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L'OM en finale : le grand défi

Photo Thierry Garro

Photo Thierry Garro

L’OM n’est pas favori face à l’Atlético de Madrid au Parc OL mais pour devenir le premier club français vainqueur de la Ligue Europa, au-delà des arguments technique et physique, les Olympiens joueront avec le cœur

Tout à l'heure, elle sera là, proche et lointaine à la fois, ouverte à toutes les convoitises comme les joyaux de la couronne à la tour de Londres. Une coupe sans grandes oreilles et même sans oreilles du tout. La soulever nécessitera donc un bel effort auquel les deux capitaines sont prêts à consentir ; avec ses 15 kg, le trophée de la Ligue Europa est le plus lourd de l'UEFA, parmi tous ceux qui sont sortis des ateliers Bertoni à Milan. Milan, joli clin d'oeil pour l'OM, même si depuis quelques années, elle a surtout été astiquée en Espagne. En Angleterre un peu aussi, au Portugal, en Russie, en Ukraine, mais plus du tout en Italie depuis 1999 et la victoire de Parme contre l'OM...

Cruel souvenir qui nous rappelle une fois de plus que l'OM va disputer ce soir sa cinquième finale européenne, la troisième dans cette compétition qu'aucun club français n'a jamais remportée, alors que l'Espagne en compte dix, dont cinq pour Séville et deux pour l'Atlético de Madrid, très logiquement favori ce soir parce que ses succès ne remontent pas aux années de la télé en noir et blanc mais à 2010 et 2012. Et que, depuis lors, les "Matelassiers" sont allés défier vainement et par deux fois le voisin du Real Madrid en finale de la Ligue des champions en 2014 et 2016. Cela situe bien les forces en présence.

On sait qui est favori. Comme Valence en 2004, Parme en 1999, Milan AC en 1993 et l'OM 1991. Ce qui prouve bien que ce n'est jamais une garantie ; d'autant que les deux dernières finales de l'OM ont été marquées par des incidents de jeu décisifs : la grosse erreur de Laurent Blanc à Moscou, l'expulsion de Barthez à Göteborg. Rien n'est donc écrit, même les meilleurs peuvent craquer et même un joueur prêt à sortir parce qu'il a mal à un genou et veut sortir, peut se muer en buteur décisif, comme Basile Boli.

Cet OM, qui a tremblé chez Domzale ou Konyaspor, n'est plus le même

Une finale n'est jamais jouée d'avance, quand bien même, après coup, on nous explique parfois pourquoi l'inéluctable s'est produit, parce qu'une fois que l'on connaît le vainqueur il est toujours plus simple d'affirmer que tout conduisait à ce verdict. Alors le charme du foot, c'est justement de dispenser de l'émotion et cette émotion vient souvent de l'inattendu. D'un but de Sakai ou de Rolando, on l'a bien vu... "Souvent, une finale ne se joue pas à grand-chose, confirme d'ailleurs Dimitri Payet. Nous avons étudié l'adversaire, nous saurons comment les prendre, il faudra être efficace. Il faudra faire vite et bien dans très peu d'espace.

C'est en partie pour cela que les supporters de l'OM veulent y croire. Cet OM, qui a tremblé chez Domzale ou Konyaspor, n'est plus le même. Il a renoncé au renoncement, s'appuie à la fois sur son caractère et ses capacités techniques, sur ses joueurs d'expérience et sur la folie, l'appétit de ceux qui découvrent. Il déjoue les pièges et se joue des écueils, notamment les nombreuses blessures qui ont transformé son printemps européen en course d'obstacles. Et en élan de sympathie, en joie populaire avant cette finale.

"Une finale, c'est un moment de plaisir, de partage, dit d'ailleurs Steve Mandanda. J'espère qu'il n'y aura pas de problème, que tout le monde profitera."

Maintenant, évidemment, en termes de caractère et de technique, l'Atlético n'est pas en reste. Et le seul Antoine Griezmann peut représenter le mélange idéal de jeunesse ambitieuse et d'expérience vite acquise qui font des Colchoneros le dauphin du Barça cette saison, devant le Real, dans une Liga à la richesse incomparable en termes de talent.Mais voilà, une finale peut avoir ce côté irrationnel, qui inhibe ou sublime une équipe, des joueurs. Et l'OM va s'efforcer de miser sur cet atout.

"Nous avons la chance de pouvoir continuer l'histoire d'amour de l'OM avec la coupe d'Europe, explique Dimitri Payet. Nous pouvons entrer dans l'histoire et laisser une trace encore plus importante. L'attente à Marseille et dans le pays est assez extraordinaire, la motivation est basée là-dessus." Le coeur, un coeur énorme. Qui ne suffirait pas s'il n'était pas mis au service du talent. Mais le grand défi de l'OM passe par là.

La coupe est à portée de mains...