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Lifestyle - Papilles

Zalfa Naufal, un virage à 180 degrés

Photo P.K.

Propriétaire de Frosty Palace, l’un des meilleurs burger joints de Beyrouth, elle était la reine des hamburgers. Mais voilà, à la grande surprise de ses nombreux aficionados, la belle dame a choisi de fermer boutique en février dernier. C’est que Zalfa Naufal, devenue vegan, ne fait pas les choses à moitié et qu’elle met du cœur dans tout ce qu’elle entreprend. Au nom d’une certaine cohérence.

Diplômée en gestion hôtelière de l’école Les Roches en Suisse, Zalfa Naufal est entrée dans le monde de la restauration au Liban en 1994 en gérant quelques enseignes à Beyrouth.
Derrière son physique doux et son grand sourire se cache une aventurière sereine. Une femme forte de ses convictions, capable de tout plaquer pour partir sous d’autres cieux. C’est ce qu’elle a fait d’ailleurs, il y a presque dix ans, en s’installant en Australie où elle a suivi des cours de cuisine à l’école Le Cordon Bleu, apprenant à maîtriser les techniques de la gastronomie française avec des ingrédients asiatiques.

Cette escale de plusieurs mois lui donne l’idée de son Frosty Palace qui voit le jour en 2012. Si la carnivore qu’elle était décide alors de proposer des burgers, c’est parce que pour elle, ils représentaient le comfort food par excellence. Et si, six ans plus tard, elle a complètement changé de cap, c’est parce qu’elle ne veut plus contribuer à la souffrance des animaux qui vont à l’abattage.
Elle se souvient : « À l’ouverture de Frosty Palace, lorsque des personnes me demandaient de mettre un burger végétarien sur le menu, je leur répondais : “On trouve suffisamment de falafel dans le pays, je ne vais pas en faire aussi”, ou encore “un burger c’est du bœuf haché, point” », se souvient-elle. « Mais en septembre dernier, alors que j’étais au restaurant et que je mordais dans de la viande, je ne sais pas pour quelle raison je me suis mise à penser, pour la première fois, aux vaches qui paissent tranquillement dans les Alpes suisses. Avant, je mangeais de la viande sans jamais penser aux animaux. Ce qui m’importait, c’était la texture, la cuisson saignante et la sauce qui accompagnait la viande. » Mais ça, c’était avant…

Zalfa Naufal vit ce moment comme une révélation, et sa réaction, presque instinctive, comme une évidence. « Petit à petit, je me suis mise à penser au malheur de ces êtres vivants sans vouloir y contribuer plus longtemps », dit-elle, précisant qu’elle a beaucoup lu sur le sujet et vu des documentaires sur l’abattage et les conditions de vie des bovins et autres animaux qui finissent dans nos assiettes. Le dégoût mêlé à une certaine révolte, il ne lui faudra pas trop de temps pour aller au bout de sa réflexion.
« Ma tristesse grandissait de jour en jour. Plus le temps passait, moins j’étais convaincue de ce que je faisais. Pour moi, j’étais en train de participer, à mon échelle, au malheur des animaux », note-t-elle.
Elle prend sa décision très vite et ferme son restaurant, six ans après un succès jamais démenti, sans écouter l’avis des proches et des amis qui lui conseillaient, à défaut de continuer, de vendre la franchise.
« La fermeture de Frosty Palace servira peut-être la cause des animaux que nous consommons. Je veux bien que les gens parlent de ma décision, peut-être que ça les sensibilisera au problème », estime-t-elle.

Après avoir tourné cette page, sans regret, Zalfa Naufal est en train de mettre sur pied un nouveau concept de quatorze places, qu’elle dévoilera très prochainement. Dans un petit espace à la fois coquet et confortable, comme l’était Frosty Palace, elle servira de délicieux plats exclusivement vegan, bien évidemment, en espérant rallier à sa cause toutes les personnes, et surtout les carnivores, qui regrettent la disparition de leur burger joint préféré . « Pour moi, le véganisme, c’est pratiquer la gentillesse tous les jours. C’est aussi une manière de dire non à la cruauté et à l’avidité. Une révolte en douceur », dit-elle. Et ça lui va bien…


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Propriétaire de Frosty Palace, l’un des meilleurs burger joints de Beyrouth, elle était la reine des hamburgers. Mais voilà, à la grande surprise de ses nombreux aficionados, la belle dame a choisi de fermer boutique en février dernier. C’est que Zalfa Naufal, devenue vegan, ne fait pas les choses à moitié et qu’elle met du cœur dans tout ce qu’elle entreprend. Au nom d’une...

commentaires (5)

Veuillez lire luzerne, svp

Evariste

21 h 03, le 10 mai 2018

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Commentaires (5)

  • Veuillez lire luzerne, svp

    Evariste

    21 h 03, le 10 mai 2018

  • L'avantage de la cuisine libanaise c'est qu'il y a beaucoup de recettes ou plats qui me semblent "végan". Je pense au houmos, le taboulé, soupe de lentilles, le ammayché (kechek et bourghol). Il se peut que le ammayché n'est pas "végan" s'il est fait avec des produits laitiers peut-être il existe un marché pour "kichek végan" à partir de produits qui remplacent le laban dans le kichek. En tous cas, plein de choix de plats, la cuisine libanaise en géneral me semble fortement basé sur des légumes et des noix; plus saine je pense que "burgers à viande hachée".

    Stes David

    17 h 32, le 10 mai 2018

  • J’oublie de dire qu’il faudrait se débarrasser des vaches. Elles tuent la lucerne!

    Evariste

    16 h 28, le 10 mai 2018

  • Et les plantes? Ça ne sent rien? Vegan? Le gazon va se révolter...il s’alarme lors d’un incendie, ou du bruit de la tondeuse. Les signaux de détresse qui en émanent se propagent à grande vitesse pour alerter ses congénères au fond de la pelouse. Tout être vivant ressent la détresse qui précède sa fin. Je suis pour la consommation des produits animaux, quand cette consommation ne fait pas de mal à l’animal, mais vegan, aussi sci-fi que ça veuille sembler, ça frise l’hypocrisie, au point de s’empêcher de respirer de peur de consommer l’oxygène (la nuit) nécessaire à la survie de ces plantes. Bonne nouvelle: respirez à pleins poumons le jour, retenez votre souffle au coucher du soleil. Mais couper les plantes? C’est assassin.

    Evariste

    16 h 26, le 10 mai 2018

  • Je suggérerais très amicalement à Zalfa Naufal d'étendre sa lutte contre la torture des animaux, à la consommation éhontée des oiseaux passereaux, ces fleurs volantes de la nature et ce, en interdisant définitivement la chasse au Liban comme en Israel où les oiseaux vienne se poser sur les balcons des maisons.

    Un Libanais

    13 h 30, le 10 mai 2018

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