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Synthèse

Ce que l’on sait de l’attaque au couteau à Paris, revendiquée par l’EI

Un homme de 29 ans a été tué. L'assaillant, abattu par la police est un Français d'origine tchétchène. Il était fiché S.
par LIBERATION, d'après AFP
publié le 13 mai 2018 à 9h23

Un Français né en Tchétchénie qui crie «Allah Akbar» et tue au couteau un passant de 29 ans, avant d’être abattu par la police: voici ce que l’on sait de l’attaque survenue samedi soir à Paris, revendiquée par le groupe jihadiste Etat islamique (EI).

Que s’est-il passé ?

Peu avant 21 heures - un appel a été passé à police-secours à 20H47, a précisé le Premier ministre Edouard Philippe -, un homme attaque au couteau plusieurs personnes entre l'Opéra et la Bourse (IIe arrondissement de Paris), un quartier très animé le samedi soir.

Selon deux témoins, a précisé une source judiciaire, cet homme a crié «Allah Akbar» au moment de l'attaque. Lorsque des policiers interviennent sur les lieux, ils sont eux-mêmes menacés par l'agresseur. «Au moment de l'intervention policière, quand trois fonctionnaires vont vers lui pour tenter de l'immobiliser, il va vers eux et brandit son couteau», a rapporté une source proche de l'enquête. L'un des agents fait usage de son pistolet à impulsions électriques avant que l'un de ses collègues ne tire à deux reprises et blesse mortellement l'assaillant, rue Monsigny.

«Dans les cinq minutes» suivant l'appel à police-secours, les policiers étaient sur place et «moins de neuf minutes» après, l'auteur de l'attaque était abattu, a relaté Edouard Philippe. «Cette rapidité dans la réaction a de toute évidence évité un bilan plus lourd», a estimé le chef du gouvernement.

Quel est le bilan de l’attaque ?

Selon des sources proches du dossier, un homme âgé de 29 ans, un passant dont ni l’identité ni la nationalité n’ont été communiquées, a été tué.

Deux autres personnes ont été grièvement blessées: un homme de 34 ans transporté en «urgence absolue» à l'hôpital parisien Georges-Pompidou et une femme de 54 ans. Une femme de 26 ans et un homme de 31 ans ont été blessés légèrement. L'homme de 34 ans grièvement blessé «a été opéré» et «est sauvé», a déclaré le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb, qui s'est rendu à son chevet à l'hôpital, dimanche vers 2 heures du matin. Les trois autres blessés sont «hors de danger».

Que sait-on de l’assaillant?

L'assaillant ne portant pas de papiers sur lui, il a fallu plusieurs heures aux enquêteurs pour déterminer son identité. Il s'agit d'«un Français né en Tchétchénie en 1997. Son père et sa mère ont été placés en garde à vue dimanche matin», a déclaré une source judiciaire. «Il a été, naturalisé français en 2010 suite à la naturalisation de sa mère», a déclaré Benjamin Griveaux, porte-parole du gouvernementS'il n'avait pas d'antécédent judiciaire, le jeune homme était en revanche fiché S (pour «sûreté de l'Etat»), depuis 2016 et inscrit au FSPRT, le fichier des signalements pour la prévention de la radicalisation islamiste. Le jeune homme avait été «entendu il y a un an par la section antiterroriste de la brigade criminelle car il connaissait un homme lui-même en lien avec quelqu'un parti en Syrie», a indiqué une source proche de l'enquête.

Tôt dimanche, les parents de l'assaillant ont été placés en garde à vue. Les chambres que la famille louait dans un meublé de la rue Pajol, dans le XVIIIe arrondissement, ont été perquisitionnées, sans qu'«aucun élément incriminant» n'ait été trouvé, selon une source proche du dossier.

Khamzat A., a grandi dans une famille de réfugiés à Strasbourg, dans le quartier populaire d’Elsau où vit une importante communauté tchétchène, selon une source proche du dossier. C'est d'ailleurs à Strasbourg qu'a été arrêté dimanche après-midi un ami de l'assaillant, lui aussi âgé de 20 ans.

Via son «agence de presse» Amaq, le groupe EI a revendiqué l'action d'un «soldat de l'Etat islamique» dont l'«opération a été menée en représailles envers les Etats de la coalition» internationale antijihadiste en Irak et en Syrie.

Avant même la diffusion de cette revendication, le parquet de Paris avait retenu la piste antiterroriste dans ce dossier. «A ce stade et sur la foi d'une part de témoignages faisant état du fait que l'agresseur a crié "Allah Akbar" en attaquant les passants au couteau» et «compte tenu du mode opératoire, nous avons saisi la section antiterroriste du parquet de Paris», a déclaré le procureur de la République François Molins dans la nuit.

L'enquête est menée conjointement par trois services de police sous les qualifications d'«association de malfaiteurs terroristes pour préparer la commission de crimes d'atteintes aux personnes», «assassinat» et «tentatives d'assassinat sur personnes dépositaires de l'autorité publique en relation avec une entreprise terroriste».

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