Faire rêver avec l’Europe en général et avec Bruxelles en particulier peut sembler un sacré défi par les temps qui courent. Et pourtant, c’est bien celui que compte relever la capitale belge qui s’attelle à faire de son quartier européen un lieu de vie et même de tourisme. Alors que les sempiternels immeubles de bureaux du secteur commencent à s’agrémenter plus fréquemment que par le passé de nouvelles habitations, Bruxelles compte faire de ses institutions un véritable pôle d’attraction et pas seulement le lieu de rencontre des eurocrates, parlementaires et autres lobbyistes.

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Et pour ce faire, le meilleur atout de la ville pourrait bien être l’une des dernières nouvelles infrastructures européenne: le bâtiment Europa. Opérationnel depuis 2017, le lieu est le siège principal du Conseil européen et du Conseil de l’Union européenne. En tant que tel, il accueille notamment les sommets de l’UE, les sommets multilatéraux et les sessions ministérielles, chaque salle de réunion devant accueillir au moins 32 cabines d’interprètes pour les besoins de traduction. Mais au-delà de la curiosité de découvrir ses salles colorées qui ont accueilli Angela Merkel ou Emmanuel Macron, l’endroit est un vrai plaisir pour les yeux.

Une lanterne pour éclairer la politique européenne?

Conçu par le cabinet de Philippe Samyn et Partenaires (Belgique), en association avec Studio Valle Progettazioni et Buro Happold (ingénieurs), l’endroit marie harmonieusement l’ancien et le contemporain. Le bâtiment fait en effet, sous une résille de verre, la jonction entre une pure création et l’imposant «Résidence palace», vaste ensemble d’immeubles de luxe construit dans les années 1920 avant d’être transformé en bureaux et d’accueillir notamment le Centre de presse international.

La partie contemporaine du bâtiment évoque une immense amphore ou plutôt une «lanterne» selon l’expression de l’architecte (voir la vidéo). On peut y voir l’image d’un lieu censé éclairer la politique européenne mais cette forme étonnante répond avant tout à une série de contraintes pratiques. La présence d’une gare souterraine sous une partie du bâtiment ne permettait pas de créer des étages sur toute la surface et comme il fallait une série de salles de réunion de taille croissante puis décroissante, cette forme de lanterne s’est imposée d’elle-même. Quant à la surprenante façade avec ses cadres de fenêtres en chêne, c’est à la fois un clin d’œil écolo et une référence à l’Union européenne. Toutes les fenêtres sont en effet issues de chantiers de démolition répartis à travers l’Europe.

Des visites plus faciles à partir de juin

Visiter les lieux devrait être plus facile à l’avenir pour les touristes individuels car le Conseil va se doter d’ici le mois prochain (en phase test) d’un véritable centre d’accueil des visiteurs, à l’image de ce dont dispose le Parlement européen depuis des années. Il sera alors possible d’organiser pour tous une découverte des lieux, pour peu que l’on se soit inscrit à l’avance et que les lieux ne soient pas occupés par une rencontre officielle. Preuve de cette volonté d’aller plus vers le grand public, le Parlement qui dispose déjà du plus grand site européen d’accueil pour les visiteurs va multiplier petit à petit les lieux dédiés à la découverte de cette institution européenne à travers les États membres. Un centre est déjà ouvert à Berlin, en attendant celui de Rome ou celui de Paris, qui devrait voir le jour du côté du boulevard Haussmann.

Et pour compléter les visites du Parlement, du Conseil ou de la Commission, les curieux pourront aussi découvrir la Maison de l’histoire européenne (ou plutôt la House of european history, l’usage du seul Français étant problématique dans un pays où les controverses linguistiques ont vite fait de s’enflammer). Dans le cadre du parc Léopold qui accueillait auparavant le parc zoologique de la ville, l’ancien bâtiment Eastman accueille désormais un ambitieux musée transnational. Dans cette élégante construction Art déco où l’on soignait autrefois gratuitement des dents des enfants, la clinique dentaire a laissé la place à 4000 m² d’exposition. Entre espaces thématiques et chronologiques, le public découvre tout ce qui unit, mais aussi ce qui sépare, les peuples européens. Jamais à cours de paradoxes, le musée met notamment en valeur une citation de l’écrivain italien Umberto Eco (en version originale évidemment): «La langue de l’Europe, c’est la traduction».