Valentine Colleter. Un siècle de kan ha diskan

Par Gilles Troël

À l’aube de ses 100 ans, qui seront fêtés lundi, Valentine Colleter est une véritable star ! Originaire de Scrignac (29), cette chanteuse de kan ha diskan est bien connue des amoureux de musique bretonne. Au foyer de Ker an Dero, à Plourin-lès-Morlaix (29), où elle réside depuis 2005, « on l’entend souvent chanter » mais peu savent qu’elle a animé des centaines de fest-noz et qu’elle est une référence parmi les chanteurs de kan ha diskan.

Véritable référence parmi les chanteur
Véritable référence parmi les chanteur (Photo Gilles Troël)

Valentine Chiquer est née dans une petite ferme de Scrignac en mai 1918. Ses parents, très humbles, ne connaissent que le breton. Deux frères et une sœur, Maria, qui est la cadette et qui a pourtant 20 ans quand Valentine vient au monde. Enfant, Valentine entend souvent sa sœur et sa maman chanter des gwerz, des mélodies, des gavottes. Elle entend, écoute et retient.

À 14 ans, elle maîtrise le chant sous toutes ses formes. Lors d’un battage, elle interprète, avec un de ses frères, une gavotte des montagnes. Elle fait danser toute l’assistance qui découvre, avec étonnement, la qualité de son chant : le rythme indispensable pour la danse, la prononciation impeccable nécessaire à la fluidité du texte, la justesse du chant et la vigueur nécessaire car au kan ha diskan, un bon chanteur doit « tuer » le danseur. Valentine écume alors les festoù-noz de sa région et assoit sa réputation de chanteuse.


La culture bretonne en sommeil forcé


Puis, c’est le mariage avec Pierre Colleter, menuisier, charron, charpentier et vitrier qui travaille avec son frère jumeau. Le couple s’installe à Quénéguen, en Scrignac. Valentine gère un restaurant, épicerie, estaminet et cabine téléphonique avec sa belle-sœur. C’est un lieu de passage extrêmement fréquenté. Toutes les occasions sont propices à l’expression du chant en breton.

Au décès des deux hommes, Valentine et ses deux enfants, Odette et Rémy, s’installent en 1955, à Huelgoat (29) où elle devient cuisinière au pensionnat des filles du collège public. La culture bretonne est alors en sommeil forcé. L’Éducation nationale écrase la langue bretonne. Qui parle et chante en breton est un plouc honteux.


La renaissance


Dans les années 70, des écrivains, des journalistes, des musiciens et artistes osent réveiller la conscience bretonne. Valentine est dans cette mouvance. Elle remonte sur les planches et entame une renaissance. Dès lors, Valentine ne cessera d’animer les festoù-deiz et noz. Elle chantera à Paris et même à Montréal. Le trophée Per Guillou lui sera attribué à Carhaix (29), en 1988. FR3 Rennes lui consacrera un documentaire. Un fest-noz hommage sera organisé à Collorec (29), en 2006. France 3, dans son émission « Des Racines et des ailes », lui réservera un volet important sur l’expression du chant breton.

À la retraite, le calendrier punaisé au mur de la cuisine, est recouvert des dates de fest-noz. À la maison, elle reçoit des journalistes, des collecteurs, des chanteurs en recherche de chants inédits. Les minicassettes enregistrent.
Ses compères de chant, hommes et femmes, sont nombreux. On retiendra Susig Gwernig, Jean-Louis Bizouarn, Bastien Guern, Germaine Landré et Christian Rivoalen. Mais ils doivent s’adapter à sa tonalité vocale qui est assez haute. Et ils doivent suivre car c’est elle qui mène, qui assure le kan.
Lundi, elle entamera certainement une gavotte avec ses nombreux amis pour fêter son siècle de kan ha diskan…

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