Hausse des carburants : la faute aux taxes et aux marges

Le prix des carburants a fortement augmenté depuis un an. L’association de défense des consommateurs CLCV appelle l’État et les distributeurs à la modération.

 Le gazole s’affiche désormais en moyenne à 1,431 euro le litre, soit une augmentation de 21,5 centimes d’euro sur les douze derniers mois.
Le gazole s’affiche désormais en moyenne à 1,431 euro le litre, soit une augmentation de 21,5 centimes d’euro sur les douze derniers mois. LP/J.B.

    1,575 euro le litre. C'est le prix moyen auquel s'est vendue l'essence sans plomb (SP) 98 en France la semaine dernière. Soit depuis un an une hausse de 14,3 centimes d'euro (+ 10 %). La situation est encore pire pour le gazole, qui s'affiche désormais en moyenne à 1,431 € le litre. Une augmentation de 21,5 centimes d'euro (+ 17,70 %) sur les douze derniers mois.

    Comment explique-t-on cette flambée des prix à la pompe? « On la doit en partie à la hausse du prix du baril de pétrole brut », analyse la CLCV (Consommation, logement et cadre de vie), dans un communiqué publié ce jour. Mais pas seulement.

    L'association de défense des consommateurs accuse en effet les pouvoirs publics d'abuser des taxes sur les produits pétroliers. Mais également les distributeurs (comme le groupe Total ou les enseignes de la grande distribution) d'avoir largement augmenté ces derniers mois leurs marges de distribution, sur le dos des automobilistes.

    « Les taxes ont explosé »

    « Certes, le prix du baril de pétrole brut, qui représente en moyenne environ un tiers du prix à la pompe, a bien augmenté sur un an, analyse François Carlier, le délégué général de la CLCV. Mais son impact a été largement amorti par la forte appréciation de l'euro par rapport au dollar (NDLR : l'euro valait 1,07 dollar en avril 2017, contre 1,23 dollar en avril 2018). » Ainsi, selon la CLCV, si ce prix du brut s'est renchéri sur un an de 4,72 €, passant de 52,5 à 57,22 €, son impact sur le prix du litre de carburant a lui été inférieur à trois centimes.

    L'État aurait-il la main trop lourde sur les taxes ? « Ces dernières ont explosé, fustige François Carlier. Comme la contribution climat énergie. Elles pèsent notamment sur le diesel, du fait de la volonté des pouvoirs publics d'effectuer un rattrapage avec la fiscalité de l'essence. »

    Pour ce carburant, le montant total des taxes est de 93,7 centimes par litre en moyenne depuis le début de l'année. Soit une augmentation de cinq centimes au litre par rapport à l'année précédente. Le gazole n'est pas mieux loti. Avec une marge passée à 84,1 centimes par litre en moyenne depuis le début de l'année, soit neuf centimes de plus.

    Moins de stations-service : moins de concurrence

    Les distributeurs sont eux aussi dans le viseur de l'association de consommateur. Ces derniers auraient, selon elle, profité de la remontée des prix du brut pour accroître leurs marges de distribution. « Notre association dénonce depuis plusieurs années l'augmentation structurelle de ces marges, dénonce encore François Carlier. La France a longtemps bénéficié d'une forte concurrence dans ce secteur, notamment grâce à la présence grandissante des grandes surfaces. » Cette concurrence permettait d'avoir des marges parmi les plus basses d'Europe, autour de six ou sept centimes.

    Sauf que la chute du nombre de stations-service, passé de plus de 30 000 dans les années 1970 à moins de 11 000 cette année, a fait reculer cette concurrence dans de nombreuses régions, notamment les plus rurales. Résultat : la marge de distribution est passée de 11 centimes par litre en moyenne en 2017 à pratiquement 14 centimes depuis le début de cette année pour l'essence. Et la tendance est identique avec le gazole.

    Dans son communiqué, la CLCV appelle donc les pouvoirs publics à interrompre leur politique d'augmentation des taxes sur le carburant. Et les professionnels à modérer leur marge de distribution. Contacté, le groupe Total pas souhaité répondre à nos questions. Les distributeurs expliquent notamment ces augmentations par un renforcement des normes environnementales.