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Le photographe ivoirien Paul Kodjo sauvé de l’oubli

Grâce au travail de restauration entrepris par Ananias Léki Dago, 34 tirages qui racontent l’Abidjan des années 1970 viennent d’entrer au musée du Quai Branly.

Par  (contributrice Le Monde Afrique)

Publié le 17 mai 2018 à 15h10, modifié le 17 mai 2018 à 15h10

Temps de Lecture 2 min.

Soirée dansante à Abidjan dans les années 1970.

C’est un travail de mémoire important que réalise Ananias Léki Dago et que vient de soutenir le musée du Quai Branly, à Paris. Depuis dix ans, le photographe ivoirien a entrepris de sauver de la poussière et de l’oubli l’œuvre de son aîné Paul Kodjo. Né en 1939 dans la forêt du Banco, à Abidjan, d’un père ivoirien et d’une mère ghanéenne, celui qui deviendra dans les années 1960 l’un des premiers photographes de Côte d’Ivoire n’a jamais conservé ni archivé ses clichés. Tout juste avait-il abandonné au fond d’une malle quelque 30 000 négatifs qu’il a remis à Ananias Léki Dago en 2008.

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Depuis la fin de sa carrière, dans les années 1990, et son installation au Ghana – où il a grandi auprès de sa grand-mère maternelle après le décès de sa mère lorsqu’il n’avait que 5 ans –, le temps, les insectes, l’humidité ont fait leur œuvre, détériorant toujours un peu plus le souvenir du « miracle ivoirien » des années 1970. « J’ai pu sauver à peine 10 % de ce qu’il m’a confié », explique Ananias Léki Dago, qui a entrepris un long et fastidieux travail de restauration qui a fini par payer. En effet, le musée du Quai Branly, alerté par Ananias Léki Dago lui-même sur la nécessité de sauver ce patrimoine ivoirien, a fait produire le tirage de 34 photographies qu’il a acquises fin avril.

Extrait d’un roman-photo.

« Un témoignage historique et social précieux »

Formé à Abidjan et à Paris, l’ancien correspondant en France du quotidien gouvernemental Fraternité Matin a fondé sa propre agence une fois de retour au pays natal, en 1970. Titulaire d’une carte de presse, il suit le président Félix Houphouët-Boigny dans ses déplacements officiels dans un pays qui connaît des années fastes grâce au cacao, mais aussi à l’international. Il assiste aux dîners mondains, aux soirées dansantes qui rythment la nuit abidjanaise.

A l’instar de Malick Sidibé, qui arpente les fêtes de Bamako, de Philippe Koudjina Ayi à Niamey ou de Jean Depara à Kinshasa, Paul Kodjo immortalise une jeunesse qui profite d’une indépendance conquise il y a peu. « On découvre un pays, des ambiances différentes de celles du Mali photographié par Malick Sidibé, explique Ananias Léki Dago. Il y a plus de liberté dans les tenues des femmes, dans les attitudes des couples, dans la manière de danser et de tenir sa partenaire… Paul Kodjo nous offre là un témoignage historique et social précieux. »

Georges Pompidou et Félix Houphouët-Boigny en 1971, en Côte d’Ivoire.

Mais la grande originalité de l’approche de Paul Kodjo vient de son regard cinématographique – il a suivi des études au Conservatoire indépendant du cinéma français –, qu’il exerce avec finesse dans une série de clichés qu’il réalise pour les romans-photos de l’hebdomadaire Ivoire Dimanche. C’est ce qui a notamment intéressé Christine Barthe, responsable des collections photographiques au musée du Quai Branly :

« Ce sont des photographies très construites, très conventionnelles puisqu’elles doivent correspondre à des images de romans-photos. On y reconnaît des attitudes typiques de discussion, de dispute… Mais ce qui est original, c’est cet autre regard sur l’Afrique, que l’on ne retrouve pas dans les photographies de studio, puisque ces images sont souvent réalisées en extérieur, en ville. C’est un témoignage extraordinaire de ce qu’était Abidjan dans les années 1970 ; que l’on doit à Paul Kodjo, bien sûr, mais aussi à Ananias Léki Dago, sans qui ce projet n’aurait jamais pu aboutir. »

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