Venezuela : Maduro réélu jusqu’en 2025 après un scrutin boycotté par l’opposition

Le taux de participation d’environ 46 % est le plus faible de l’histoire du pays et le scrutin a été déclaré illégitime par l’opposition qui a dénoncé des pressions sur les électeurs.

 Venezuela le 20 mai 2018. Le président Nicolas Maduro accompagné de son épouse Cilia Flores salue ses partisans après sa réélection à la tête du pays.
Venezuela le 20 mai 2018. Le président Nicolas Maduro accompagné de son épouse Cilia Flores salue ses partisans après sa réélection à la tête du pays. AFP/ Juan BARRETO

    Le président vénézuélien Nicolas Maduro a été réélu dimanche jusqu'en 2025, lors d'un scrutin déclaré illégitime par ses opposants, qui dénoncent des pressions sur les électeurs et exigent un nouveau vote.

    Après le dépouillement de la quasi-totalité des bulletins de vote, le président socialiste sortant remporte 67,7 % des voix, contre 21,2 % à son principal adversaire Henri Falcon, a annoncé la présidente du Conseil national électoral (CNE) Tibisay Lucena, faisant état d'une « tendance irréversible ».

    Quelque 20 millions d'électeurs étaient appelés aux urnes, et selon le décompte de la commission électorale, sur 8.603.936 de votes, Nicolas Maduro a obtenu 5.823.728 suffrages. Le taux de participation d'environ 46 % est le plus faible de l'histoire du pays.

    Lors des dernières élections présidentielles en 2013, où Maduro s'était mesuré à l'opposition réunie autour d'Henrique Capriles, le taux de participation avait été de 79,69%.

    S'exprimant devant ses sympathisants, dimanche, Nicolas Maduro s'est pourtant réjoui d'un « record historique ». « Jamais auparavant un candidat présidentiel n'avait gagné avec 68 % des voix du peuple, et jamais auparavant il n'avait 47 points d'avance sur le second candidat », a-t-il déclaré devant la foule réunie devant le palais de Miraflores.

    « On a encore gagné ! Nous avons encore triomphé ! Nous sommes la force de l'histoire transformée en une victoire populaire permanente », a ajouté le président réélu qui doit débuter son nouveau mandat de six ans en janvier 2019.

    L'opposition exige un nouveau vote

    Peu avant les résultats officiels, l'opposant Henri Falcon a rejeté ce scrutin présidentiel, faute de « légitimité », et exigé la tenue d'une nouvelle élection avant la fin de l'année.

    « Nous ne reconnaissons pas ce processus électoral, pour nous, il n'y a pas eu d'élection. Une nouvelle élection doit être organisée au Venezuela », a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse, accusant le gouvernement d'avoir fait pression sur les électeurs.

    L'adversaire de Nicolas Maduro a pointé du doigt les « points rouges », ces tentes installées par le PSUV, le parti au pouvoir. Après avoir voté, les électeurs sont venus s'y inscrire dimanche dans l'espoir de recevoir la prime promise par le président.

    Dissident du chavisme, la doctrine politique créée par Hugo Chavez, prédécesseur de Nicolas Maduro de 1999 à 2013, Henri Falcon, 56 ans, s'était présenté en quittant la coalition d'opposition (MUD), qui boycotte le scrutin qu'elle qualifie de « fraude » depuis des mois.

    Un pays plongé dans une crise aiguë

    L'autre candidat de l'opposition, le pasteur évangélique Javier Bertucci, 48 ans, a également dénoncé l'élection quelques minutes après et appelé à un nouveau vote.

    Outre l'opposition, les Etats-Unis, l'Union européenne et le groupe de Lima, alliance de 14 pays d'Amérique et des Caraïbes, rejettent ce scrutin.

    Nicolas Maduro était le grand favori de cette élection anticipée, bien que 75 % des Vénézuéliens désapprouvent sa gestion, lassés par les pénuries de nourriture, de médicaments, ou d'électricité, conjuguées à la hausse de l'insécurité.

    Le tout avec un salaire minimum mensuel qui permet à peine d'acheter un kilo de lait en poudre. Des centaines de milliers de personnes ont préféré quitter le pays.

    Touché par l'effondrement des cours du brut depuis 2014, le Venezuela, qui tire 96 % de ses revenus du pétrole, souffre d'un manque de devises qui l'a plongé dans une crise aiguë. En cinq ans le PIB a fondu de 45 % selon le FMI, qui anticipe une contraction de 15 % en 2018 et une inflation de 13.800 %.