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Pandémie : la plus grande menace pour l’humanité vient de virus peu mortels

Publié le 11 Jan 2021 à 15H27 Modifié le 30 décembre 2022
Le rhinovirus

L'alerte avait déjà été lancée en 2018 par un rapport aux allures de prémonition, maintenant qu'un banal coronavirus fait vaciller le monde entier : contrairement aux idées reçues, ce sont bien les virus du rhume ou d'affections respiratoires légères qui présentent un risque réel de déclencher une pandémie mondiale - et pas les virus très mortels comme Ebola. C'est pourquoi les variants du covid-19 détectés au Royaume-Uni et en Afrique du Sud, plus contagieux sans être à priori plus mortels, inquiètent.

Retrouvez tous nos articles et enquêtes sur le covid-19 ici.

Nous republions ici un article initialement paru le 17 mai 2018 sur notre site, titré à l’origine : « Pandémie : la plus grande menace pour l’humanité vient de virus peu mortels ».

Une nouvelle étude sur le risque de pandémie globale, menée par le Johns Hopkins Center for Health Security (Baltimore), est arrivée à une étrange conclusion : c’est le rhume – et toutes ces maladies virales peu mortifères s’attaquant au système respiratoire – qui pourrait avoir raison de notre civilisation.

A force de se focaliser sur les virus à haut taux de mortalité comme Ebola ou Zika, pointe le rapport, on risque de passer à côté du véritable danger présenté par ces pathologies « secondaires » mais potentiellement pandémiques (à la faveur de quelques mutations). Le diable niche dans les détails…

Pandémiques et peu mortels

En substance, le rapport casse l’idée reçue que le risque pandémique serait le fait de virus à haut taux de mortalité : outre que leur apparition déclenche en général un branle-bas de combat sanitaire, leur taux de mortalité élevé joue contre eux, conduisant naturellement à l’extinction avant le stade pandémique (par la mort des hôtes).

Au contraire, dit le rapport, les virus qui nous assaillent en hiver (rhinovirus, entérovirus, virus respiratoire syncytial) présentent un potentiel pandémique inouï, même s’ils sont très peu mortels.

L’exemple de la grippe espagnole

Les auteurs soulignent en effet que pour déstabiliser les gouvernements, l’économie, les sociétés, etc., la mortalité importe moins qu’un taux très élevé de personnes malades en même temps. De plus, un virus peu mortel mais extrêmement contagieux, notamment par la voie des airs, peut au final provoquer une hécatombe.

La preuve : la grippe espagnole (H1N1) qui a sévi entre 1918 et 1919 n’avait un taux de mortalité que de 2,5 %. Néanmoins sa « volatilité » a permis la contagion de centaines de millions d’individus dans le monde, conduisant à plus de 50 millions de morts.

Portrait-robot du microbe à pandémie

Pour arriver à cette conclusion sur les virus de type rhume, les chercheurs ont consulté quelque 120 spécialistes mondiaux et épluché l’ensemble des publications médicales sur les micro-organismes potentiellement pathogènes : bactéries, champignons, prions, virus, protozoaires, etc. Ils ont alors dressé le profil-type d’un futur microbe à pandémie.

Ainsi, outre sa capacité à se transmettre par l’air, il doit d’abord être contagieux pendant une période d’incubation asymptomatique ou avec des symptômes légers, et peut avoir un taux de mortalité faible (mais significatif). Ensuite, les humains ne doivent pas être immunisés contre lui (en majorité) et il ne doit pas exister de traitement (direct) ni de méthode de prévention.

Enfin, ce doit être un micro-organisme qui mute facilement, pour acquérir sa capacité pandémique. Ce profil est le portrait-robot des virus à ARN dont font partie ceux du rhume, des affections respiratoires, de la grippe…et du covid-19 !

Changer de stratégie au plus vite !

Le rapport attire surtout l’attention sur une erreur de stratégie dans la lutte contre les épidémies : la focalisation des autorités sur quelques virus à ARN « vedettes » ayant déjà provoqué des crises dans le passé (SRAS, mais aussi grippe saisonnière) sans s’intéresser à ceux qui ne se sont pas fait remarquer outre-mesure.

Ils préconisent ainsi d’étendre les efforts en recherche et en santé publique faits pour la grippe à l’ensemble de ces autres virus… au risque sinon d’être pris au dépourvu quand toute la Planète s’enrhumera.

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