Dimanche 20 mai, Steven Mnuchin, le secrétaire au Trésor américain, a confirmé sur Fox News ce qu’un communiqué avait annoncé la veille : les Etats-Unis et la Chine ont trouvé un accord provisoire sur les tarifs douaniers. “Après des semaines de tensions”, les deux pays “ont conclu un cessez-le-feu”, résume CNN“Les remarques de Mnuchin vont soulager les investisseurs”, commente Bloomberg.

La Chine a accepté d’acheter plus de produits américains (dans les secteurs de l’énergie, de l’agriculture et de l’automobile en particulier) pour réduire le déficit de la balance commerciale entre les deux géants de l’économie mondiale (375 milliards de dollars en 2017). Mais d’après le Wall Street Journal, elle a refusé de s’engager sur un chiffre précis.

L’administration Trump voudrait que la Chine achète l’équivalent de 200 milliards de dollars de marchandises américaines par an. “Un total que de nombreux économistes considèrent impossible à atteindre”, précise le Washington Post.

Le quotidien de la capitale fait remarquer que “certains supporteurs de Trump se demandent déjà si l’administration a cédé dans sa confrontation avec le Chine”, citant un tweet de Dan DiMicco, ancien patron du géant de l’acier Nucor, pour qui “ça ne suffit pas”.

DiMicco n’est qu’un exemple de ce que le Financial Times décrit comme “des réactions de colère chez les tenants d’une ligne dure dans les deux camps”. Le journal financier revient notamment sur le photomontage circulant sur les réseaux sociaux chinois comparant le négociateur Liu He aux officiels de la dynastie Qing rendant les armes après la révolte des Boxers en 1901.

La Corée du Nord comme facteur de négociation ?

La priorité de He à Washington, rapporte le Financial Times, était d’obtenir des garanties pour ZTE. La société chinoise de télécoms est accusée d’avoir traité avec l’Iran et la Corée du Nord. Des sanctions américaines mettent en péril son existence et l’emploi de 70 000 salariés. Or, Donald Trump a annoncé réfléchir à ces sanctions. Pour inviter la Chine à revoir en échange sa politique douanière sur l’agriculture américaine, dans laquelle travaillent nombre des électeurs du président américain ?

Aux yeux d’Eswar Prasad, un économiste de Cornell University interrogé par la chaîne publique PBS, le sommet du 12 juin entre Trump et Kim Jong-un pèse également dans les négociations alors que Xi Jinping est le principal allié du leader nord-coréen. La Maison Blanche “semble disposée à obtenir au minimum une paix temporaire avec la Chine pour que tout se passe sans accroc jusqu’au sommet”, estime le professeur.

Trump n’est “pas soudainement devenu un champion du libre-échange”, écrit le South China Morning Post. “Ses yeux sont braqués sur le prix Nobel. Toutes les concessions que peut faire Trump ont à voir avec la cérémonie d’Oslo. Plus Xi aide Trump dans le processus de détente avec la Corée du Nord, plus Washington paraît conciliant sur les échanges commerciaux”, analyse le quotidien hong-kongais.