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4.000 postes menacés à Pôle Emploi à cause de la baisse du chômage

INFO JDD - Les coupes dans les effectifs de Pôle Emploi seraient justifiées par la baisse du chômage. Les syndicats s’inquiètent : les missions données à l’organisme vont augmenter.

Emmanuelle Souffi , Mis à jour le
A Pole Emploi, 4.000 postes pourraient disparaître d’ici à trois ans.
A Pole Emploi, 4.000 postes pourraient disparaître d’ici à trois ans. © Reuters

La baisse du chômage risque de faire des victimes à Pôle Emploi. Le bruit circulait depuis quelque temps déjà. Jean Bassères, le directeur général, l’a confirmé voilà trois semaines lors d’une convention managériale : 4.000 postes pourraient disparaître d’ici à trois ans sur les 55.800 agents. Ce chiffre, important compte tenu des 5,6 millions de Français inscrits à Pôle emploi, serait même un socle et pourrait être plus élevé. "En 2013, le gouvernement Ayrault avait débloqué deux fois 2.000 CDI pour faire face à la crise. Aujourd’hui, l’État souhaite les récupérer", regrette Michel Brevart, membre du bureau national du SNU-FSU de Pôle emploi.

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L'Etat a baissé de 50 millions d'euros sa subvention

Un bras de fer s’est depuis engagé entre la direction de Pôle emploi, le ministère du Travail et Bercy. Déjà, dans le cadre de la loi de Finances pour 2018, la mission Travail – qui recoupe notamment les moyens donnés à Pôle emploi – a perdu 1,5 milliards d’euros de crédit. L’État a baissé de 50 millions d’euros sa subvention, mettant en péril l’équilibre financier de la structure qui reçoit par ailleurs une quote-part de 10 % de l’Unedic.

Lire aussi : Sur la réforme de l'assurance chômage, le gouvernement doit retoucher sa copie

Sur la trajectoire 2018-2022, les coupes budgétaires devraient atteindre 4 milliards d'euros. Cette année, 1.380 contrats aidés et 297 postes équivalents temps plein ont été supprimés. Une petite saignée au regard de celle qui se prépare. "Depuis la fusion ANPE-Assedic, nous n'étions pas concernés par la révision générale des politiques publiques. À chaque fois qu'il y avait des départs en retraite, ils étaient remplacés", se souvient David Vallaperta, conseiller et élu CFDT au comité central d'entreprise. Une époque révolue. Ce sont 1.289 agents qui quittent tous les ans la structure (retraite, rupture conventionnelle, démission…). Ces trous ne sont plus bouchés.

Car, au-delà de la volonté de faire des économies, le gouvernement estime que l'embellie du marché de l'emploi ne nécessite plus autant de conseillers. "4.000 postes en moins, c'est surréaliste!, s'alarme l'élu CFDT. La baisse du chômage ne signifie pas une diminution de notre charge de travail, car il y a une forte hausse des demandeurs d'emploi cumulant une activité partielle et une allocation." Pour le moment, la direction affirme qu'"il n'y a pas de décision prise quant aux effectifs. Cette question devra être abordée dans un contexte qui prend en compte les nouvelles charges pesant sur Pôle emploi".

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Redéployer les postes, recourir au service civique, et accroître les gains de productivité

Or, de missions supplémentaires, l'organisme ne va pas en manquer! D'abord, dans le cadre du projet de loi pour la liberté de choisir son avenir professionnel, le nombre de conseillers affectés au contrôle des demandeurs d'emploi sera triplé : de 200 à 600 à la fin du premier semestre 2019, 1.000 un an plus tard. Le tout "à iso effectif", a précisé le ministère.

Pour y parvenir, la direction compte redéployer les postes, notamment au sein des plateformes téléphoniques (600 à 700 seraient ainsi "gagnés"), recourir au service civique, et accroître les gains de productivité grâce à la dématérialisation. Ces questions seront évoquées le 24 mai lors d'un comité central d'entreprise. Ensuite, dans le cadre du Plan d'investissement dans les compétences, un million de chômeurs de longue durée et un million de jeunes sans qualification devront être accompagnés. Les négociations qui vont s'engager en septembre avec l'État sur la nouvelle convention tripartite – sorte de feuille de route de Pôle emploi – s'annoncent plus que tendues.

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