Simplon, ou l’inclusion sociale par le codage

Apprenants d'une formation Simplon à Montreuil [Simplon]

Simplon forme gratuitement au métier de développeur des publics éloignés de l’emploi ou des personnes en reconversion professionnelle. Un projet qui séduit les fonds européens toutes catégories.

Mettre le numérique au service de l’inclusion sociale : c’est le pari de Simplon.co. L’entreprise sociale, qui fête ses 5 ans le 30 avril, forme gratuitement au métier de développeur des personnes sans emploi, des jeunes ou encore des publics éloignés du numérique, tels que les femmes.

« Au départ, c’était comme aller à la piscine sans savoir nager, et qu’on nous jette à l’eau », décrit Nicky, en formation à Montreuil, où se trouve le siège historique de l’entreprise. Comme beaucoup d’apprenants, le jeune homme de 25 ans n’avait auparavant jamais codé, mais a dû dès le départ réaliser des projets en autonomie, le formateur ne venant qu’à la demande explicite des participants. Ces derniers doivent ainsi « gérer les priorités et leur temps », décrit Tiffany, une autre apprenante, alors que ses collègues vont et viennent librement des salles de formation remplies d’ordinateurs.

Si « parfois on aimerait être un petit plus bercés », concède Tiffany, son amie Jena souligne au contraire les bienfaits « d’apprendre à apprendre, pour éviter qu’on soit bloqués à l’avenir quand on sera confrontés à d’autres langages numériques ».

« On s’aide beaucoup dans la promotion », poursuit la jeune femme, rejointe par Matthieu, 31 ans. « On a tous des cursus et des préférences différentes, donc chacun se spécialise et se complète lors des travaux d’équipe ».

Si la méthode peut prendre de court, elle permet aussi de « tester la motivation », selon Nicky, qui souligne qu’un même principe se retrouve dans la procédure de sélection. Cette dernière se compose d’exercices à réaliser sur des plateformes en ligne, ainsi que de quatre entretiens. Aucun prérequis technique ou de diplôme n’est demandé aux candidats, le but étant de diversifier les profils.

Pérenniser le projet

Simplon affiche le succès de sa méthode : 77 % de sorties positives dans les six mois suivant la formation, dont 78 % de retour à l’emploi. Face à ces résultats, l’entreprise attire de plus en plus de candidatures, avec le défi de maintenir la gratuité de ses formations.

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« Il a fallu trouver un modèle économique pérenne », explique Frédéric Bardeau, cofondateur et président de Simplon. Simplon a adopté le statut d’entreprise sociale, qui lui permet de « jouer sur tous les tableaux. Nous avons pris des engagements sociaux très forts (gouvernance partagée, limitation de l’écart entre le salaire le plus bas et celui le plus élevé), en échange desquels nous avons droit à de la dette pas cher, des investisseurs de l’épargne salariale solidaire des salariés, des crédits spéciaux, ainsi qu’un peu de subventions et de mécénat », poursuit Frédéric Bardeau.

À côté de ces sources de financement, Simplon bénéficie de fonds pour la formation professionnelle ainsi que de fonds européens.

Attribués et coordonnés par les régions, ces derniers visent à promouvoir une convergence des niveaux de vie dans l’Union européenne, ainsi qu’à lutter contre le chômage en particulier des jeunes. Depuis 2016, le projet a accumulé 916 333 euros issus de fonds européens, en piochant dans toutes les catégories.

Les fonds concernés sont le FEDER (Fonds européen de développement économique et régional), le FSE (Fond social européen), l’ITI (Investissement territorial intégré, qui mobilise des financements des deux fonds précédents) ainsi que de l’IEJ (Initiative pour l’emploi des jeunes), cette dernière ayant pour objectif entre autres d’aider les NEETs (jeunes sans emploi, sans étude et sans formation).

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Cap sur l’international

Fort de 41 « fabriques », terme qu’elle emploie pour désigner ses centres de formation, Simplon souhaite aujourd’hui étendre son réseau à l’international. Quatre centres sont déjà opérationnels à l’étranger, en Belgique, Espagne, au Liban et au Sénégal. Des projets sont aussi en développement en Inde, Jordanie, Suisse et en Afrique.

Si le concept reste le même, « les fabriques s’adaptent au contexte local », poursuit Frédéric Bardeau, et « notamment au type de public en difficulté. En Europe, le focus est mis sur les NEETs, ainsi que sur les réfugiés. Au Liban ou à Dakar, le vrai problème est celui des diplômés qui ne trouvent pas de travail, du fait que leur formation était soit obsolète soit trop théorique ».

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