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En France, un commentaire sur dix sur Facebook est haineux

La première estimation de l’importance chiffrée des messages haineux sur Facebook a été établie dans le "panorama sur la haine en ligne" remis au gouvernement. Un rapport destiné à servir de référence.

En France, un commentaire sur dix sur Facebook est haineux
En France, un commentaire sur dix sur Facebook est haineux iStock
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Ce sont des commentaires sur Facebook qui donnent froid dans le dos. Un internaute qui laisse libre cours à son racisme en qualifiant l’Afrique de “continent de merde”, un autre pour qui les journalistes sont tous des “pd (sic) et des tricheurs”, ou celui qui surnomme Emmanuel Macron, “macrotte”.

Tels sont quelques exemples, parmi les moins virulents, tirés du premier “panorama de la haine en ligne”, remis à Mounir Mahjoubi, secrétaire d’État au Numérique, vendredi 4 mai. Réalisé par Netino, une société spécialisée dans la modération en ligne, cette étude dresse un tableau des commentaires haineux sur Facebook.

Insultes entre internautes, racisme ou discrimination sociale

Pour qui passe un peu de temps sur Facebook, ces dérives n’ont rien de surprenant. Divers pays, comme la France ou l’Allemagne, ont mis en cause le rôle du réseau social dans la propagation de la haine. “Beaucoup de gens en parlent et s’en plaignent, mais il n’existait pas de données chiffrées pour la France jusqu’à présent”, souligne Jérémie Mani, PDG de Netino, contacté par France 24.

Le rapport est succint (2 pages), mais c’est une première. Résultat : sur Facebook, un commentaire sur 10 peut être considéré comme haineux, conclut Netino. La majorité des messages relève de “l’agressivité générique”, c’est-à-dire les insultes échangées entre internautes anonymes. Viennent ensuite les attaques contre les personnalités et les médias (34 % des commentaires haineux), puis les commentaires racistes (6,5 %) et la discrimination sociale contre les pauvres et les très riches (5,5 %). Mais la haine vise aussi les femmes, la communauté LGBT, les personnes en surpoids, ou encore les croyants.

L'étude se contente d’établir une liste des victimes, sans rentrer dans l’analyse. C’est qu’il vise avant tout à quantifier le déversement de haine sur Facebook.

Référence pour le futur

“Nous avons voulu donner une estimation aussi neutre que possible”, affirme Jérémie Mani. Les équipes de Netino ne sont pas allés fouiller dans les poubelles de Facebook en privilégiant les commentaires postés sur des messages à fort potentiel de dérapage (conflit israélo-palestinien, immigration). Ils ont sélectionnés les pages Facebook de 24 médias - dont France 24 - en prenant en compte la réputation, le nombre de fans et le type de média (presse écrite, radio, télévision). Ils ont ensuite lâché leur algorithme de modération dans la jungle des commentaires avec la tâche de rapporter en un mois 10 870 commentaires choisi au hasard sur un total de cinq millions.

Cette méthode - analyser uniquement les pages Facebook de grands médias - privilégie la fiabilité des résultats sur l’exhaustivité. Ce panorama n’est, en aucune façon, un miroir de toute la haine qui circule sur l’Internet. “C’est un peu comme si on ne comptabilisait les morts que sur les autoroutes sans prendre en compte les accidents sur les routes secondaires”, reconnaît Jérémie Mani.

Mais au moins, d’après lui, ces résultats pourront servir de référence par la suite pour mesurer l’efficacité de la lutte contre la haine en ligne. Netino peut, sur demande du gouvernement, effectuer un nouveau décompte des commentaires haineux quelques mois après la mise en place de nouvelles mesures afin d’analyser leur impact. Mais Jérémie Mani souligne que les résultats ne seront jamais à prendre au pied de la lettre : “Ils dépendront toujours de l’actualité”. Une baisse des messages à caractère raciste ne serait pas forcément la preuve d’une politique efficace, si en parallèle les insultes contre les fonctionnaires explosent à cause de la grogne sociale. La haine n’aura fait que changer de terrain de prédilection.

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