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Tribune

Start-up mania : la gabegie d’argent public doit cesser

LE CERCLE/HUMEUR - La frénésie ambiante autour des start-up occulte une politique publique dispendieuse qui semble loin d’être pertinente.

Start-up mania : la gabegie d’argent public doit cesser

Par Collectif La Fontaine (rassemblement d'entrepreneurs et de dirigeants français)

Publié le 17 mai 2018 à 11:10

L’engouement autour des start-up n’a jamais été aussi fort en France. Une révolution entrepreneuriale serait menée par les jeunes esprits de notre nation, épaulés par l’Etat, les fonds d’investissement et les grandes entreprises.

Pourtant, l’écosystème des start-up s’apparente à bien des égards à une bulle perfusée par des milliards d’euro d’argent public. Cette situation a des chances de durer car pour ses nombreuses victimes, la spoliation est relativement invisible et pratiquée avec les meilleures intentions.

Et l'exigence de rentabilité ?

Les start-up sont typiquement fondées par des diplômés d’écoles de commerce ayant passé quelques années en grande entreprise. Nombre d’entre eux, en négociant des ruptures conventionnelles, s’assurent un revenu convenable afin de rendre le changement du monde plus agréable. La frugalité des débuts n’est plus qu’un mythe : avant même de générer un euro de bénéfice, les start-up d’aujourd’hui recrutent des «chief happiness officers» et investissent les plus beaux locaux de Paris.

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La start-up qui grandit trouvera en effet sans mal des capitaux prêts à l’accompagner : les fonds de capital-risque ont levé trop d’argent ces dernières années et doivent impérativement l’injecter. Les institutionnels ont consenti à relâcher l’exigence de rentabilité sur une fraction de leurs capitaux pour investir dans ce qui «fait rêver».

Or cet investissement coûte en définitive à quelqu’un : l’épargnant ayant souscrit à une assurance vie dont la rentabilité sera érodée, le contribuable qui devra pallier le manque à gagner pour l’Etat lié aux fonds de défiscalisation à l’efficacité douteuse, le salarié dont les cotisations sociales vont financer le train de vie d’un startupper se faisant plaisir avec un projet à l’espérance de gain faible.

Deniers publics

Outre l’utilisation dévoyée des mécanismes d’indemnisation du chômage et de défiscalisation auxquels recourent particuliers et fonds spécialisés, la «startupsphère» profite abondamment des deniers publics à travers la BPI, qui structure singulièrement l’écosystème parisien.

Le secteur public est ainsi devenu le principal agent du financement du capital-investissement en France, devant les compagnies d’assurance. Avec un bilan médiocre : sur 5 ans, la performance annualisée du capital-innovation se limite à 5%, soit trois fois moins que la bourse malgré un soutien public massif. La faiblesse du couple rendement-risque de l’investissement dans les startups invite à s’interroger sur la discipline de gestion des fonds de capital-risque et sur la valeur économique des innovations générées par cet écosystème.

On nous rétorquera que c’est pour la bonne cause. Mais à l’inverse, les entreprises françaises ne se dispenseraient-elles pas avec profit du surplus de cotisations et d’impôts actuellement déployés pour soutenir l’écosystème startups ? L’innovation ne bénéficierait-elle pas de davantage de moyens alloués aux structures de recherche fondamentale ? Le manque d’évaluation dans l’efficacité de la dépense publique est patent.

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Il n’est pas avéré que des entreprises abreuvées dès leur création aux injections de capitaux publics vont se muer en leaders mondiaux. Amazon, Alibaba ou Tencent n’ont jamais tapé à la porte du Trésor américain ou chinois. Mais dans le nouveau paradigme entrepreneurial, le succès se mesure à l’aune des montants levés au nom de « l’innovation » plutôt que des résultats ou brevets engendrés.

Le développement entrepreneurial mérite certainement d’être encouragé, mais la gabegie d’argent public doit cesser. Or les parties prenantes de l’écosystème startup n’ont aucun intérêt à encourager une prise de conscience. C’est au contribuable d’exiger une rationalisation du financement public de l’innovation.

Collectif La Fontaine, rassemblement d'entrepreneurs et de dirigeants français

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