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« Projet Daphne » : à Malte, le pouvoir fait front contre la presse

Mis en cause par les révélations du réseau de dix-huit médias internationaux, le premier ministre, Joseph Muscat, a réuni des milliers de supporteurs à La Valette.

Par  (La Valette, envoyé spécial)

Publié le 02 mai 2018 à 12h02, modifié le 02 mai 2018 à 12h02

Temps de Lecture 5 min.

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Des militants du Parti travailliste, lors de la manifestation du 1er-Mai, à La Valette.

« La corruption ? Mais, en ce moment, on a tous de l’argent plein les poches. » Anna Celia joint le geste à la parole en tapant bruyamment sur les siennes. « Vous, les journalistes, vous ne vous intéressez qu’aux mauvaises choses, mais à Malte tout va bien. Il faut réserver les restaurants une semaine à l’avance tellement ils ont du monde. On a tellement de travail que beaucoup d’étrangers viennent en chercher ici », proclame agressivement cette mère au foyer de 45 ans venue, mardi 1er mai, soutenir Joseph Muscat, le premier ministre travailliste de l’archipel.

Celui-ci avait appelé à faire de la Fête du travail de cette année la « meilleure réponse » aux révélations du « Projet Daphne », ce réseau de dix-huit médias internationaux – dont Le Monde – créé pour enquêter sur les traces de la journaliste maltaise anticorruption Daphne Caruana Galizia, assassinée dans l’explosion de sa voiture le 16 octobre 2017.

Habillée de rouge – la couleur des travaillistes – comme la plupart des milliers de soutiens du parti qui ont répondu à cet appel devant les portes de la citadelle de La Valette, Anna Celia se moque bien des révélations faites depuis le 17 avril. Pour elle, il s’agit uniquement d’une manipulation de « l’opposition » face à « notre gouvernement, le meilleur d’Europe ».

Peu lui importe que le « Projet Daphne » ait révélé que la police maltaise écartait mystérieusement toute piste politique dans son enquête sur la mort de la journaliste, malgré plusieurs éléments troublants. Comme le fait que le ministre de l’économie, Chris Cardona, a été vu dans un bar discutant avec certains des assassins quelques jours avant leur arrestation. « J’habite dans le village où se trouve ce bar, et il y a plein de monde qui y va, on peut serrer la main à n’importe qui », affirme Anna Celia. D’ailleurs, le ministre en question est monté sur scène juste avant le discours du premier ministre et s’est fait largement applaudir.

« Je n’ai peur de rien ! »

Face à une attention internationale inédite et aux critiques de plus en plus fortes venues de Bruxelles, Joseph Muscat a réussi à démontrer qu’il bénéficiait toujours d’un large soutien dans ce petit pays de 440 000 habitants. Ses supporteurs étaient de fait bien plus nombreux que les quelques milliers d’opposants et de membres de la société civile qui avaient défilé deux jours plus tôt pour demander « vérité et justice » sur l’assassinat. Drapeaux à son effigie, panneau proclamant en anglais « JosephMuscatProject », tout avait été organisé pour montrer que M. Muscat, réélu largement en 2017, ne comptait absolument pas tenir compte des révélations.

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