Le Parlement bavarois a adopté une loi controversée mardi 15 mai : proposée par la Christlich-Soziale Union (CSU), le parti conservateur de Bavière, le texte accorde de nouveaux droits à la police. Elle est désormais autorisée à agir de manière préventive, dès qu’est constatée la menace d’un “danger imminent”. Elle pourra mettre des suspects sur écoute ou fouiller leurs disques durs, sans cadre juridique spécifique.
Les mesures du texte de loi dépassent celles prévues en cas de terrorisme et avaient suscité l’indignation dès leur proposition : 30 000 personnes sont descendues dans les rues de Munich le 10 mai dernier pour s’y opposer. La Cour constitutionnelle devrait par ailleurs être saisie par les Verts et le SPD.
Pour la Süddeutsche Zeitung, la Bavière, en dotant la police de “presque tous les pouvoirs”, commet une erreur : “Elle autorise ce qu’il y a plus dangereux et de plus absurde à la police, sans offrir aucune protection contre les excès.”
“A-t-on vraiment le droit de s’en prendre de façon bien plus sévère et exhaustive aux gens qui ne sont pas encore des délinquants qu’à ceux qui le sont, avec tous les risques que cela implique, dont celui de s’en prendre à quelqu’un d’innocent et qui ne présente aucun danger ?” s’interroge le journal de Munich.
Cette loi est “d’une ‘pré-prévention’ néfaste, dangereuse, répressive, qui menace les citoyens”, s’indigne le quotidien, qui conclut : “Cela va trop loin.”
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