Les organisations féministes ont réuni mercredi quelques centaines de manifestants à Madrid, comme à Barcelone, pour exiger du gouvernement de Mariano Rajoy qu'il finance comme prévu un vaste plan de lutte «contre la violence machiste».

Les participants étaient environ 500 dans la capitale, comme à Barcelone, deuxième ville du pays.

«Il nous manque 200 millions», ont dénoncé les porte-paroles de l'association Mouvement féministe, en tête du défilé madrilène.

En décembre, la ministre de la Santé et de l'Égalité, Dolors Montserrat, avait qualifié d'«accord historique» un Pacte contre la violence de genre signé par tous les groupes politiques et comprenant «plus de 200 mesures pour en finir avec ce fléau».

La ministre avait alors promis un milliard d'euros de plus au budget de l'État pour les cinq prochaines années.

Mais les organisations féministes assurent que les financements n'ont pas suivi et réclament pour 2018 «les 200 millions d'euros annuels prévus».

Pour Ana Rodriguez Paserio, ingénieure en télécommunications de 29 ans, cet argent doit servir notamment à la formation. «Il faut  que les femmes qui portent plainte pour harcèlement ou violences soient reçues par des gens formés à la question, parce que parfois, ceux qui les reçoivent sont plus machistes que leurs agresseurs», a-t-elle assuré.

Les syndicats Commissions ouvrières et UGT avaient relayé l'appel à manifester mais les défilés sont restés très modestes.

L'Espagne vit un renouveau du mouvement féministe, qui réclame haut et fort l'égalité réelle entre hommes et femmes. Une exceptionnelle «grève générale féministe» et des manifestations d'importance inédite y ont marqué la journée internationale des droits des femmes, le 8 mars.

«Nous nous sommes réveillées et nous n'allons plus nous taire pour que le gouvernement s'implique vraiment contre la violence de genre et pour l'égalité», a assuré une étudiante de 22 ans, Jimena Manteca, parmi les Madrilènes criant «nous ne sommes pas toutes là, il manque les assassinées».

La lutte contre la violence faite aux femmes est une cause nationale depuis des années dans le pays qui affiche un taux d'homicide inférieur à d'autres plus au nord, dont la France.

Cependant, dans cette Espagne de 46 millions d'habitants, 583 femmes ont été tuées en 10 ans par leur conjoint ou par leur ex, au cours des dix dernières années, selon les chiffres officiels.