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Politique

Pourquoi Emmanuel Macron n'est ni monarque, ni libéral pur jus

C’est le jour où l’économie française aura repris de l’allant et le chômage baissé qu’on saura s’il faut voir dans le chef d'Etat français un libéral ou un social-démocrate.

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C’est au capital et non pas au travail que les mesures économiques et sociales que ce président a prises en un an donnent à sourire.

C’est au capital et non pas au travail que les mesures économiques et sociales que ce président a prises en un an donnent à sourire.

François Guillot/AP/SIPA

Il y avait «le président des riches» ou des «très riches». Il y a maintenant «la tentation monarchique» ou déjà «la monarchie» mais, si partiellement fondées qu’elles soient, ces appréciations ne rendent pas compte de ce qu’est Emmanuel Macron.

C’est au capital et non pas au travail que les mesures économiques et sociales que ce président a prises en un an donnent à sourire. Emmanuel Macron ne se perd pas non plus en négociations pour «transformer la France». Il décide et le fait seul au nom du programme sur lequel il a été élu mais on oublie, d’abord, qu’il est en première ligne des batailles sur la taxation des nouvelles multinationales, de la régulation du travail détaché et de l’harmonisation fiscale entre Etats membres de l’Union qui se ferait au détriment du dumping pratiqué par l’Irlande, le Luxembourg ou l’Estonie.

Ce n’est pas la marque d’un libéral pur jus, pas du tout, car ce philosophe passé par la banque d’affaires et Bercy n’en est pas un. Ce qui l’habite n’est pas Hayek et moins encore Margaret Thatcher mais la grandeur de la France, Louis XIV, les Lumières, Bonaparte et De Gaulle.

Macron relance la politique européenne

Ce qu’il veut, c’est refaire de «cet archipel donné au monde qu’est la France» une nation essentielle et, comme Colbert, il s’emploie pour cela, aux manettes de l’Etat, à redonner du muscle et de l’air à l’industrie afin d’attirer capitaux et entrepreneurs dans ce pays singulier qui faisait peur à l’argent.

Il veut, oui, mettre l’argent de son côté et les comptes de la France en règle avec les engagements pris à 28 mais ce serait se tromper que de voir là de l’idéologie ou une défense d’intérêts de classe. Cette démarche est un moyen, pas un but, et l’objectif poursuivi est de redonner à la France assez de poids dans l’Union pour qu’elle y redevienne incontournable et puisse en faire cette puissance politique qu’elle-même ne peut plus être seule et dont l’affirmation a toujours été son ambition nationale.

Emmanuel Macron ne rompt pas avec la politique européenne de ses prédécesseurs. Il la relance après trop d’années d’essoufflement et de découragement dues au choc de l’unification allemande et à la morosité de l’économie française. Comme la cavalerie, ce jeune président arrive au moment où le fort allait tomber. C’est ce qui lui donne cet éclat que renforcent encore le repli britannique et le fractionnement de l’échiquier allemand.

Pour l’heure au moins, la France est redevenue la locomotive de l’Europe et les moyens qu’y a mis Emmanuel Macron ne préjugent en rien de ce que sera sa politique sociale le jour où l’économie française aura repris de l’allant et le chômage baissé.

C’est ce jour-là qu’on saura s’il faut voir en lui un libéral ou un social-démocrate mais, si son pari a réussi, on pourrait bien découvrir qu’il veut être le président qui aura fait passer la France des protections collectives affaiblies par les temps nouveaux à des protections individuelles, infiniment plus appropriées aux bouleversements industriels en cours et aux nouvelles organisations du travail qui en découlent.

Un intellectuel utopiste

Reste donc la monarchie. Le reproche est vieux comme la V° République. Sous De Gaulle, le Canard enchaîné décrivait le fonctionnement du pouvoir dans une chronique hebdomadaire titrée «La Cour». La tentation monarchique a ensuite été imputée à Giscard et Mitterrand. Il suffit, autrement dit, à un président français d’avoir du style et de la volonté pour être soupçonné de se prendre pour un monarque de droit divin mais le fait est que sous Giscard et Mitterrand, il y avait une opposition alors que sous Macron, il n’y en a guère plus que sous De Gaulle ou Bonaparte.

Cette réalité renforce l’accusation mais ce n’est pas Emmanuel Macron qui a inventé l’affaiblissement des syndicats français, la crise de la social-démocratie et l’éclatement de la droite entre centristes et droite réactionnaire. Son élection est au contraire le fruit de cette fin d’une période. Comme De Gaulle et Bonaparte, il est arrivé au pouvoir alors que la France était à la ramasse et, comme eux, il veut ouvrir un nouveau chapitre, l’écrire de sa main, comme ses discours, en intellectuel hanté par la cité idéale, par cette Europe politique dont l’âme serait la France et le rôle celui de lumière des nations. Emmanuel Macron n’est ni monarque, ni thatchérien. C’est un intellectuel utopiste.

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