Thierry Ardisson déclare la guerre aux gauchistes de France Inter

“Les médias vont mal, les journalistes sont plus impopulaires que les prostituées”, s’alarme Franz-Olivier Giesbert dans “Les Terriens du dimanche”. On se demande pourquoi.

Par Samuel Gontier

Publié le 07 mai 2018 à 21h00

Mis à jour le 08 décembre 2020 à 01h24

«Je voudrais jouer le rôle de laquais du pouvoir », propose Franz-Olivier Giesbert. Le chroniqueur des Terriens du dimanche, sur C8, réagissant aux révélations sur les rabais suspects obtenus auprès de la société GL Events lors de la campagne présidentielle, salue les redoutables qualités de négociations ainsi démontrées par l’équipe d’Emmanuel Macron. Puis il interroge l’invité, l’éditorialiste Jean-Michel Aphatie : « Les médias vont mal, les journalistes sont plus impopulaires que les prostituées. » On se demande pourquoi.

 

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« Des hommes politiques font leur beurre en les attaquant », poursuit Franz-Olivier Giesbert. Ainsi qu’un chroniqueur de chez Ardisson. « Je pense à Jean-Luc Mélenchon ou à Donald Trump. » Mais pas à Emmanuel Macron. L’éditorialiste connaît la raison de cette désaffection, « le côté moutonnier de notre profession ». Et le côté flagorneur, non ? « C’est toujours la même eau tiédasse, on a perdu le sens de la diversité, y a des trucs qu’on n’a pas le droit de dire ! » « Qu’est-ce que vous n’avez pas le droit de dire ? », lui demande Jean-Michel Aphatie. J’imagine que FOG va lui répondre qu’on n’a pas le droit d’encenser Maurras, de dénoncer la christianophobie, le grand remplacement et le racisme anti-blanc. C’est ce que lui et ses collègues disent tous les dimanches soirs, encouragés par les « bravo ! » d’Ardisson.

A ma grande surprise, Franz-Olivier Giesbert ajoute un tabou à son répertoire : « L’histoire des Kurdes. Y a un espèce de génocide en préparation… » Ah bon ? Et personne n’en parle ? « Rien, rien, rien ! Vous êtes tous là à mouliner sur Bachar Al-Assad ! » Je vérifie dans le 20 heures de TF1 de ce dimanche. Effectivement, pas de Kurdes. Mais pas plus de Bachar Al-Assad. Et pas un mot sur les législatives libanaises ou les municipales tunisiennes. Quant à Emmanuel Macron, s’il n’évoque pas le génocide en préparation, c’est simplement que ses intervieweurs ne lui en donnent pas l’occasion, assurent de conserve Jean-Michel Aphatie et Franz-Olivier Giesbert.

 

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Justement, Gilles-William Goldnadel a une question à propos d’un de ces intervieweurs. (Je passe sur l’intervention Raquel Garrido demandant à Jean-Michel Aphatie de raconter son parcours de cancre parce qu’« il y a beaucoup cancres et de parents de cancres qui nous regardent à la maison ».) Ll’avocat, comme Pascal Praud et de nombreux observateurs, ne digère pas qu’Edwy Plenel ait été choisi pour interroger Emmanuel Macron avec Jean-Jacques Bourdin.

Il interpelle Jean-Michel Aphatie, qui jadis s’en prit violemment à Mediapart à propos de l’affaire Cahuzac. « Est-ce que vous auriez adoubé monsieur Plenel, après son soutien à Ramadan, après qu’on a appris qu’il avait soutenu l’attentat aux jeux Olympiques de Munich ? » Et l’expulsion des juifs d’Espagne. « Dans l’intérêt des Français et du président de la République, vu dont la manière dont il a été rudoyé, et traité, sans qu’on l’appelle “monsieur le Président”, vous auriez adoubé ou non Plenel ? » Monsieur Plenel.

