Les algues pour se substituer aux antibiotiques
La société Olmix et un laboratoire de l'Inra viennent de démontrer que les algues vont pouvoir remplacer les antibiotiques dans les élevages.
La plupart des producteurs de porcs, volailles et gros bovins sont désormais conscients qu'il leur faut diminuer voire supprimer l'utilisation des antibiotiques dans les élevages. Le centre de recherche Inra du Val de Loire, à Nouzilly, et la société bretonne Olmix, spécialisée dans les compléments naturels pour les animaux, viennent de rendre public le fruit de leurs recherches. Ils estiment avoir démontré comment les algues améliorent l'immunité des animaux et peuvent réduire l'utilisation des antibiotiques. Les deux partenaires ont centré leurs travaux sur une algue verte récoltée au nord de la Bretagne. Ulva armoricana, c'est son nom, est riche en polysaccharides sulfatés et dispose d'antimicrobiens susceptibles de protéger notamment l'intestin des porcs. Une longue série de travaux de R&D ont été conduits par les 25 chercheurs qui travaillent sur le sujet.
Olmix, qui entend démontrer depuis plus de vingt ans les vertus thérapeutiques et nutritionnelles des algues à destination des animaux, va donc fabriquer un complément naturel extrait de ces algues dont la paroi cellulaire protège les muqueuses vis-à-vis des bactéries pathogènes. Si les élevages bio n'utilisent plus d'antibiotiques pour soigner les animaux, ils ne représentent que 1 % du total des élevages en France. Olmix entend donc s'adresser à toutes les fermes conventionnelles. La société a levé 30 millions d'euros auprès de la BEI en novembre dernier.
Mise sur le marché
Hervé Balusson, le PDG d'Olmix, annonce, dans le prolongement des travaux conduits avec l'Inra mais aussi le CNRS, la mise prochaine sur le marché de l'Algimun. Ce complément naturel à base d'algues sera incorporé par les usines de nutrition dans la fabrication des aliments du bétail. « L'avantage de l'Algimun est de pouvoir répondre au sans antibiotique dans les élevages de porcs, poules et bovins », insiste Hervé Balusson. Le prix de vente de l'Algium sera de l'ordre de 3 euros le kilo, « ce qui rend compétitif les élevages », continue le dirigeant.Les professionnels de la filière observent avec attention les travaux de l'Inra et d'Olmix. « Ce n'est pas si simple de supprimer les antibiotiques dans les élevages. Cela passe surtout par une amélioration de la qualité des aliments », indique un industriel.
Stanislas du Guerny (Correspondant à Rennes)