“Presque soixante-dix jours après le vote, les consultations sont revenues au point de départ”, commente La Repubblica. Mercredi 9 mai, Silvio Berlusconi a retiré son veto sur la formation d’un gouvernement composé par la Ligue (extrême droite) et le Mouvement 5 étoiles (M5S, antisystème). L’Italie est peut-être sortie de l’impasse politique.

L’hypothèse d’un gouvernement “politiquement neutre” choisi par le président de la République a été mise de côté et les deux forces politiques ont commencé à négocier pour créer le premier exécutif à “entièrement populiste”. Il s’agit d’une majorité dont ne font pas partie les “deux mots qui ont marqué la politique italienne au cours des 24 dernières années : le centre droit et le centre gauche”, remarque le quotidien.

“Rébellion de la petite bourgeoisie”

La Repubblica observe comment l’Italie est devenue “une sorte de laboratoire populiste”, un cas unique parmi les nations fondatrices de l’Europe Linkiesta, pour sa part, se penche sur la signification de cette expérience politique. Le journal numérique la considère comme une manifestation de “la grande rébellion de la petite-bourgeoise face à la perte de pouvoir et de richesse au cours du premier temps de la mondialisation”. Linkiesta prend en compte aussi la question méridionale, jamais résolue, et la forte “critique de la constitution européenne, de ses contraintes budgétaires, de son ingérence”. Des vrais problèmes, mais “le vote n’a pas récompensé ceux qui peuvent les résoudre, mais qui ont eu l’intelligence et le nez de les poser”.

Luigi Di Maio et Matteo Salvini – respectivement le leader du M5S et de la Ligue – sont ces jours-ci engagés dans l’élaboration d’un programme commun. Surtout, ils sont à la recherche d’un premier ministre extérieur aux deux forces politiques, qui puisse tempérer l’exécutif “à traction souverainiste”, relate Il Corriere della Sera.

En tout cas le nouveau gouvernement, et en particulier le Ministre de l’économie, devra prendre en compte les contraintes avec l’Union. “Ce sont des engagements déjà pris”, souligne La Republica, “au de-là des promesses électorales”. Sergio Mattarella trace les limites du futur gouvernement afin de “contrer les tentations nationalistes, les hypothèses de murs, les poussées antieuropéennes”. Pour ce faire, il va s’appuyer sur la constitution, sur les contraintes européennes et sur les pactes internationaux avec l’OTAN.

Pour Mattarella, le souverainisme à cette époque, bien que suggestif est irréalisable. Il l’a dit clairement dans son discours à Florence en occasion de l’inauguration de “State of The Union”. La Repubblica cite : “Tout le monde sait qu’aucun des grands défis auxquels notre continent est exposé aujourd’hui ne peut être affronté par un pays membre de l’Union, individuellement”.