Choucas. L’espèce protégée dans le collimateur

Par Roland Fily

Animal protégé, le choucas se multiplie et cause de plus en plus de dégâts. Au grand dam des agriculteurs.

« On est sur ce dossier depuis 2010 et ça n’avance pas », souligne Didier Goubil.
« On est sur ce dossier depuis 2010 et ça n’avance pas », souligne Didier Goubil. (Photo Roland Fily)

« Un million d’euros par an », c’est l’estimation que fait Didier Goubil, membre de la chambre d’agriculture du Finistère, du coût aux seuls agriculteurs du département des dégâts occasionnés par les choucas des tours. Animal protégé en France, l’oiseau s’y développe, particulièrement dans l’Ouest, à une vitesse que les responsables finistériens estiment exponentielle. De 90 000 en 2010, on en serait aujourd’hui à environ « 300 000 individus dans le département », selon Didier Goubil. Ce dénombrement n’a pas fait l’objet de nouvelle étude précise depuis 2013. Maire de Poullaouen, Didier Goubil décrit sur sa commune une véritable invasion : « Après les clochers il y a une vingtaine d’années, aujourd’hui, de nombreuses cheminées sont colonisées ». Et les dégâts touchent désormais les particuliers également, notamment à cause des nids dans les conduits de cheminées.


Réguler ou rémunérer ?


Particulièrement touchés par le phénomène avec leurs homologues de Douarnenez, les agriculteurs du secteur de Quimperlé demandent des mesures qui portent soit sur la régulation, soit sur une indemnisation. « On est sur ce dossier depuis 2010 et ça n’avance pas », souligne Didier Goubil. L’animal protégé ne peut être abattu, sous peine d’une amende de 15 000 €. Des mesures dérogatoires permettent d’éliminer (chasse ou pièges) les volatiles, mais de façon dérisoire selon les producteurs : 5 000 individus autorisés cette année par la préfecture.

Sur le maïs par exemple, ils attaquent une première fois lors du semi, puis ensuite une nouvelle fois quand le plant est à trois ou quatre feuilles, et à ce stade, ressemer devient illusoire

Enrubannages déchirés, attaques sur les semis, les choucas sont une calamité pour les agriculteurs. « Sur le maïs par exemple, ils attaquent une première fois lors du semi, puis ensuite une nouvelle fois quand le plant est à trois ou quatre feuilles, et à ce stade, ressemer devient illusoire », détaille Didier Goubil. Échalotes déterrées, semis mangés, « quand une meute de plus de 500 choucas arrive, ça fait de gros dégâts ».

Les producteurs pointent également les coûts des effaroucheurs, souvent inutiles. Concernant l’élimination des oiseaux, c’est la réglementation européenne qui est pointée. « Mais celle-ci se base sur les données fournies par la France. Au Royaume-Uni ou en Espagne, on peut éliminer les choucas. Il pourrait y avoir des systèmes dérogatoires pour mieux réguler la population ». Bruno, Goanvic, agriculteur à Quimperlé, est particulièrement remonté : « Si on continue à protéger l’espèce, cela veut dire que les politiques ont un manque de respect pour ceux qui subissent ces dégâts. Il nous faut des réponses ».


Demande d’indemnisations


L’autre moyen d’apaiser la colère des agriculteurs, ce serait un dédommagement des dégâts. « Comme le choucas ne peut pas être touché, on doit être rémunéré. C’est ce qui se passe pour les espèces protégées. Pourquoi ne pas faire de même pour les choucas ? » interroge Didier Goubil. Au rendez-vous des agriculteurs, hier à Quimperlé, le député de la huitième circonscription Erwan Balanant s’interdit toute réponse directe. Il interroge sur les possibilités de stérilisation et préconise à une réflexion sur le sujet : « Je suis ouvert pour travailler avec vous, indique l’élu qui ajoute, il faut regarder ce qui peut être fait pour réguler ces populations ».

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