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Comment Facebook utilise nos photos Instagram pour entraîner son IA

L'intelligence artificielle développée par Facebook analyse des milliards de publications sur Instagram. Charles Platiau/REUTERS

Lors de sa conférence F8, Facebook a détaillé ses avancées en termes d'intelligence artificielle. La firme américaine revendique un taux de 85,4% de reconnaissance d'images.

À l'image d'un coureur de fond, une intelligence artificielle a besoin de s'entraîner pour être performante. Quand son propriétaire possède deux des plus grands réseaux sociaux au monde, la mise en jambes prend rapidement des proportions titanesques. Ces derniers temps, Facebook s'intéresse de près aux images augmentées par IA. Cette technologie lui permet, par exemple, deproposer des descriptions de photos pour les malvoyants. Or, si les utilisateurs de Facebook postent peu de photos, ceux d'Instagram ne font que ça. Une ressource inépuisable pour une intelligence artificielle boulimique.

L'amélioration des capacités de l'IA de Facebook (avant, en haut et après, en bas). Facebook

Comment ce logiciel distingue le contenu d'une publication, par exemple votre plus beau burger du selfie de vacances à Bali? Une intelligence artificielle applique une logique d'apprentissage. Si elle détecte un lien récurrent entre des indices visuels et une interprétation, une nouvelle règle est adoptée. Par exemple, avec une prairie verdoyante et une silhouette blanche tachée de noir, le programme peut déduire que la photo représente une vache normande en train de brouter. Avantage de taille, Instagram regorge d'une donnée supplémentaire essentielle: les hashtags. L'algorithme de Facebook a donc dû faire le tri entre les mots-clés généraux (#France ou #vacances) qui regroupent beaucoup de concepts et ceux pertinents et précis à l'instar de #pancakes. Le dernier test effectué a analysé précisément 3,5 milliards de photos partagées associées à plus de 17.000 hashtags. Cela lui a permis de détecter des informations pertinentes comme l'espèce d'une plante ou d'un oiseau ainsi que le type d'environnement qui l'entoure.

Mike Schroepfer, directeur de la technologie chez Facebook, a déclaré lors de la conférence F8: «Nous obtenons des résultats qui sont 1 à 2% meilleurs que n'importe quel autre système référencé dans l'ImageNet [un projet de recherche global de reconnaissance d'images par IA, ndlr]». La firme assure qu'elle obtient 85,4% de réussite. Elle le compare à un autre chiffre qu'elle donne, celui de la réussite en moyenne des IA de reconnaissance d'images les plus avancées, estimé à 83,1%.

Si l'utilisation des données personnelles pour la publicité ciblée est de notoriété publique, les utilisateurs pourraient être surpris par le scan de leurs photos par des algorithmes de reconnaissance d'images. Les conditions d'utilisation d'Instagram sont pourtant suffisamment imprécises pour le permettre: «Vous accordez par la présente à Instagram une licence non exclusive, entièrement payée, libre de droits, transférable, sous licenciable et mondiale pour l'utilisation du Contenu que vous publiez sur le Service ou par son intermédiaire». Impossible donc de protéger ses publications Instagram de l'appétit féroce de l'IA de Facebook.

S'il arrive à perfectionner ses logiciels, le réseau social pourrait déterminer le lieu, le comportement et l'identité des individus sur une photographie. Il s'agit là d'informations déterminantes si elles venaient à être utilisées pour le ciblage publicitaire. Facebook possède déjà un logiciel de reconnaissance faciale, déployé en Europe en mars dernier pour certains utilisateurs, qui lui permet de taguer automatiquement les clichés avec les profils reconnus.

L'utilisation des photos des membres permet de créer de la valeur. C'est ce que l'on appelle le «digital labor», un concept qui regroupe notamment toutes ces actions que réalisent les internautes sur les réseaux sociaux. Chaque like, chaque publication, chaque partage apprennent aux plateformes à nous connaître ou à proposer des services toujours plus performants.

L'intelligence artificielle, un moyen de filtrer les contenus publiés

Comme le souligne The Verge, Facebook travaille à plus grande échelle sur l'intelligence artificielle pour améliorer sa modération. Si 20.000 personnes doivent renforcer les effectifs dédiés au contrôle des publications, il est nécessaire d'automatiser le processus pour parvenir à vaincre la tâche. La prolifération des fake news, l'ingérence russe pendant l'élection présidentielle américaine 2016, la propagande terroriste et les images pornographiques sont autant de problématiques auxquelles le réseau social doit faire face. «Jusque très récemment, nous devions souvent compter sur des signalements des utilisateurs», constate Mike Schroepfer. Il précise: «Nous devions attendre que quelque chose de mauvais soit repéré par quelqu'un avant d'agir».

L'enjeu de l'intelligence artificielle est donc de détecter automatiquement les contenus problématiques, tant par le texte que par l'image, et de les retirer. «Nous avons besoin de nouvelles percées et de nouvelles technologies pour résoudre ces problèmes», conclut le directeur technique de Facebook.

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