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IMMIGRATION

"Islamophobe, évangéliste"... Ken Isaacs, un candidat américain controversé pour l'OIM

L'Organisation mondiale pour les migrations (OIM) doit choisir son nouveau directeur général en juin. Épinglé à plusieurs reprises pour ses propos sur l’islam et les musulmans, le candidat américain Ken Isaacs suscite la controverse.

Ken Isaacs, le 19 mars 2018, lors d'une conférence de presse à Genève.
Ken Isaacs, le 19 mars 2018, lors d'une conférence de presse à Genève. Fabrice Coffrini, AFP
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"J’ai consacré ma vie à aider les gens dans le besoin à travers le monde". C’est par ces mots que débute la vidéo de campagne pour le candidat américain au poste de directeur général de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM). Âgé de 65 ans, Ken Isaacs, désigné par l’administration Trump, y apparaît sur le terrain, visitant des camps de réfugiés, entouré d’enfants, serrant chaleureusement des mains et vantant sa longue expérience.

La vidéo de promotion pour la cnadidature de Ken Isaacs

Des tweets embarrassants

Ce choix est pourtant loin de faire l’unanimité et suscite depuis plusieurs semaines la controverse. Sa nomination "serait un embarras pour les États-Unis", a ainsi titré le Washington Post. Le quotidien américain a en effet déterré plusieurs tweets compromettants rédigés par Ken Isaacs entre 2015 et 2017 et assimilant la violence à l’islam. "Si vous lisez le Coran, vous saurez que ceci est exactement ce que la foi musulmane ordonne aux fidèles de faire", a-t-il ainsi écrit après l’attaque terroriste sur le London Bridge en juin 2017. "Si l’islam était une religion de paix, nous verrions deux millions de musulmans marcher dans les rues de Washington contre le jihad et pour soutenir l’Amérique. Je n’ai jamais vu ça", a-t-il aussi publié sur son compte Twitter. À l’été 2016, Ken Isaacs a également estimé que la Suisse et l’Autriche devraient construire un mur pour mieux contrôler leur frontières face aux réfugiés.

Vice-président de Samaritan’s Purse, une ONG humanitaire chrétienne œuvrant "dans le monde pour promouvoir la parole de Jésus Christ", le candidat américain est aussi connu pour être proche des milieux évangélistes. "Les réfugiés représentent deux groupes. Certains peuvent retourner chez eux d’autres non. Les chrétiens ne peuvent jamais retourner chez eux. Ils doivent être la priorité", a affirmé cet humanitaire de carrière dans un autre tweet.

Ces propos apparaissent bien loin des valeurs humanistes de l’OIM, la principale organisation intergouvernementale dans le domaine des migrations, qui aspire "à protéger les droits de toutes les personnes en mouvement". Interrogé par l’AFP sur ses positions polémiques qu'il dit regretter, Ken Isaacs s’est défendu de toute islamophobie. "En tant que personne qui a la foi, j’ai un profond respect pour les personnes de toutes confessions, cela inclut les musulmans", at-il écrit dans un courrier. "J’ai dédié ma vie à servir les personnes touchées par les guerres, les famines et les pires désastres. Je n’ai jamais fait attention à leur religion et je ne le ferai jamais".

La Maison Blanche a également appuyé son candidat dans un communiqué en lui réaffirmant son soutien total : "Comme le vice-président l’a dit, Ken Isaacs est le genre de dirigeant dont nous avons besoin à la tête de l’OIM. Son intégrité, son expérience, et ses résultats auprès des personnes en souffrance montrent son engagement pour améliorer la vie de millions de personnes à travers le monde".

Une des actions de l'OIM

Opération séduction

Depuis, Ken Isaacs a fermé son compte Twitter et parcourt l’Europe et l’Afrique pour vanter sa candidature. Il a même rencontré le pape François en avril dernier. Mais malgré son mea culpa et son opération séduction, sa nomination paraît compromise. Le journal Le Temps reconnaît "sa longue carrière dans les projets et les opérations humanitaires à travers le monde " et sa qualité "d'homme de terrain", mais pointe du doigt son manque "d'expérience diplomatique." Interrogé par le quotidien suisse, Vincent Chetail, professeur de droit international au Graduate Institute (IHEID) à Genève, estime ainsi qu'au vu du profil de cet humanitaire, "si Trump voulait perdre cette élection, il ne pouvait pas faire mieux".

La rencontre de Ken Isaacs avec le pape François

De son côté, le journaliste américain Colum Lynch, expert des Nations unies, n’est pas si catégorique. Comme il l’explique dans Foreign Policy, "Isaacs fait toujours course en tête car les grandes puissances européennes ne souhaitent pas défier la traditionnelle mainmise américaine sur ce poste, car cela pourrait entraîner une baisse des financements de l’organisation ou encore leur faire perdre le soutien de Washington sur d’autres sujets". Depuis la fin des années 1960, tous les directeurs généraux de l’OIM sont originaires des États-Unis, premier contributeur de l'organisation. Une pratique admise par tous veut en effet que le poste revient au pays qui contribue le plus au financement de cet organisme.

Pour se faire élire, le 29 juin prochain, Ken Isaacs aura de toute façon besoin des deux tiers des votes. Comme le note Colum Lynch, certains des 169 états membres sont des pays musulmans et pourrait être réticents à l’idée de choisir un tel candidat. Dans la course à la tête de l’OIM, Ken Isaacs va devoir aussi évincer ses adversaires, le Portugais Antonio Vitorino, un ancien ministre de la Défense et commissaire européen à la Justice, et la Costaricaine Laura Thompson, l’actuelle directrice général adjointe de l’OIM.

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