Gérard Jouannest : "Pour bien accompagner, il faut aimer l’artiste"

Jacques Brel enregistre une chanson accompagné au piano par Gérard Jouannest (gche) dans un studio à Paris le 22 février 1961 ©AFP - UPI
Jacques Brel enregistre une chanson accompagné au piano par Gérard Jouannest (gche) dans un studio à Paris le 22 février 1961 ©AFP - UPI
Jacques Brel enregistre une chanson accompagné au piano par Gérard Jouannest (gche) dans un studio à Paris le 22 février 1961 ©AFP - UPI
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On peut avoir été et être un pilier de la chanson contemporaine, avoir été pianiste de Brel et aujourd'hui de Juliette Gréco et être Premier Prix de Piano du Conservatoire, élève de la grande Yvonne Lefébure, et avoir passé son temps à accompagner des chansons.

Avec
  • Gérard Jouannest Compositeur, pianiste

On a appris la mort le 16 mai 2018 de Gérard Jouannest, pianiste qui accompagna Jacques Brel et Juliette Greco. A l'occasion de la parution de sa biographie (De Brel à Gréco, par Angela Clouzet, chez Albin Michel), Hélène Hazéra recevait en 2009 ce musicien passé avec armes et bagages à la chanson populaire, pour l'anoblir. 

Un musicien qui vient du classique apporte une base harmonique. Si c’est un pianiste, de la technique. Moi, au départ, je ne pensais pas du tout faire ça. Je pensais qu’au départ trouver un thème allait de soi, comme du Ravel, du Debussy. Pour moi, la chanson ce n’était pas grand chose.

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Pour cette émission, Gérard Jouannest nous fait un joli cadeau : un piano l'attendait et il nous a interprété plusieurs des mélodies qu'il a composées pour Brel, pour Gréco. Lui, seul au piano, ce qu'il n'avait jamais fait. Une émission exceptionnelle.

La première chanson déposée à la Sacem

La chanson « On oublie rien », chantée par Brel, est la première que j’ai déposée à la Sacem. Et la première que j’ai montrée à Juliette, avec Brel d’ailleurs, qui était avec moi quand on est passé chez elle. Il l’a chanté et moi j'étais au piano.

Les débuts et la notion d'"accompagnement"

J’ai commencé tout seul au piano avec Brel, pendant un an. Quand on faisait une radio, on prenait le batteur ou le bassiste qui était sur place. J’ai accompagné d’autres personnes que Jacques Brel et Juliette Gréco, mais il n’y avait pas le plaisir. Ce n’était pas vraiment de l’accompagnement. L’accompagnement qui entraîne, cela vient de l’artiste : plus on a envie d’être avec, plus la force des accords, de la rythmique s’enchaînent.  Pour bien accompagner, il faut aimer l’artiste.

Comment est né "Ne me quitte pas"

Pour "Ne me quitte pas", Jacques (Brel) ne trouvait pas le système pour l’écrire. C’est lui qui avait fait le départ à la guitare. J'ai participé après au piano. Mais je n’ai pas signé la chanson. On pensait que c’était un truc qui durerait un an ou deux et puis c’est tout. On ne se doutait pas de l’importance que la chanson aurait quelques années après. Au fur et à mesure que l’on fait des chansons, on ne peut pas savoir ce que ça va faire. "Ne me quitte pas", au début, ne marchait pas tellement. Au bout de quelques années, Brel ne l’a plus chantée. Mais quand il est mort des artistes comme Nina Simone ont repris sa chanson, et puis c’est devenu un succès mondial. Il y a des mystères complets. A l’époque de Brel, c’était "La valse à mille temps" qui marchait bien. Maintenant, on n’en entend plus parler.

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