Lancer un magazine d’info, mission impossible ?

Les deux hebdomadaires Ebdo et Vraiment lancés ces derniers mois ont cessé leur parution après seulement quelques numéros.

 Le magazine Vraiment vient de s’arrêter, au bout de huit numéros. Ebdo a disparu trois mois après son lancement.
Le magazine Vraiment vient de s’arrêter, au bout de huit numéros. Ebdo a disparu trois mois après son lancement. Captures d’écran

    A démoraliser tous les professionnels de la presse... L'hebdomadaire Vraiment a annoncé mercredi dernier la fin de sa parution, après seulement 8 numéros. La rédaction avait appris la mauvaise nouvelle deux jours plus tôt. « C'est une décision brutale, même si on savait que le pari était risqué », résume un des quinze journalistes employés, qui vont réfléchir à relancer le titre en mensuel ou sur internet.

    Vraiment savait depuis son lancement que sa mission était quasi-impossible. Le 22 mars, lendemain de la sortie du premier numéro de Vraiment, Ebdo, autre magazine généraliste, avait déposé le bilan après seulement trois mois d'existence. Dur de trouver un public quand on part de zéro. 18 000 exemplaires pour le premier numéro de Vraiment, et 5000 de moyenne pour les suivants. Loin des 40 000 attendus pour amortir les coûts de fabrication. Ebdo n'avait pas fait mieux. 53 000 pour le lancement avant de plafonner à 8000. Ebdo, lancé par la société Rollin, qui édite les revues XXI et 6Mois, avait pourtant un budget annuel important, autour de 13 millions d'euros...

    Seul le groupe So Press tire son épingle du jeu

    La disparition prématurée de ces deux nouveaux magazines témoignent de la difficulté de la presse, surtout généraliste. L'Obs, le Point et L'Express, qui dominent le secteur, s'érodent. Impensable il y a encore 5 ans, Le Point dépasse désormais L'Obs, avec 309 000 exemplaires vendus chaque semaine contre 292 000 pour l'hebdo de gauche (et 275 000 pour L'Express). Marianne s'est déclaré en cessation de paiement en janvier, avant d'être racheté par le groupe Czech Media Invest, qui négocie aussi le rachat de Elle.

    Pourtant dans ce secteur sinistré, Society, lancé en mars 2015, fait figure d'exception, avec 50 000 exemplaires vendus de chaque numéro, un niveau stable depuis 3 ans. « On n'aurait pas réussi à lancer Society sans la bonne réputation de So Foot et So film », reconnait bon joueur, Franck Annese, le patron de ces magazines rentables.

    « Les lecteurs ont été curieux et les kiosquiers nous ont défendu. Mais on a aussi investi 8 millions d'euros et on s'est laissé du temps. Mais les petits éditeurs n'ont pas les moyens d'attendre 6 mois comme les gros. », ajoute celui qui a réussi là où beaucoup ont échoué.