Des salariés d’Air France créent un collectif pour sauver leur compagnie

    Un collectif indépendant de la direction et des syndicats, baptisé Tous Air France, vient d’être lancé pour tenter de réconcilier les deux parties.

     Composé d’une trentaine de salariés, ce collectif s’inquiète pour l’avenir de leur compagnie.
    Composé d’une trentaine de salariés, ce collectif s’inquiète pour l’avenir de leur compagnie. REUTERS/Christian Hartmann

      Ils veulent faire entendre leur voix. Une semaine après le séisme chez Air France, qui a vu une majorité d'employés dire « non » à l'accord salarial proposé par Jean-Pierre Janaillac, le PDG d'Air France-KLM, qui a donc démissionné, un collectif de salariés sort du bois. Baptisé Tous Air France, ils veulent dire stop à l'affrontement entre les syndicats et la direction.

      Composé, pour l'instant, d'une trentaine de salariés, des pilotes, mais aussi des hôtesses, des mécaniciens, des gens de l'escale ou encore des fonctions support, ce collectif s'inquiète pour l'avenir de leur compagnie : « Puisque nous sommes de plus en plus nombreux à ne plus être en phase avec le discours ambiant, nous décidons de prendre notre destin en main afin de proposer une attitude plus volontaire, plus consciente des enjeux et plus en phase avec son environnement », écrit le collectif.

      Et de poursuivre : « La récente consultation qui a ébranlé Air France au point de provoquer le départ de son PDG, Jean-Marc Janaillac, nous pousse aujourd'hui à nous tourner vers tous les salariés qui comme nous, salariés d'Air France, mais aussi clients et observateurs passionnés de cette belle industrie, ont un immense sentiment de gâchis. »

      «On a vécu notre propre Brexit»

      Parmi les membres de ce collectif, on trouve notamment ce pilote, syndiqué au SNPL : « Tout le monde n'est pas d'accord avec Philippe Evain (NDLR : Président du SNPL), loin de là. Il y a eu beaucoup de fakes news (NDLR : fausses informations) notamment sur la différence de rémunération entre les pilotes d'Air France et ceux des autres compagnies européennes. Aujourd'hui, le risque qu'Air France disparaisse est grand. L'histoire regorge d'exemple d'hommes qui sont allés collectivement dans le mur. »

      Ce collectif se revendique indépendant à la fois des syndicats et de la direction. « Il y a une semaine, on a vécu notre propre Brexit, confie Stéphanie qui travaille dans les fonctions supports de la compagnie. Cela a été un véritable choc. On souhaite fédérer un maximum de salariés qui veulent sortir de ce marasme dans lequel syndicats et direction ont chacun une part de responsabilité. »

      Une démarche surprenante alors que les employés ont pu s'exprimer la semaine dernière lors du référendum interne : « Beaucoup se sont servis de ce vote pour exprimer davantage leur frustration que leur avis sur l'accord salarial, assure Diane, hôtesse sur long-courrier. Chez les personnels navigants, c'est surtout la création de la nouvelle compagnie Joon qui a cristallisé la colère. »

      «Stratégie de jusqu'au-boutisme»

      Même justification pour les pilotes : « Il y a eu des accords qui n'ont pas été respectés par la direction, regrette Thomas*, pilote chez Air France et qui a travaillé dans d'autres compagnies. Mais je ne me reconnais pas dans la stratégie de jusqu'au-boutisme du SNPL. Il y a une méconnaissance du monde qui nous entoure. Les salaires chez Air France, comme les conditions sociales, sont totalement satisfaisants par rapport à ce que j'ai pu connaître dans d'autres compagnies. »

      Désormais, le collectif Tous Air France veut fédérer un maximum de salariés en France mais aussi aux Pays-Bas, chez KLM, à travers les réseaux sociaux et peser sur l'avenir de la compagnie. « Aucun des acteurs du dialogue social, que ce soit la direction, les responsables des ressources humaines, ou les organisations professionnelles, ne semblent proposer d'issue positive aux conflits récurrents », écrit le collectif.

      « Nous souhaitons reprendre et inventer un nouveau dialogue social nourri d'une confiance renouvelée et d'une forte ambition, qui reflétera plus fidèlement la voix des salariés, dans un esprit de coconstruction des projets sociaux et stratégiques, projets nécessaires à la croissance de notre belle entreprise. »

      *Le prénom a été modifié.