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La Chine espère tirer son épingle du jeu en Iran

Pékin n'a pas attendu l'accord de 2015 pour nouer des relations économiques importantes avec l'Iran et pourrait profiter du départ des entreprises occidentales.

Par Frédéric Schaeffer

Publié le 17 mai 2018 à 16:31

Aucun président chinois n'avait fait le déplacement depuis quatorze ans. En janvier 2016, Xi Jinping foule le sol iranien pour une visite que son homologue Hassan Rohani s'empresse de qualifier d'« historique » et ouvrant « une nouvelle page » dans les relations entre les deux pays. La visite est hautement symbolique : elle intervient une semaine après le début de la mise en oeuvre de l'accord sur le nucléaire conclu entre l'Iran et les grandes puissances, dont la Chine.

« Pour le président chinois, cette visite avait principalement pour but de montrer que la Chine n'entendait pas céder des parts de marché en Iran, là où d'autre pays voyaient dans la levée de l'embargo l'occasion d'y établir rapidement de nouveaux partenariats économiques », explique Alice Ekman, responsable des activités Chine à l'Ifri.

Deux ans plus tard, le retrait américain de l'accord pourrait bien constituer une aubaine pour les entreprises chinoises alors que les Européens s'arrachent les cheveux pour préserver les relations économiques tissées avec l'Iran depuis l'accord. Total est en passe de se retirer de son projet de développement d'un champ gazier ? « Dans ce cas, la société chinoise CNPC remplacera Total et prendra ses parts », a immédiatement réagi Téhéran. En Chine, le groupe pétrolier n'a pas souhaité réagir. Mais Pékin a beau « regretter » le retrait américain de l'accord (l'occasion est trop belle de montrer au reste du monde que la Chine sait, elle, respecter ses engagements internationaux), le régime communiste assure vouloir maintenir « des relations économiques et commerciales normales » avec l'Iran.

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Relations anciennes

La Chine n'a pas attendu l'accord de 2015 pour nouer des relations économiques importantes avec l'Iran. Dans les années quatre-vingt-dix, elle s'est rapprochée de régimes avec lesquels les pays occidentaux n'échangeaient plus, ou seulement très peu, comme le Venezuela et l'Iran. Pendant la période des sanctions, le Parti communiste chinois a également joué un rôle clé dans la sécurité du régime des mollahs, lui fournissant armes et technologies nucléaires.

Assoiffée d'hydrocarbures, la Chine est le premier partenaire commercial de l'Iran depuis plusieurs années, avec des échanges entre les deux pays de 37 milliards de dollars en 2017 (31 milliards d'euros). Cinquième fournisseur de pétrole de la Chine (où il exporte le quart de sa production) « l'Iran est aussi un centre logistique et de transport important entre la Chine et l'Europe dans le cadre du projet des routes de la soie », poursuit Alice Ekman, tout en rappelant que les initiatives économiques et diplomatiques de la Chine dans la région ne se limitent pas à l'Iran.

Peur des sanctions

Pour de nombreux experts, le retrait des entreprises européennes et américaines d'Iran serait autant d'opportunités potentielles pour les concurrentes chinoises. Mais, même moins présentes sur le sol américain, « les entreprises chinoises pourraient, elles aussi, avoir peur des lourdes sanctions américaines », nuance Lio Shaoxian, professeur de relations internationales à l'Université du Ningxia. L'exemple de l 'équipementier télécoms ZTE, dont la survie est aujourd'hui menacée par une sanction de Washington après qu'il a violé l'embargo américain sur l'Iran, est dans toutes les têtes et vécu comme un traumatisme en Chine.

Frédéric Schaeffer (Correspondant à Pékin)

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