 

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A la grande contrition de Thierry Ardisson et des ses chroniqueurs, Jean-Michel Aphatie estime positif le bilan de dix ans d’exercice du journalisme par Mediapart. C’est embêtant. Le site d’Edwy Plenel et de ses sbires est l’ennemi préféré de l’émission en tant que bastion de la bien-pensance et allié objectif de l’islamisme, de la christianophobie, de Ramadan, de l’antisémitisme, des migrants, de l’ultra-gauche et de Ponce Pilate (mais pas de Charles Maurras). Cependant, Jean-Michel Aphatie exclut de son bilan positif l’affaire Cahuzac. Thierry Ardisson saute sur l’occasion pour rediffuser un extrait du Grand journal dans lequel l’éditorialiste accuse Edwy Plenel de ne pas fournir de preuve de l’existence du compte en Suisse du ministre.

Cinq ans plus tard, Jean-Michel Aphatie n’en démord pas, Mediapart a fauté en incriminant Jérôme Cahuzac sans preuve, « c’est du journalisme d’affirmation. Et le journalisme d’affirmation, ça ne s’enseigne pas dans les écoles de journalisme ». Là ! Thierry Ardisson ayant obtenu ce qu’il voulait, il enchaîne avec la rubrique « Le tour du monde des images les plus ovniesques ».

 

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La première séquence montre comment la « ville de Lausanne a eu l’idée de créer un musée imaginaire pour sensibiliser les Suisses au harcèlement de rue ». Justement, tout à l’heure, Thierry Ardisson et ses chroniqueuses Monia Kashmire et Hapsatou Sy, aussi remontées contre le sexisme que contre le racisme anti-blanc, ont vertement réprimandé Jean-Michel Aphatie pour avoir commenté sur Twitter les tenues vestimentaires d’Audrey Crespo-Mara (présentatrice de TF1 et épouse de Thierry Ardisson) et d’Aurore Bergé (le jour où la députée était invitée de Thierry Ardisson). Du coup, je m’attends à ce que l’initiative de la ville de Lausanne soit plébiscitée.

 

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Thierry Ardisson s’enquiert : « Est-ce que quelqu’un a quelque chose d’intelligent à dire ? » « C’est con », répond Franz-Olivier Giesbert. « Ça sert à rien », répond Hapsatou Sy. « Ça sert à rien », répète Thierry Ardisson. « Quand un gars harcèle dans la rue, développe Hapsatou Sy, c’est qu’il a un problème d’éducation. C’est pas là-bas que ça se traite. » A quoi bon un dispositif de sensibilisation, se lamente unanimement l’assemblée qui, quelques minutes plus tôt, s’extasiait devant une pub allemande pour sensibiliser les pédophiles et les inciter à consulter.

« Moi, j’ai une réflexion immensément intelligente », intervient Gilles-William Goldnadel. Ça promet. « 25 % des gens harcelés sont des hommes. » Chiffre tiré d’un rapport du Mossad commandé par le Front national. « Or je ne vois pas dans ce musée des hommes harcelés. » Scandale ! « Mais ils sont harcelés par qui ? », demande Jean-Michel Aphatie. « Par des femmes ! » « Des femmes ? » « Ah oui, Jean-Michel ! » Mais ça, on n’a pas le droit de le dire. Sauf chez Ardisson.

 

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Thierry Ardisson enchaîne avec l’histoire d’un Indien né sans bras dont l’habileté à coudre avec les pieds a fait « un héros local ». « Vous allez dire que je suis bisounours mais ça me met les larmes aux yeux », s’émerveille Franz-Olivier Giesbert. « C’est superbe », confirme Monia Kashmire. « Ce type, qu’est-ce qu’il ferait dans notre société ?, poursuit FOG. Là, il est tellement heureux, il a la joie de vivre ! » On devrait envoyer tous nos handicapés en Inde, ils seraient beaucoup mieux intégrés. « Ça montre que l’injustice naturelle, c’est cela, bien avant les questions économiques, estime Gilles-William Goldnadel. Et d’autre part, qu’on peut vaincre même ces injustices naturelles. » Il suffit de le vouloir (et d’émigrer en Inde). « Moi je trouve ça très beau. » C’est toujours très émouvant, la misère.

 

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Le tour du monde se poursuit au Brésil, à la rencontre de Marcio, sculpteur qui vit dans son château de sable sur une plage de Rio. « Etre heureux, c’est la politesse des pauvres, réagit Raquel Garrido. En France, quand on demande : “Ça va ?”, des gens vont te dire : “Non.” En Amérique du Sud, c’est formellement proscrit, c’est impoli de manifester son malheur. Dans l’espace public, on doit apporter à la collectivité de la joie, pas du malheur. Et ça, on le sent dans les pays pauvres. » Manquerait plus que les pauvres se mettent à râler.

