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Saumon vegan : trois chercheurs seniors lancent leur start-up

Trois scientifiques spécialistes des microalgues ont créé la start-up Odontella. Ils ont inventé un saumon 100% végétal, commercialisé depuis avril2018. Et réussi à lever près d'un million d'euros.

Le docteur Alain Guillou et le docteur Pierre Calleja, cofondateurs d'Odontella, et Soraya El Fathi, responsable du management et de l'administration, également actionnaire de la start-up.
Le docteur Alain Guillou et le docteur Pierre Calleja, cofondateurs d'Odontella, et Soraya El Fathi, responsable du management et de l'administration, également actionnaire de la start-up. (Soraya El Fathi)
Publié le 3 mai 2018 à 14:00

Le professeur Claude Gudin, 82 ans, le biologiste Pierre Calleja, 56 ans, et le docteur en nutrition Alain Guillou, 58 ans, ont créé la start-up Odontella en juillet 2016. « Claude est le pape des microalgues, il y travaille depuis les années 1980. Alain est également spécialisé dans ce domaine. Quant à moi, j'ai un doctorat en biologie des microalgues », précise Pierre Calleja.

En juillet 2016, en terrasse d'un café bordelais, place Camille-Jullian, le professeur Gudin lance : « J'ai 81 ans, j'ai analysé les microalgues toute ma vie. Où est le résultat concret ? » La start-up Odontella voit alors le jour, avec pour objectif de « mettre les microalgues dans l'assiette du consommateur ».

Le stand d'Odontella dévalisé au VeggieWorld

Pari gagné en avril 2018, avec la commercialisation du « Solmon », un saumon 100 % végétal. Présenté au VeggieWorld à Paris les 7 et 8 avril 2018, le produit a séduit les papilles. « Le stand a été dévalisé », témoigne sur YouTube un consommateur qui réalise une dégustation en vidéo. Les tranches ont l'apparence, la texture et le goût du saumon, mais le poisson est remplacé par la microalgue odontella.

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La dizaine de magasins à Paris et Bordeaux qui vendent le Solmon depuis le 17 avril 2018 sont aussi en rupture de stock. Le produit, breveté, est vendu 9,40 euros la plaquette de 120 grammes. « Nous avons vendu une centaine de kilos, je suis actuellement au laboratoire, à Eysines, pour superviser une nouvelle production », explique Pierre Calleja.

S'ils ont su innover, les chercheurs ne sont pas des commerciaux nés. « Contrairement à la plupart des startuppeurs, nous ne sortons pas d'une école de commerce », sourit le quinquagénaire. Pour remédier à ce manque, ils pourraient s'allier avec des profils marketing et administratif. « Mais nous avançons étape par étape, nos moyens sont assez limités. Notre chiffre d'affaires avoisine les 50.000 euros en 2018 », souligne Pierre Calleja.

Les trois entrepreneurs se sont lancés avec un apport personnel de 300.000 euros, une aide de 100.000 euros de la région Aquitaine et un crowdfunding de 700.000 euros. Odontella réfléchit aussi à travailler en partenariat avec des distributeurs. L'objectif est de vendre les produits dans une cinquantaine de magasins et de les exporter en Belgique, en Allemagne, en Angleterre et en Suisse.

Après le Solmon, les crevettes vegan

Chercheurs avant tout, ces startuppeurs innovent continuellement. « Le Solmon actuellement en labo est meilleur que celui en magasin, c'est la 217e version », assure Pierre Calleja. En décembre 2018, Odontella lancera de nouveaux produits vegan à base de microalgues : du caviar, des coquilles Saint-Jacques, des crevettes, un pavé de saumon…

« La France est la première consommatrice de saumon fumé de la planète. Face à la raréfaction des ressources naturelles, il faut adopter une alimentation plus flexible. Pour moi il n'y a que deux solutions : les insectes ou les microalgues », pointe Pierre Calleja. Les microalgues marines se développent très rapidement et n'ont pas d'impact négatif sur la planète. Elles captent même du CO2. Mais pour l'instant, seule Odontella est autorisée à la consommation humaine. Et son utilisation reste très réglementée par l'Union européenne.

Avec la création de leur start-up, les scientifiques veulent donc aller plus loin. « Nous voulons élargir les possibilités d'utilisation d'Odontella et homologuer d'autres microalgues », affirme Pierre Calleja. « Pour l'instant, nous sommes des peintres qui disposent de couleurs très réduites et réalisent des tableaux en noir et blanc. » Pour ce biologiste, l'aventure ne fait que débuter.

Amélie Petitdemange 

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