Syrie : une église secrète a été découverte dans un ancien territoire détenu par l’EI

Les ruines d’une ancienne église chrétienne, qui date des premiers siècles de l’existence de la chrétienté, ont été découvertes à Manbij, en Syrie.

Selon un archéologue, ces ruines remontent probablement au troisième ou au quatrième siècle après Jésus-Christ. À cette époque, Manbij était sous la domination romaine, mais la ville fut récemment sous le contrôle de l’État islamique.

Pendant plus de deux ans, les autorités islamiques qui ont occupé cette ville située au nord de la Syrie ont prêté peu d’attention à la pointe d’une vieille porte sur un monticule vide qui leur sert de dépotoir. Adbulwahab Sheko, le chef du comité d’exploration du Conseil des ruines de Manbij fut lui-même très surpris d’avoir un tel trésor archéologique à portée de main.

Les artefacts trouvés dans ce lieu démontrent qu’il s’agissait bien d’un lieu de culte tenu secret par les chrétiens de l’époque étant donné les nombreux signes de croix gravées sur les murs et les écrits sculptés dans la pierre.

Un lieu de culte tenu secret par les chrétiens

John Wineland, professeur d’histoire et d’archéologie à l’université du Sud-Est, a déclaré que ces ruines témoignaient de l’existence d’un peuple chrétien dans la région, lequel se sentait obligé de cacher son culte religieux. Cela prouve la persécution qu’effectuait le gouvernement romain sur les chrétiens, chose courante à cette époque.

Le professeur explique que le christianisme fut considéré comme une religion illégale dans l’Empire romain jusqu’en l’an 313 où ce culte fut décriminalisé par l’empereur Constantin.

Avant cela, les chrétiens devaient ainsi se rencontrer en cachette. Les Romains interdisaient toute réunion qui se faisait en secret. De même, ils interprétèrent mal les paroles bibliques dans lesquelles le Christ disait de prendre et de manger son corps et de boire son sang.

Pour eux, il s’agissait en effet d’un acte de cannibalisme.

Les organisations internationales hésitent à envoyer des archéologues sur les lieux

Le site a eu la chance d’échapper à l’attention de l’État islamique. Adbulwahab Sheko a déclaré qu’il était en train d’étudier le quartier quand l’EI a envahi la ville en 2014. Il a pu réussir à garder le lieu secret jusqu’à ce que le groupe terroriste soit chassé dans une offensive sanglante par les Forces Démocratiques Syriennes (SDF) en 2016.

En raison du fait que la région était pleine de mines et de pièges, le nettoyage et l’excavation du site n’ont pas pu débuter avant la fin d’août 2017.

Les fouilles ont permis à Sheko et à son équipe d’organiser une sorte de festival en mars dernier pour permettre aux habitants de venir visiter l’église secrète. Ils travaillent actuellement avec des archéologues et des organisations internationales depuis que l’équipe a commencé à nettoyer le site l’automne dernier.

Les chercheurs affirment avoir besoin d’aide pour identifier les artefacts et pour faire analyser les restes humains trouvés dans ce lieu de culte.

Toutefois, l’équipe déclare que les organisations internationales refusent jusqu’à présent d’envoyer des équipes archéologiques dans cette partie du pays encore dévasté par la guerre. Néanmoins, Sheko espère que le Vatican prendra connaissance de ces découvertes et qu’il dépêchera bientôt une équipe pour venir inspecter les ruines.

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