 

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Gilles-William Goldnadel est à l’honneur, c’est l’heure de sa « zone libre », tournée devant la Maison de la radio sur le thème : « Existe-t-il une pensée France Inter ? » « C’est ici que sévit France Inter, le bunker du camp du Bien, commence l’avocat. C’est ici que les humoristes ciblent toujours les mêmes cibles et que les journalistes qui doivent être neutres ont décidé de vous endoctriner. Et ça coûte 10 millions d’euros au contribuable. » Suit une compilation d’attaques de journalistes et d’humoristes, toujours contre les mêmes cibles de la droite la plus respectable : Nicolas Dupont-Aignan, Florian Philippot, Jean-Marie Le Pen, Christine Boutin, Nadine Morano, Laurent Wauquiez.

« Je n’ai rien contre les journalistes de Radio France, explique Gilles-William Goldnadel en plateau. Mon combat, c’est un combat pour le pluralisme et contre l’endoctrinement. » « Là, franchement, bravo !, applaudit Thierry Ardisson. Vous vengez beaucoup de gens. » Situés à la droite de Laurent Wauquiez.

« Pour une fois, je suis d’accord avec Macron [pour qui l’audiovisuel public est “la honte de la République”] : l’audiovisuel public, c’est un scandale d’Etat, juge l’avocat. Pas seulement pour la gabegie financière. Tous les humoristes sont de gauche. Et qu’on ne me parle pas d’esprit rebelle au sein de leur esprit capitonné dans leur petit studio capitonné ! » Payé par nos impôts, le capitonnage, alors que le cahier des charges de la radio l’oblige au pluralisme et à la neutralité, ce qui pose « un vrai problème démocratique. Nous, on est dans le pluralisme alors qu’on n’est pas obligé ! » « Quel bon avocat ! », s’extasie Thierry Ardisson. Convaincu, je décide de verser ma prochaine redevance à Vincent Bolloré.

 

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« Les auditeurs de France Inter, ajoute Gilles-William Goldnadel, ce sont des auditeurs très à gauche qui engueulent les autres de gauche pour trahison. » Des islamo-gauchistes qui s’en prennent à Manuel Valls. « Moi qui suis de droite, j’ai l’impression de déranger. » Il faut écouter Radio Courtoisie.

« Le jour où un attentat des Talibans a fait 50 morts en Afghanistan, ils ont ouvert sur la marche des migrants, avec José Bové et monseigneur Gaillot ! » Il ne faudra pas s’étonner si la France tombe aux mains des Talibans. La chronique de Sophia Aram aussi défendait les migrants, puis était invité « Alain Baddiou, dernier maoïste vivant ! ». Enfin, le journal de 13 heures s’ouvrait avec l’organisateur de la marche des migrants. « Je me refuse à l’endoctrinement et je veux me dresser contre le dressage. » Contre la fabrique du consentement au grand remplacement.

Pour y avoir travaillé, Jean-Michel Aphatie soutient que France Inter est « une belle radio ». « Y’a aucun pluralisme, vous le savez très bien », l’interrompt Thierry Ardisson. De son côté, Raquel Garrido estime que « France Inter est du côté du manche, du côté du pouvoir ». « Non », s’oppose Thierry Ardisson. « On laisse les humoristes avoir un regard critique » mais l’approche des questions économiques reste libérale, reproche la chroniqueuse. « Ce sont des bobos snobs ! », tranche Thierry Ardisson pour clore la discussion.

 

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C’est l’heure de la revue de l’actualité de la semaine par l’humoriste Tanguy Pastureau, il revient sur le 1er-Mai des Blacks blocs « qu’en français on traduit par “connards en noir”. Il y a eu de la casse, on a accusé les dyslexiques. Parce qu’il n’y a qu’eux pour écrire “ACABADABRA” ! »

 

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Tanguy Pastureau est très content de son effet, un plan montre Natacha Polony, Raquel Garrido et Franz-Olivier Giesbert hilares. Ils semblent ignorer le jeu de mot entre la formule magique et le slogan ACAB, « All Cops Are Bastards ». Sans doute parce que c’est un truc de bobos snobs qui écoutent France Inter.

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