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"Le roi te touche, Dieu te guérit" : Bruno Roger-Petit ne recule devant rien lorsqu'il faut parler du roi Macron
Avant de devenir le porte-parole zélé du président, "BRP" officiait comme éditorialiste au magazine "Challenges".
HAMILTON-POOL/SIPA

"Le roi te touche, Dieu te guérit" : Bruno Roger-Petit ne recule devant rien lorsqu'il faut parler du roi Macron

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Quand l'ancien journaliste devenu porte-parole de l'Elysée parle publiquement du Président, la brosse à reluire est de sortie... Comme dans cet article du "Monde" consacré à la pratique du pouvoir monarchique d'Emmanuel Macron, où "BRP" exhibe des trésors de flagornerie.

Depuis qu'il a intégré le staff du président de la République, il s'est fait plus discret. Secret, même. Lorsqu'il était encore éditorialiste, Bruno Roger-Petit n'hésitait pas à dégainer chaque jour pour défendre son favori, Emmanuel Macron. Entre janvier et mars 2017, ses confrères journalistes à Challenges avaient ainsi recensé pas moins de... 19 articles très avantageux pour le chouchou de "BRP", ou désobligeants envers ses rivaux.

Récompensé de ses bons et loyaux services par un poste de porte-parole du Président le 29 août 2017, l'ancien journaliste n'apparaît plus que par intermittence. Il ne tweete quasiment plus, se bornant à alimenter le compte officiel de l'Elysée, et s'épanche peu dans la presse. Mais lorsque c'est le cas... cela vaut le détour ! Le Monde a publié ce samedi 5 mai un long article explorant la pratique du pouvoir très "verticale" d'Emmanuel Macron, qui se comporte bien souvent comme un monarque plutôt que comme un élu. Sans le vouloir, Bruno Roger-Petit a apporté de l'eau au moulin des journalistes, en livrant des citations d'une dévotion hallucinante pour le Président.

Ainsi, commentant la venue d'Emmanuel Macron à la basilique de Saint-Denis, qui abrite les sépultures des rois de France : "Cette visite était nimbée des forces de l'esprit. Il y a, chez Macron, l'idée de transmission. Il place sa présidence dans la continuité des gouvernants qui l'ont précédé. Il se sent dépositaire de l'histoire". Avec BRP, la courtisanerie prend même des atours mystiques, lorsqu'il donne son avis sur la pratique régulière des bains de foule par le Président : "Pour lui, le toucher est fondamental, c'est un deuxième langage. C'est un toucher performatif : 'Le roi te touche, Dieu te guérit.' Il y a là une forme de transcendance." L'entourage du Président, pourtant expert dans l'art de la flagornerie - que l'on se souvienne de Christophe Castaner louant la "dimension amoureuse" de sa relation à Macron - a sans doute trouvé là son maître.

D'autant que quand il ne livre pas de perles à la presse, "BRP" poursuit une veille discrète mais assidue, qui témoigne de la fièvre qu'il éprouve pour le chef de l'Etat. Retweetant frénétiquement le compte Twitter de l'Elysée avec son compte personnel (ce qui relève en fait de l'autocitation...), le porte-parole guette les signes d'approbation extérieurs envers Emmanuel Macron, et les relaie illico. Lorsque John Lewis déclare à BFMTV que le Président "se bat pour la même société que Martin Luther King", BRP retweete, accompagné d'un sobre mais efficace "Oui."

Lors de sa visite aux Etats-Unis, le chef de l'Etat a prononcé un discours devant le Congrès américain. Un exercice auquel tous les présidents de la République excepté François Hollande se sont pliés, mais qui pour Bruno Roger-Petit revêt ici une symbolique exceptionnelle : "Quand Emmanuel Macron parle au nom de la France et que l'Amérique l'écoute". En toute simplicité républicaine.

Le porte-parole a conclu la visite aux Etats-Unis de Macron en citant un billet du New York Times, choisissant soigneusement son extrait : "Regardant Emmanuel Macron l'autre jour, parler 'on' et sans notes à un groupe de journalistes, concluant trois jours de lune de miel avec le président Trump, la pensée qui venait à l'esprit était: le monde doit à la France un grand moment." Emmanuel Macron, quant à lui, doit à BRP d'avoir les souliers bien vernis.

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Natacha Polony, directrice de la rédaction de Marianne