Automobile : la prime à la conversion favorise l’achat… d’un diesel !

C’est le paradoxe de la prime mise en place par Nicolas Hulot : elle est calculée en fonction des rejets de CO2 de votre véhicule. Un calcul qui pénalise au premier rang les véhicules essence.

 Des scientifiques demandent d’exclure les véhicules diesel dans l’attribution de la prime à la conversion.
Des scientifiques demandent d’exclure les véhicules diesel dans l’attribution de la prime à la conversion. LP/Frédéric Dugit

    C'est tout le paradoxe que pointe 40 millions d'automobilistes, l'association de défense des usagers de la route. « Alors que la prime à la conversion vise à acheter un véhicule propre et fait suite à une forte politique anti-diesel, elle nous pousse en fait… à acheter du diesel! » s'étonne encore Lætitia Hooghiemstra, secrétaire générale de l'association.

    En cause, la condition d'émission de C02 qui doit être inférieure ou égale à 130 gr/km. « Les voitures essence émettent davantage de CO2 que les diesels. Donc, paradoxalement, si l'on veut acheter une essence qui émet moins de 130 g, le choix est très restreint. Alors qu'il est beaucoup plus riche pour les diesels ! »

    Pour l'association, cette prime à la conversion « partait d'une bonne intention ». « Enfin, on peut bénéficier d'une aide si on achète une occasion. Mais, au final, ça coûte encore très cher de laisser tomber un diesel. »

    Des chercheurs et médecins lancent un appel

    Cette incohérence est d'ailleurs pointée par des chercheurs et des médecins franciliens*, qui lancent un appel pour modifier les conditions d'attribution de la prime à la conversion et de la classification Crit'Air. « Cette mesure est incohérente et contradictoire avec l'impérieuse nécessité d'améliorer la qualité de l'air lorsque l'on connaît la particulière nocivité des moteurs diesel et de l'inefficacité du filtre à particules », estiment-ils.

    Les scientifiques demandent d'exclure les véhicules diesel dans l'attribution de la prime à la conversion, de les classer Crit'Air 3 et de tenir compte des émissions en condition réelles et non au banc d'essai. « Par ailleurs, le calcul du CO2 qui favorise le diesel ne doit plus être le seul indicateur. Il doit être assorti de la mesure du NO2 (NDLR : dioxyde d'azote), particulièrement nocif. » Le NO2 est émis principalement par les véhicules diesel et reste la pollution la plus préoccupante en Île-de-France. Plus d'1,3 millions de Franciliens y sont exposés.

    *Guillaume Muller, association Val-de-Marne en transition ; Jean-Baptiste Renard, directeur de recherche au LPC2E-CNRS à Orléans ; Olivier Blond, président de l'association Respire ; Pierre Souvet, médecin cardiologue, président de l'ASEF ; Florence Trébuchon, médecin allergologue ; Thomas Bourdrel, médecin radiologue, collectif Strasbourgrespire ; Gilles Dixsaut, président du Comité francilien contre les maladies respiratoires.