Tarn-et-Garonne : une ferme sauvée par ses clients

Plus de 200 amateurs de fromages ont investi 100 euros chacun dans des parts pour racheter une exploitation de brebis de Vazerac (Tarn-et-Garonne).

 L’éleveur, producteur de fromage de brebis de Vazerac (Tarn-et-Garonne), était menacé d’expulsion après la mort du propriétaire de l’exploitation.
L’éleveur, producteur de fromage de brebis de Vazerac (Tarn-et-Garonne), était menacé d’expulsion après la mort du propriétaire de l’exploitation. DR

    Encore un petit coup de pouce et la ferme de Maxime Boucaud sera sauvée ! Grâce à des citoyens qui ont investi dans son groupement foncier agricole (GFA), ce berger-fromager installé depuis quinze ans à la ferme du Tuc, à Vazerac (Tarn-et-Garonne), va pouvoir conserver son activité. Locataire de son exploitation, cet éleveur âgé de 54 ans a failli tout perdre à la suite du décès de son propriétaire il y a six mois.

    « Sa sœur, seule héritière, a décidé de vendre la ferme, donc je me suis retrouvé dans l'obligation de l'acheter pour poursuivre mon métier, explique Maxime Boucaud, qui élève une cinquantaine de brebis de race Lacaune. Comme j'avais contracté un emprunt il y a deux ans pour construire ma maison, je n'avais pas les fonds nécessaires. J'ai alors pensé que le GFA serait la bonne solution. »

    Un modèle issu du Larzac

    Cette sorte de société civile immobilière permet à des citoyens de se rassembler pour investir dans des exploitations agricoles en difficulté. Ils se regroupent pour acheter les terres et les bâtiments avant de les louer aux fermiers exploitants. L'agriculteur, qui vend ses fromages en circuit court et sur les marchés biologiques de Toulouse et son agglomération, lance en février un appel aux citoyens. Il propose 500 parts sociales de 100 euros à la vente pour acquérir les 18 ha de terres agricoles et les bâtiments d'exploitation. Près de 220 personnes ont investi dans sa ferme et sa fromagerie.

    « Nous avons réuni 45 000 euros pour l'instant, confie le quinquagénaire, qui emploie aussi une salariée pour la fromagerie. Certains amis ont pris plusieurs parts et beaucoup de mes clients ont aussi répondu présent. Le GFA me permet de rester locataire et d'installer un jeune agriculteur quand je partirai à la retraite. C'est un dispositif initié sur le plateau du Larzac mais qui se répand aujourd'hui, car il permet de travailler sans investir des sommes colossales dans les terres, le matériel et les bâtiments. »

    Christian Lestrade, le maire de ce village de 759 habitants comptant une soixantaine d'exploitations agricoles, fait partie des citoyens qui ont cru dans l'activité de Maxime Boucaud, en achetant une part symbolique. Il connaît bien le dispositif du GFA puisque ce retraité du secteur agricole en a lui-même bénéficié il y a une vingtaine d'années. « C'est un bon moyen de lutter contre la spéculation foncière et de maintenir les activités agricoles, souligne l'édile. C'est une démarche solidaire, sans but de profit et qui permettra plus tard l'installation d'un jeune. Cela permet de soutenir une entreprise locale pour conserver l'activité en milieu rural. »