
MUNICIPALES - La vérité est ailleurs. A quelques jours du premier tour des élections municipales, le président de l'UMP multiplie les accusations, parfois très graves mais souvent sans preuve, visant le gouvernement de Jean-Marc Ayrault. Une stratégie de diversion alliée à une rhétorique du soupçon destinée à dévier le tir des menaces judiciaires qui affaiblissent son camp.
"Ce que je mets en cause ce sont des coïncidences", résumait Jean-François Copé ce mardi 18 mars sur Itélé. Pour le député-maire de Meaux, il ne fait désormais plus l'ombre de doute qu'il n'y a pas de hasard entre les soucis judiciaires qui s'abattent sur sa famille politique et le calendrier électoral. "Lorsqu'est organisée une telle avalanche d'attaques dont la violence est extrême, exclusivement à charge, et exclusivement sur des responsables de l'opposition, le tout à trois semaines des élections municipales... Quand même ce n'est pas rien...", a-t-il encore sous-entendu ce matin.
Soupçons de manipulation, de dissimulation, voire d'entrave au bon déroulement de la justice... Mais de quelles preuves le président de l'UMP dispose-t-il pour proférer de telles accusations? Florilège.
Alors que l'affaire des écoutes de Nicolas Sarkozy, soupçonné de trafic d'influence, a fait brutalement chuter la popularité de l'ancien chef de l'Etat, Jean-François Copé martèle que l'exécutif est bien à l'origine de cette nouvelle polémique. Et tente une fois encore de démontrer que le gouvernement a menti sur ce qu'il savait des écoutes visant l'ancien président.
"Il y a eu violation du secret de l'instruction par l'exécutif, qui l'a divulgué la presse à quelques jours des élections municipales", a-t-il affirmé ce matin sur Itélé... sans apporter le moindre élément factuel susceptible de corroborer ce grave délit.
Ce qui n'a pas manqué de faire bondir la gauche. "Alors que l'UMP ne cesse d'invoquer, à juste titre, la présomption d'innocence s'agissant de Nicolas Sarkozy, elle n'hésite pas à mettre en cause de façon péremptoire et à déclarer coupable l'exécutif et l'ensemble du système judiciaire, sans preuve", a dénoncé ce mardi le porte-parole du PS David Assouline.
Jean-François Copé pensait-il à l'agenda officieux du président, qui a fuité ce week-end dans Le JDD, et qui montrait que François Hollande a reçu les deux journalistes d'investigation du Monde? "C'est aujourd'hui dans tous les esprits", reconnait Jean-François Copé. Problème: cette rencontre a eu lieu après la publication de l'article du Monde qui révélait l'existence d'une enquête visant Nicolas Sarkozy. Un peu court pour accuser le chef de l'Etat d'avoir participé à une violation du secret de l'instruction.
Après avoir réclamé la démission de Christiane Taubira pour avoir "menti" sur ce qu'elle savait de ces écoutes, Jean-François Copé accuse désormais la directrice de cabinet de la garde des Sceaux de faux témoignage. Ce dernier a en effet balayé d'un revers de main les déclarations de la directrice de cabinet de Christiane Taubira qui a confirmé qu'elle n'était pas au courant des écoutes visant Nicolas Sarkozy lors de son passage sur TF1.
Un témoignage gênant pour l'UMP puisqu'il vient contredire la théorie de "l'espionnage politique" développée depuis deux semaines. "On n'est dupes de rien. Le coup de la directrice de cabinet qui ne vient pas rendre compte à sa ministre ? Mais qui peut croire une chose pareille? Surtout sur une chose aussi sensible, surtout quand on sait qu'elle est l'épouse du conseiller parlementaire de François Hollande", a réagi Jean-François Copé. Selon le député-maire de Meaux, "tout ça montre qu'on essaie par tous les bouts de dissimuler la vérité. Le gouvernement a été pris le main dans le sac".
Quand il n'accuse pas l'exécutif de manipuler la justice, Jean-François Copé s'en prend au programme de l'exécutif. Cette semaine, dans son éditorial de la dernière livraison du Magazine de l'Union, la revue trimestrielle de son parti.
le président de l'UMP a dénoncé un "plan caché" du gouvernement, "déjà en préparation dans les ministères" pour l'après-municipales.
"Voter pour les candidats investis ou soutenus par l'UMP, c'est aussi un moyen de refuser la mise en place" de ce plan, ajoute M. Copé, en le détaillant: "droit de vote des étrangers, augmentation des impôts pour les classes moyennes avec la fusion de la CSG et de l'impôt sur le revenu, ouverture de la PMA pour tous et légalisation de la GPA, réforme Taubira qui vise à éviter aux condamnés de passer par la prison...
Parmi tous ces sujets, plusieurs ont d'ores et déjà été exclus par le gouvernement, comme la légalisation de la gestation pour autrui. Défendue par le PS, la réforme du droit de vote des étrangers et l'ouverture de la PMA aux couples de femmes ont été reportés sine die. Quant à la fusion de la CSG et de l'impôt sur le revenu, elle n'est qu'une des pistes sur la table en vue de la grande réforme fiscale annoncée par Jean-Marc Ayrault.
Seule certitude dans ce plan "caché": la réforme pénale de Christiane Taubira figure bien à l'agenda. Mais cela n'a rien d'un secret. La réforme sera examinée dès le 14 avril par l'Assemblée nationale.