Violences urbaines à Toulouse : la mère de famille voilée écope de prison ferme

Outre le délit de « dissimulation du visage », la mère de famille de 37 ans comparaissait aussi pour « rébellion, outrage et menaces de mort sur personne dépositaire de l’autorité publique ».

 Toulouse, mercredi 18 avril. De nombreuses voitures ont été brûlées par les émeutiers.
Toulouse, mercredi 18 avril. De nombreuses voitures ont été brûlées par les émeutiers. AFP/Eric Cabanis

    Des vidéos amateurs de son arrestation avaient échauffé les esprits dans le quartier du Mirail à Toulouse (Haute-Garonne). Une femme voilée, qui avait refusé de retirer son niqab lors d'un contrôle de police le 15 avril, a été condamnée jeudi par le tribunal correctionnel à six mois de prison dont trois avec sursis. Une décision de justice qui va au-delà des réquisitions du procureur qui n'a demandé que deux mois ferme.

    Son interpellation avait donné lieu à des « tirs de gaz lacrymogène pour éloigner des riverains, en présence d'enfants », rappelle France 3 Occitanie. Après s'être débattue et rebellée -selon la police-, elle avait été plaquée au sol puis menottée. Cette arrestation est l'une des raisons évoquées pour expliquer les échauffourées de la mi-avril au Mirail. Avec les décès de deux détenus dans la prison de Seysses, au sud de la ville, le cocktail était devenu explosif. Autant de « prétextes pour s'en prendre à la police », avance le responsable d'une association de quartier cité par France 3, estimant que les trafiquants de drogue sont derrière ces violences. Quoi qu'il en soit pendant plusieurs nuits des jeunes gens s'en étaient pris aux forces de l'ordre et ont brûlé des voitures.

    Ce jeudi, la prévenue, qui a immédiatement fait appel de sa condamnation, était jugée pour « dissimulation du visage dans un espace public ». Elle comparaissait aussi pour « rébellion, outrage et menaces de mort sur personne dépositaire de l'autorité publique ». Le tribunal a assorti sa peine d'une amende de 100 euros et de 500 euros de dommages et intérêts à chacun des deux policiers parties civiles.

    « Des éléments n'ont pas été pris en compte »

    De son côté, l'avocat de la jeune femme, Me Samim Bolaky, avait demandé un supplément d'informations. « Nous estimons que des éléments n'ont pas été pris en compte » dans cette affaire.

    Au téléphone avec France 3 Occitanie, dix jours après son interpellation, la mère de famille de 37 ans avait nié porter le niqab. Une vidéo amateur mise en ligne semblait montrer que son visage est apparent. Elle avait précisé à la chaîne régionale qu'elle n'a pas refusé de se soumettre à un contrôle d'identité. Elle accusait par ailleurs les policiers de l'avoir injuriée pendant son transport vers le commissariat.

    « Traînée par les pieds »

    L'avocat a fait constater par huissier des vidéos de cette interpellation. Selon lui, sa cliente « a été traînée par les pieds dans le fourgon de police », alors que les policiers, contre lesquels une plainte a été déposée selon Me Bolaky, « ont indiqué qu'ils l'avaient portée ».

    « Je suis extrêmement en colère vu que je n'ai jamais été condamnée, j'ai un casier judiciaire vierge. Je suis pointée du doigt par rapport à mon voile qui demeure et reste une liberté de pratique du culte religieux », a réagi cette femme au micro de France 3.