OPA chinoise à 9 milliards d'euros sur l'EDF portugais
Le groupe China Three Gorges, qui est déjà l'actionnaire principal d'EDP avec 23,3 % du capital, veut aujourd'hui en prendre le contrôle. Une offre reçue comme hostile par les dirigeants de l'énergéticien, selon la presse locale.
Par Cécile Thibaud
L'électricien portugais Energias de Portugal, EDP, est décidément très convoité. Alors que des rumeurs se faisaient insistantes ces derniers mois, autour de mouvements du français Engie,de l'italien Enel, ou encore de l'espagnol Gas Natural, c'est finalement le groupe public chinois China Three Gorges qui s'est déclaré. Le consortium asiatique, déjà premier actionnaire de l'EDF portugais avec 23,27 % de son capital, aspire aujourd'hui à en prendre le contrôle, à hauteur d'au moins 50 %.
China Three Gorges (CTG) offre 3,26 euros par action, représentant une prime de 4,8 % sur la dernière cotation (3,11 euros, vendredi à la Bourse de Lisbonne). La valeur de l'OPA chinoise, chiffrée à 9,07 milliards d'euros, valorise EDP à 11,37 milliards d'euros. CTG a également lancé en parallèle une OPA sur EDP Renovaveis, la filiale d'énergies renouvelables d'EDP, présente notamment sur le marché éolien américain.
Neutralité du gouvernement portugais
Le groupe chinois s'engage à « préserver l'identité portugaise d'EDP, à maintenir son siège à Lisbonne et à conserver son statut d'entreprise cotée en Bourse », selon le président de CTG, Lu Chun. Alors que selon la presse locale, l'OPA a été reçue comme hostile par la direction d'EDP, le Premier ministre Antonio Costa a pour sa part annoncé qu'il ne s'interposerait pas, affirmant sa neutralité face à l'opération. « Le gouvernement n'a rien contre elle, aucune réserve. Laissons le marché fonctionner », a-t-il commenté, rappelant que le groupe chinois est de fait l'actionnaire de référence de EDP, depuis son ouverture au capital privé en 2011.
Vague de privatisations
L'ancienne compagnie publique domine toujours largement le marché portugais, avec 10 millions de clients pour ses services électriques et 1,6 million pour le gaz. Elle avait fait partie de la vague de privatisations lancée au moment de la crise financière, à partir de 2010. Les investisseurs chinois avaient alors joué un rôle clé dans l'injection de capitaux dans l'économie portugaise, prenant position dans des secteurs clé comme la santé, les banques, les assurances les eaux ou l'énergie. C'est ainsi que CTG avait manifesté son intérêt pour EDP, dès son ouverture au privé, avec l'acquisition de 21,35 % en 2011. le groupe chinois avait ensuite élevé ses participations à 23,27 % en 2017 et s'affirme donc aujourd'hui décidé à ne pas en rester là.
Cécile ThibaudCorrespondante à Madrid