Ambassade US à Jérusalem : au moins 55 Palestiniens tués à Gaza par des tirs israéliens

Pour protester contre le transfert de l’ambassade américaine à Jérusalem, 35 000 manifestants s’étaient pressés lundi matin aux frontières entre Israël et les territoires palestiniens. L’armée israélienne a répondu en tirant à balles réelles.

 Gaza, ce lundi 14 mai. Les manifestants palestiniens fuient les tirs israéliens et les gaz lacrymogènes tirés par l’armée israélienne.
Gaza, ce lundi 14 mai. Les manifestants palestiniens fuient les tirs israéliens et les gaz lacrymogènes tirés par l’armée israélienne. REUTERS/Ibraheem Abu Mustafa

    La journée a été explosive en Israël, où l' inauguration de la nouvelle ambassade des Etats-Unis - à la veille de la célébration de la déclaration d'indépendance de l'Etat hébreu - a une nouvelle fois cristallisé les tensions avec la bande de Gaza. Dans la matinée, des milliers de Palestiniens se sont en effet massés le long de la frontière pour protester contre ce déménagement très symbolique de Tel Aviv à Jérusalem. Alors que des petits groupes ont tenté de s'attaquer à la barrière de sécurité lourdement gardée par l'armée israélienne, les soldats ont riposté aux jets de pierre par des tirs. Le bilan n'a cessé de s'alourdir au fil de la journée, tandis que les festivités s'achevaient à l'ambassade.

    Un bilan déjà lourd côté palestinien

    En fin de soirée lundi, 55 Palestiniens avaient été tués par les tirs israéliens, selon le ministère de la Santé de Gaza qui évoque notamment le décès d'un garçon de 14 ans. Il y aurait même « huit enfants de moins de 16 ans » morts, selon l'ambassadeur palestinien à l'ONU. Il y aurait par ailleurs plus de 2000 blessés, dont bon nombre avec des blessures par balle.

    Mardi matin, le ministère de la Santé de Gaza a annoncé qu'un bébé de huit mois, identifié comme la petite Leila al-Ghandour, est mort après avoir inhalé des gaz lacrymogènes durant les heurts à la frontière.

    L'armée israélienne a par ailleurs annoncé avoir mené un raid aérien contre « cinq cibles terroristes dans un camp d'entraînement militaire appartenant au Hamas » dans le nord de la bande de Gaza. « La frappe a été effectuée en réponse aux actions violentes du Hamas ces dernières heures », a précisé l'armée de l'Etat hébreu.

    Un « horrible massacre »

    L'autorité palestinienne et Mamhoud Abbas ont eux accusé Israël de commettre un « horrible massacre ». Et « l'administration américaine (à l'initiative de la décision de déménager, ndlr) est aussi responsable qu'Israël de ce massacre », a accusé le porte-parole du gouvernement turc, Bekir Bozdag, sur Twitter. Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, a même parlé de «génocide » tandis qu'en France, Emmanuel Macron a « condamné les violences des forces armées israéliennes contre les manifestants ».

    Amnesty International a également dénoncé une « violation abjecte » des droits de l'Homme.

    Ces morts portent à 109 le nombre de Palestiniens tués dans la bande de Gaza par des tirs israéliens depuis le début de la « Marche du retour », une protestation massive entamée il y a un mois et demi.

    Depuis le 30 mars, il n'y a pas un jour, ou presque, sans manifestation à la frontière entre la bande de Gaza et Israël. Ce lundi si particulier, des milliers de Palestiniens - 35 000 à Gaza — se sont rassemblés en différents points aux environs de la frontière, à Gaza, en Cisjordanie et à Jérusalem-Est.

    « L'occupation doit cesser »

    Dimanche et lundi encore, l'armée israélienne avait prévenu les habitants de Gaza par tracts distribués par les airs qu'ils exposaient leur vie en prenant part aux manifestations et qu'elle ne permettrait pas qu'on s'en prenne à la barrière frontalière, ni aux soldats ou aux civils israéliens riverains du territoire palestinien.

    « Aujourd'hui est le grand jour, celui où nous franchirons la barrière et dirons à Israël et au monde que nous n'acceptons pas d'être occupés pour toujours », avait déclaré avant les heurts Ali, un professeur de sciences à Gaza. « Beaucoup d'entre nous mourront peut-être aujourd'hui, mais le monde entendra notre message : l'occupation doit cesser », a-t-il ajouté.