On pensait les squatteurs aussi nuisibles qu’indiscrets. Mais au pays du soleil levant, ces spécialistes de l’occupation illégale se parent d’une discrétion toute singulière. Une stratégie payante, à en croire le cas d’un jeune homme de 20 ans qui a vécu plus de 6 mois dans la demeure d’une nonagénaire. Comme le rapporte le journal japonais Sankei News West, c’est le fils de la vieille dame qui a découvert l’intrus, somnolant à l’étage de la maison et encore paisiblement installé dans un futon. Il a même eu la délicatesse de ne pas le réveiller, préférant attendre l’arrivée des forces de l’ordre histoire de s’éviter une confrontation embarrassante.

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Si ce cas prête à sourire, il n’est pas inédit dans l’archipel nippon. Il y a une dizaine d’années, un homme y avait découvert une femme enfouie dans un de ses placards. Elle vivait, elle aussi, depuis plusieurs mois dans cette maison de la ville de Fukuoka. Sa découverte avait été précipitée par l’installation de caméras de sécurités par le célibataire de 57 ans. Il faut dire qu’après de mystérieuses disparations dans son réfrigérateur, l’homme était devenu méfiant. Ces cas de squatteurs au pas de velours pourraient s’expliquer, en partie seulement, par un contexte sociologique propre au Japon.

En 2030, un tiers des maisons japonaises seront abandonnées

Dans ce pays, plus d’un tiers de la population dépasse les 65 ans et le ménage unipersonnel est en voie de devenir le modèle le plus répandu. Aidée par la place prédominante du travail dans les mœurs japonaises, cette situation engendre un phénomène massif de solitude. D’ici peu, les squatteurs n’y auront d’ailleurs plus besoin de partager leur vie avec d’inconvenants propriétaires: en 2030, un tiers des maisons japonaises seront abandonnées, selon une étude du Ministère du Territoire rapportée par Challenges.

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8.2 millions d’habitations y sont déjà vacantes - ce qui ne représente pas moins de 14 % du parc résidentiel du pays. Le vieillissement de la population et l’économie stagnante provoqueraient cette désertion. Un quart de ces logements serait aussi inutilisable. Mal prendrait aux imprudents qui souhaiterait s’y installer: ces maisons, en très mauvais état, souffrent de nombreux accidents et inquiètent les autorités...