Champigny : comment mettre fin à « des violences que personne n’accepte » ?

Le commissariat de la ville a été attaqué dans la nuit de vendredi à samedi par une trentaine d’individus dans un contexte de tensions entre des jeunes du quartier du Bois-l’Abbé et la police. Habitants, élus et associatifs se sont réunis pour tenter d’apaiser les tensions.

 Champigny, samedi. Deux voitures brûlées devant le commissariat du Bois-l’Abbé après un nouvel épisode de violence contre le commissariat survenu dans la nuit de vendredi à samedi, dans un contexte très tendu entre jeunes et policiers.
Champigny, samedi. Deux voitures brûlées devant le commissariat du Bois-l’Abbé après un nouvel épisode de violence contre le commissariat survenu dans la nuit de vendredi à samedi, dans un contexte très tendu entre jeunes et policiers. LP/Fanny Delporte

    Ils sont venus pour tenter de renouer un dialogue qu'ils estiment rompu. A Champigny, une trentaine de personnes - habitants, élus, associatifs, animateurs, proches de jeunes arrêtés par la police - se sont rassemblées samedi soir à l'initiative du conseiller municipal (SE) et habitant du Bois l'Abbé, Mamadou Sy. Avec pour objectif d'apaiser les tensions après plusieurs épisodes violents entre jeunes du quartier et policiers.

    La veille au soir vers minuit, le commissariat avait été la cible d'une attaque. Une trentaine de personnes vêtues de couleurs sombres ont lancé mortiers, cocktails molotov et feux d'artifice contre le bâtiment. Deux voitures ont été brûlées. Les policiers ont répliqué à l'aide de grenades lacrymogènes et de désencerclement. Trois personnes ont été interpellées à l'issue des échauffourées et ont été placées en garde à vue.

    Ce pic de violences fait suite à deux autres épisodes, dont le premier a été partiellement filmé, avec des vidéos qui ont agi comme des traînées de poudre sur les réseaux sociaux : trois interpellations samedi dernier après des tirs de pétards et de mortiers. Les trois hommes placés sous contrôle judiciaire et qui seront jugés le 8 juin. Puis, dimanche, une manifestation devant le commissariat qui a dégénéré.

    Un rassemblement que la sœur de l'un des hommes qui sera jugé est venue raconter ce samedi. Les « émeutes » ont commencé, d'après elle, lorsque sa mère, inquiète, est venue prendre des nouvelles de son fils. Selon ses dires, le dialogue avec les policiers n'a pas été possible et du gaz lacrymogène a été tiré, vraisemblablement pour disperser le rassemblement. « On n'est pas là pour incriminer les forces de l'ordre ou les jeunes », fait remarquer Mamadou Sy. Tout en parlant d'une « utilisation excessive de la force ».

    La police n'a pas eu l'occasion de répondre, puisqu'elle n'avait pas été conviée. Un délégué du préfet, en revanche, était présent. « Quels sont vos rapports avec les effectifs de police », interroge-t-il. « Pourris ! », lâche une habitante. « Ce n'est pas compliqué avec tous les policiers », soulignera plus tard la sœur d'un des interpellés qui s'était exprimée auparavant. Les policiers, « on en a besoin », coupe court la 1re adjointe au maire (PCF), Valérie Zélioli, qui veut « croire en la justice » s'il y a des dérapages, de n'importe quel côté.

    Une délégation du quartier pourrait rencontrer le commissaire

    « Ces interpellations se sont déroulées dans un contexte extrêmement tendu, indique d'une source policière. Avec des collègues insultés avant même qu'il ne se soit passé quoi que ce soit ». Et de rappeler que la police est intervenue, à l'origine, parce que des pétards et des mortiers avaient été tirés « près d'une aire de jeux pour enfants ».

    La proposition va être faite « de rencontrer le commissaire avec une délégation pour échanger avec lui », a expliqué Philippe Sudre, adjoint au maire (PCF) à la prévention et au droit à la tranquillité publique qui trouve « regrettable que ces choses se soient passées autour d'un événement qui démarrait si bien » : un tournoi de foot dans le quartier pour renouer des liens entre Champigny et Villiers.

    Si les « émeutes continuent, ça va se retourner » contre les premiers jeunes interpellés, raconte cet animateur de Champigny et qui les connaît « très bien ». « Ce matin, on a vu le monsieur dont la voiture a brûlé, raconte-t-il. Il n'avait même pas fini de la payer. Il s'est passé des violences que personne n'accepte ici ».