50 % de produits bio ou labellisé d'ici 2022 dans les cantines. Voilà l'objectif du gouvernement bientôt inscrit dans la loi. Sauf que sans mesures incitatives ou sanctions, cette ambition risque de tomber dans les oubliettes. Plusieurs collectivités comme Grande Synthe (Nord) montrent pourtant la voie. La ville propose, depuis 2011, 100 % de repas bio dans les cantines et compte créer une centaine d'emplois localement. 

C’était une des promesses de campagne du candidat Macron. Atteindre 50 % de produits bio dans les cantines d’ici 2022. Et le Président ne semble pas l’avoir oublié. Le 17 avril, les députés ont adopté en Commission des Affaires économiques, dans le cadre de la loi issue des États généraux de l’alimentation, un amendement visant cet objectif… ou presque. 50 % des produits devront être bio ou "sous signes d’identification de la qualité et de l’origine (SIGO) ou sous label qualité".
3% de bio dans les cantines aujourd’hui
Pourquoi pas directement 50 % de bio ? Car les surfaces agricoles bio manquent pour l’instant en France, elles représentent seulement 6,5 % du global. Résultat : un tiers des produits bio sont importés. Pour y remédier le gouvernement compte s’appuyer sur son plan bio de 1,1 milliard d’euros qui devrait aider les agriculteurs conventionnels à se convertir en bio. 
Reste à savoir si la loi suffira à imposer ces ambitions. Rappelons que le Grenelle de l’environnement avait fixé en 2008 un seuil de 20 % en 2012. Or, selon l’association "Un plus Bio", le bio ne représente que 3 % des achats dans les cantines. "En l’absence de contraintes ou d’incitations financières, ce nouveau texte risque malheureusement, comme d’autres avant lui, de faire… flop !", estime ce réseau national de cantine bio.
"On empoisonne les gens à moitié"
"C’est de toute façon une annonce de faux cul", réagit vivement le maire de Grande-Synthe, première ville de plus de 20 000 habitants à offrir 100 % de repas bio dans ses cantines. "Si on reconnait qu’il faut 50 % de bio, c’est qu’on a conscience du problème de l’agriculture conventionnelle sur la santé. On empoisonne les gens à moitié", ajoute Damien Carême.
La ville est passée au 100 % bio en 2011 mais pas sans difficulté. Dans une région sinistrée où le taux de chômage avoisine les 26 %, le maire voulait des aliments produits localement et vecteur d’emploi. Il s’est donc tourné vers des coopératives bio du Nord Pas de Calais. Le vice-président de la communauté urbaine de Dunkerque compte également soumettre des critères d’agriculture bio dans les terres appartenant à la communauté urbaine.
Un surcoût de 37 %
"Le but est de créer de l’emploi localement, de dynamiser le territoire. Dans les terres du nord les exploitations sont très grosses et pas forcément sensibles au bio. L’idée est d’aider de jeunes agriculteurs bio en leur louant des petites parcelles. Si plusieurs collectivités intègrent ce raisonnement, on pourrait créer 500 emplois non délocalisables dans le Nord", affirme Damien Carême.
Reste le surcoût de 37 % que le maire a décidé d’absorber dans les dépenses municipales. "Aujourd’hui on ne paye pas le vrai coût de l’alimentation. Les collectivités peuvent assumer ce coût, et quand il y aura une vraie massification du bio, les tarifs baisseront. Notre rôle, en tant qu’élus, c’est de construire un autre modèle de société. Il est en grand temps !"
Marina Fabre @fabre_marina

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