" tant ils sont inséparables, sont des interlocuteurs réguliers du président. "Ils font partie des capteurs que le président aime voir", dit un de ses proches. Entre Macron et ces deux-là, l’entente date d’un débat organisé en juin 2016 à Sciences-Po sur l’Europe. "Dany" tombe alors sous le charme de ce "petit jeune" qui partage son idéal européen et son envie de dépasser les clivages.

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Un an après la Rotonde, que sont devenus les happy few de Macron ?

Dîner à la Rotonde

En septembre 2016, ils dînent ensemble à la Rotonde, la brasserie favorite de l’ancien ministre de l’Economie. Depuis, ils n’ont jamais perdu le contact. Pendant la campagne, le trio se voit régulièrement : au QG d’En Marche ! à la Tour Montparnasse pour discuter du programme économique, au meeting de Nantes, quatre jours avant le premier tour, où Cohn-Bendit est le seul invité à parler.

Et le soir du premier tour, à la Rotonde toujours, où Cohn-Bendit et Goupil, invités par un SMS de Benjamin Griveaux, débarquent pour féliciter le vainqueur. "Ah les garçons, venez", les accueille ce soir-là le futur président avant de les conduire dans les salons feutrés du premier étage où sont réunis ses très proches. "Tu veux filmer ?", propose même Macron au cinéaste Goupil, qui enregistrera quelques images, jamais diffusées.

Les invités de la Rotonde se souviennent aussi du long aparté entre le candidat En Marche ! et le tandem vers minuit. "Face à Marine Le Pen maintenant, c’est l’avenir des populismes en Europe qui se joue", estime alors "Dany". Le vainqueur du premier tour, lui, a déjà la tête aux législatives : "Je pense que j’aurai la majorité", leur dit-il sûr de lui.

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Le président soigne le tandem

Depuis son élection, le président soigne le tandem. Lorsqu’en septembre dernier, il dessine son projet européen dans un discours à la Sorbonne, "Dany" est au premier rang, celui des ministres, et Goupil derrière, à côté d’Henri Weber. En octobre, il participe avec l’ex-fondateur d’Europe-Ecologie à un débat à l’université Goethe de Francfort.

Ce jour-là, il rejoint Cohn-Bendit et Goupil dans un café de la ville pour participer à leur documentaire, "la Traversée", un voyage à travers la France cinquante ans après 68. Dans une séquence (diffusée le 21 mai sur France 5), le président accepte de jouer l’acteur quelques minutes et explique sa conception jupitérienne du pouvoir.

A l’Elysée, on a pris l’habitude de voir ce drôle de tandem débarquer environ une fois par mois et serrer la main des policiers en arrivant. "On est des visiteurs du jour", s’amuse Cohn-Bendit. Mais aussi du soir : le duo de soixante-huitards a eu droit à un dîner à l’Elysée en présence de Brigitte et du secrétaire général Alexis Kohler. Ce soir-là, on a parlé cinéma, Godard, Coluche, on a ri aussi car "Brigitte est très très drôle", jure Cohn-Bendit.

Quand ils sont dans le bureau présidentiel, les trois hommes discutent des résultats de Merkel en Allemagne, de la déroute de Renzi en Italie ou encore de la crise des réfugiés…. Ils lui suggèrent une agence européenne pour aider les villages se lançant dans l’accueil, une idée que le chef de l’Etat reprendra dans son discours devant le Parlement européen à Strasbourg. L’ex-leader de Mai-68 juge :

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"La différence avec Hollande, c’est qu’il disait oui, oui, il promettait qu’il allait faire quelque chose et puis nada !".

Aujourd’hui, quand le locataire de l’Elysée "achète" une idée, il la transmet à Alexis Köhler, véritable tour de contrôle du nouveau pouvoir. Mais il ne se précipite pas. "Il est prudent, explique Cohn-Bendit. Il dit : ça ne sert à rien que j’annonce si ça ne se fait pas". Les sujets de discussion sont nombreux : en fin d’année dernière, c’est Notre-Dame-des-Landes dont "Dany" a conseillé l’abandon.

"Soyez patients les garçons !"

"La seule chose qui me manque chez Macron, c’est l’autogestion", dit Cohn-Bendit, totalement séduit pour le reste :

"Ce qui me fascine chez lui, c’est que je n’ai jamais trouvé des discussions politiques aussi intéressantes avec un responsable politique de ce niveau depuis Joschka Fischer [son ami, écolo et ex-ministre des Affaires étrangères allemand, NDLR]".

Parfois, lui et Goupil aimeraient juste que le président fasse un peu plus de pédagogie de son action. "Pourquoi tu y arrives si bien sur l’Europe et pas encore sur la France ?", lui ont-ils demandé un jour. Réponse du "petit" : "Soyez patients les garçons !"

Julien Martin et Maël Thierry

Julien Martin et Maël Thierry
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